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Liban - Éclairage

De nouveaux arguments viennent nourrir le différend Berry-Aoun

L'une des spécificités du document d'entente nationale convenu à Taëf, par rapport à d'autres Constitutions, est qu'il prévoit explicitement « la coopération des pouvoirs » et non seulement leur séparation.

Au nom de cette recommandation, des cercles proches de la présidence s'étonnent du fait que le président de la Chambre, Nabih Berry, sous prétexte de sécurité, s'abstienne de respecter la coutume de la visite hebdomadaire traditionnelle du président de la Chambre au président de la République, avant chaque Conseil des ministres. À cette tradition, aucun des prédécesseurs de M. Berry, que ce soit Hussein Husseini ou Kamel el-Assaad, n'ont jamais manqué.

De même, ces cercles s'étonnent du fait que certains responsables politiques, comme le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, mais pas exclusivement lui, se rendent occasionnellement à Damas, mais ne songent jamais à se rendre à Baabda, un « éloignement » physique qui s'est accompagné d'une désaffection politique.

Pour les sources citées, le désaccord sur le décret de promotion des officiers n'aurait jamais éclaté si M. Berry avait respecté la coutume de se rendre régulièrement à Baabda. Mais, selon ces sources, la froideur qui marque la relation entre le président de la République et celui de la Chambre revient aussi à un ensemble de facteurs, dont certains sont personnels, d'autres proprement politiques.

 

(Lire aussi : Promotion de 1994 : fin officieuse de la médiation de Hariri)

 

Ainsi, dans la perspective des législatives de mai 2018, le mouvement Amal souhaite savoir dès à présent à quoi s'en tenir et dans quelles régions il peut compter sur une alliance avec le CPL. Il est particulièrement inquiet de constater qu'à Jezzine, le CPL n'a toujours pas fait connaître ses choix.

Mais on estime qu'au-delà de cette question de détail, le tandem chiite, et en particulier le mouvement Amal, veut renouer avec la pratique de la troïka du pouvoir, en vigueur au temps du président Élias Hraoui. En fait, estiment des sources loyalistes, M. Berry se méfie de l'entente que semblent avoir conclue le CPL chrétien et le courant du Futur sunnite. Pour lui, cette alliance aboutit nécessairement à la marginalisation du rôle de la communauté chiite dans l'exercice du pouvoir.

En outre, toujours dans la perspective des législatives, M. Berry cherche par tous les moyens à se réserver la présidence de la Chambre qui sera élue en mai prochain, parfaitement conscient du fait que M. Aoun pourrait chercher à l'en écarter, ayant déjà déclaré publiquement que « son mandat commencera après les prochaines élections et sera un mandat de changement et de réforme »...

La crise qui oppose depuis quelques semaines les présidents de la République et de la Chambre prouve amplement la nécessité pour les deux hommes de coopérer, comme le veut la Constitution, et la difficulté de le faire en raison des incompatibilités entre les deux hommes et de leurs intérêts divergents. Sans compter le rôle de spectateur passif que le Hezbollah, leur allié commun, joue dans cette affaire, dans l'espoir de préserver des alliances qui lui sont toutes deux nécessaires.

 

(Lire aussi : Législatives : les « mégacentres » de vote ne passent toujours pas)

 

À ces considérations s'ajoute la question lancinante du sort final du portefeuille des Finances au sein du prochain gouvernement. À de multiples reprises, le président de la Chambre a affirmé que l'accord de Taëf ne dit nulle part qu'un ministère doit être réservé à une communauté particulière.

Fortes de cette affirmation, des personnalités politiques, tout en réclamant que les procès-verbaux des réunions de Taëf, que le président Hussein Husseini garde jalousement par devers lui, soient publiés, précisent que ce qui domine cet accord est le principe de la parité musulmans-chrétiens, indépendamment de la diversité communautaire qui existe à l'intérieur de chacune des deux grandes religions.

Partant, ces personnalités réclament le respect scrupuleux de cet accord et rappellent que si la présidence de la Chambre revient à un chiite, l'exercice de cette fonction par M. Berry s'accompagne d'une telle autonomie que cette présidence s'est transformée en une chasse gardée. Et d'ajouter que, contrairement à la présidence de la République ou celle du Conseil, la présidence de la Chambre n'est soumise ni au contrôle de l'Inspection centrale ni à aucun autre organisme de contrôle administratif ou financier, et que le principe de la parité communautaire en est totalement absent.

Pour les sources citées, la publication des procès-verbaux de Taëf doit donc aider le chef de l'État à comprendre ce qui s'y est passé, comme à conduire le dialogue national s'il décide de le relancer sur de nouvelles bases. Ces documents, concluent ces sources, sont propriété de l'État libanais, et non d'une personne, mais doivent être archivés de façon à pouvoir servir de références à tous sans exception.

 

 

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L'une des spécificités du document d'entente nationale convenu à Taëf, par rapport à d'autres Constitutions, est qu'il prévoit explicitement « la coopération des pouvoirs » et non seulement leur séparation.
Au nom de cette recommandation, des cercles proches de la présidence s'étonnent du fait que le président de la Chambre, Nabih Berry, sous prétexte de sécurité, s'abstienne...

commentaires (3)

Non mais...vraiment hilarant! Pas d'autres soucis au Liban? Tout va bien? Le Hezb est bien implante???

IMB a SPO

20 h 00, le 10 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • Non mais...vraiment hilarant! Pas d'autres soucis au Liban? Tout va bien? Le Hezb est bien implante???

    IMB a SPO

    20 h 00, le 10 janvier 2018

  • au fait, hussein husseini a t il le droit de garder pour lui les proces-verbaux de taef ? Jreissati y pourrait il faire qq chose?

    Gaby SIOUFI

    10 h 15, le 10 janvier 2018

  • PAS BESOIN D,ARGUMENTS... ILS EN CREENT... LA HAINE ENTRE LE COQ ET GOUPIL EST TELLE QUE TOUS LES FROMAGES SONT DES RAISONS D,ANEMOSITE, D,INIMITIE ET DE BATAILLE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 11, le 10 janvier 2018

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