Le prince héritier saoudien, Mohammad Ben Salmane (c.), entouré des membres de la coalition islamique anti-terroriste, le 26 novembre 2017 à Riyad. Photo REUTERS/Faisal Al Nasser
L'Arabie saoudite a lancé dimanche une coalition antiterroriste de 40 pays musulmans à dominante sunnite, en promettant une lutte implacable contre les groupes extrémistes jusqu'à leur "disparition de la terre".
L'homme fort d'Arabie saoudite, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a ouvert à Riyad une réunion des ministres de la Défense de ces pays d'Asie et d'Afrique, dont le Pakistan, la Turquie et le Nigeria, marquant le lancement de cette coalition.
Il a souhaité une "coordination forte, excellente et spéciale" entre ses membres contre les groupes extrémistes.
"Notre réunion est très importante car ces dernières années les organisations (terroristes) agissaient dans nos pays sans qu'il y ait de coordination" pour les contrer, a dit le prince héritier saoudien.
"Cet état de fait prend fin aujourd'hui car plus de 40 pays envoient un signal très fort consistant à dire que nous allons travailler ensemble et que nous allons mettre ensemble nos capacités militaires, financières, politiques et de renseignement", a-t-il souligné.
"Cela se fera à partir d'aujourd'hui et chaque pays va y contribuer à hauteur de ses capacités".
Le prince saoudien a exprimé à l'occasion la solidarité des participants avec l'Egypte où un attentat contre une mosquée a fait vendredi 305 morts. "C'est un évènement très douloureux qui vient nous rappeler les dangers du terrorisme et de l'extrémisme", a-t-il déclaré.
"Nous allons nous tenir aux côtés de l'Egypte et de tous les pays du monde qui combattent le terrorisme et l'extrémisme", a poursuivi le prince saoudien.
'Image déformée de l'islam'
"Plus que le meurtre d'innocents et la propagation de la haine, le terrorisme et l'extrémisme déforment l'image de notre religion", a encore souligné le jeune prince saoudien qui se fait le champion d'un "islam modéré, tolérant et ouvert sur les autres religions".
Avec la mise en commun des moyens des 40 pays "commence une phase de lutte contre le terrorisme, qui enregistre déjà des défaites dans de nombreux pays musulmans", a encore souligné le prince saoudien. "Nous allons continuer à pourchasser les terroristes jusqu'à ce qu'ils disparaissent de la terre", a-t-il encore dit.
La coalition à l'initiative du prince Mohammed avait été annoncée en décembre 2015 mais la réunion de Riyad marque son lancement officiel.
Elle a pour commandant militaire, le général pakistanais Raheel Sharif qui aura son quartier général à Riyad.
S'exprimant à l'ouverture de la réunion, le général pakistanais a précisé qu'il aura pour mission de "mobiliser et coordonner les ressources, faciliter les échanges d'informations et aider les pays membres à bâtir leurs propres capacités en matière de lutte contre le terrorisme".
L'Iran, grand rival chiite de l'Arabie saoudite, la Syrie et l'Irak ne font pas partie de cette coalition.
(Lire aussi : Joumblatt salue la politique religieuse de MBS mais souhaite un compromis minimal avec l'Iran)
Le ministre libanais de la Défense absent
La participation du Liban à cette coalition, pays laïc de par sa Constitution, a, elle, été problématique dès le lancement de l'initiative, du fait que la classe politique du pays est divisée entre partisans et opposants à l'Arabie saoudite.
Vendredi, le président libanais, Michel Aoun, avait demandé à son ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, d'assister à cette réunion, remerciant le roi Salmane d'Arabie pour son invitation. Toutefois, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), a signalé dimanche que M. Sarraf se rendait en Roumanie pour signer un accord de coopération militaire avec Bucarest. Selon certaines sources, c'est l'ambassadeur du Liban à Riyad, Abdelsattar Issa, qui représentait le pays du Cèdre. Une source autorisée au palais présidentiel de Baabda a toutefois indiqué à L'Orient-Le Jour que le Liban n'est pas présent à la réunion de Riyad "car il ne fait pas partie de cette coalition" anti-terroriste.
L'ex-ministre libanais de la Justice Achraf Rifi, allié de l'Arabie saoudite, a dénoncé l'absence du Liban, accusant le Hezbollah de "prendre en otage la décision officielle libanaise".
عدم مشاركة لبنان في مؤتمر التحالف الإسلامي ضد الإرهاب في السعودية تأكيد إضافي على إختطاف "حزب الله" للقرار الرسمي اللبناني لمصلحة الوصاية الإيرانية. معركتنا مستمرة لتحرير الوطن الأسير وإستعادة موقعه ودوره وعلاقاته العربية والدولية
— General Ashraf Rifi (@Ashraf_Rifi) November 26, 2017
"L'absence du Liban (...) prouve à nouveau que le Hezbollah prend en otage la décision officielle libanaise au profit de la tutelle iranienne. Notre combat pour libérer le pays et lui redonner sa position et ses relations arabes et internationales continue", a écrit M. Rifi.
L'absence du Liban intervient dans un contexte de tensions entre l'Arabie saoudite et le Liban, depuis que le Premier ministre Saad Hariri a annoncé à la surprise générale sa démission depuis Riyad, le 4 novembre, avant de rentrer au Liban dans la nuit de mardi à mercredi et de décider de la geler à la demande de M. Aoun.
Le président libanais avait accusé les autorités saoudiennes d'avoir retenu contre son gré Saad Hariri qui, selon plusieurs milieux, aurait été contraint de démissionner. M. Hariri a toutefois démenti à plusieurs reprises avoir été soumis à une quelconque pression saoudienne.
Le Qatar, qui faisait partie des pays membres de la coalition anti-terroriste, selon une liste publiée par l'agence officielle SPA, n'a pas pris part à la réunion de dimanche.
Quatre pays arabes, dont l'Arabie saoudite, ont rompu avec le Qatar en juin, l'accusant de soutenir les groupes extrémistes, ce que Doha dément.
L'Arabie saoudite est déjà membre d'une alliance occidentale conduite par les Etats-Unis et qui combat les jihadistes en Irak et en Syrie
Elle a inauguré un centre dédié à la lutte contre les groupes extrémistes lors de la visite en Arabie saoudite du président américain Donald Trump en mai dernier.
Le lancement de la nouvelle coalition intervient en période de tension entre l'Iran et l'Arabie saoudite.
Les deux pays, qui n'ont plus de liens diplomatiques depuis janvier 2016, sont à couteaux tirés sur plusieurs dossiers régionaux, notamment les conflits en Syrie et au Yémen où ils soutiennent des camps opposés.
Le prince Mohammed a qualifié le guide suprême iranien, Ali Khamenei, de "nouveau Hitler" dans un récent entretien au New York Times.
"Personne dans le monde n'accorde le moindre crédit à des remarques de ce genre", a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Bahram Ghassemi, en parlant du prince héritier saoudien.
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commentaires (7)
On ne peux pas demander au Liban une distanciation et en même temps d'adhérer à des coalitions chiites ou sunnites Qui restent très orientées et antagonistes. Enfin la meilleure manière de lutter contre le fanatisme religieux et le terrorisme est sans doute, le travail d'émancipation des femmes, l'encouragement des libertés individuelles et collectives, la liberté d'expression, les droits de l'homme, le respect des autres religions etc etc..... Certains pays de la coalition en sont à des années lumières! Il y a du travail ....à fournir. Bon courage bravo quand même
Sarkis Serge Tateossian
21 h 22, le 26 novembre 2017