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Liban - Édition

Une prouesse académique inestimable : la mise à jour du manuel de droit commercial d’Émile Tyan

Le Pr Nady Tyan évoquant la grande figure de son père, Émile Tyan.

Une cérémonie vient de marquer, au siège de l'ordre des avocats, le lancement de la mise à jour du premier tome de l'ouvrage de droit commercial écrit en 1968 par le professeur Émile Tyan (édition Hachette-Antoine), une prouesse inestimable, un travail colossal qui a exigé des heures de lecture, de relecture et de vérification, au service d'une somme élaborée par l'un des plus grands juristes de sa génération.

À cette occasion, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, la doyenne de la faculté de droit de l'USJ, Léna Gannagé, le bâtonnier sortant de Beyrouth, Antonio el-Hachem, l'avocat et écrivain Alexandre Najjar, la juge Maya Affeiche Karam, Nady et Émile Henri Tyan, fils et petit-fils du grand juriste disparu, ont pris successivement la parole.

« La parution de la nouvelle édition du droit commercial d'Émile Tyan est l'occasion pour la faculté de droit de l'USJ de rendre hommage à l'une des figures les plus marquantes de l'institution, celle dont la faculté aime à se souvenir lorsque, revenant sur sa propre histoire, elle cherche l'image qui la représente au mieux, celle dont elle s'honore », a affirmé avec élégance la doyenne de la faculté, Léna Gannagé.
« (...) En tant qu'universitaire, a-t-elle poursuivi, Émile Tyan aura été le représentant par excellence de ce que l'on pourrait appeler la doctrine libanaise, à une époque où les enseignements de la faculté de droit étaient principalement assurés par des universitaires français. Le droit commercial, qui est réédité aujourd'hui, ne représente que la partie d'une œuvre beaucoup plus importante, allant de ses ouvrages de droit musulman à ses publications dans l'Encyclopédie de l'islam, en passant par les traités de droit international privé et de droit de l'arbitrage qui sont devenus des classiques du genre. »

 

Admiration
« C'est au nom de l'amitié qui liait ma famille à la sienne et par admiration pour son parcours remarquable que j'ai accepté de m'engager dans l'aventure de la mise à jour de son droit commercial, a confié pour sa part Alexandre Najjar. Nombre de confrères et de professeurs d'université avaient déjà décliné la proposition, soit parce que cette tâche leur avait paru trop ingrate, soit parce que s'attaquer à un monument pareil leur avait semblé trop présomptueux. Fort des directives éclairées de Me Nady Tyan (...), avec l'aide précieuse de Maya Afeiche Karam dont je tiens à saluer le travail colossal et le sérieux, avec le concours de plusieurs avocats de mon étude, dont notamment Me Ziad Esper, j'ai mené à bien ce travail à la fois passionnant et frustrant (...) parce que la mise à jour consiste moins à remodeler qu'à ajouter de nouvelles références et à élaguer les passages tombés en désuétude du fait de l'abrogation de certaines lois, sans l'effort de création que l'écrivain affectionne... »

« Au lendemain de la clôture du 24e Salon du livre francophone où l'ordre des avocats de Beyrouth était bien présent, je tiens enfin à souligner (...) que rééditer Émile Tyan en français, en 2017, c'est affirmer que la francophonie n'est pas une coquille vide, mais, comme le disait si bien le président Charles Hélou "un merveilleux instrument de dialogue interculturel". »

 

Un travail qui a changé ma vie
Prenant à son tour la parole, Mme Affeiche s'est félicitée de la parution d'un ouvrage qui lui a coûté deux ans de travail assidu.

« Plus de 1 000 pages, et plus de 2 000 notes de bas de page furent revisitées », a-t-elle précisé, ajoutant qu'un grand nombre de traités, d'ouvrages, de monographies, de thèses et de revues juridiques - libanais ou français - furent consultés afin, d'une part, de remplacer les références datées et de rendre compte, d'autre part, des évolutions en droit commercial depuis 1968 jusqu'à nos jours.

« Ce travail a changé ma vie, a-t-elle avoué, dans une conclusion qui a amusé l'audience. C'est en faisant la mise à jour que j'ai fait la connaissance de mon mari Joe Karam, qui était très curieux de savoir que faisait cette personne, tous les jours, dans le même coin de la bibliothèque du barreau de Beyrouth ! »
« Dura lex sed lex (la loi est dure mais c'est la loi) aurait pu être sa devise, a conclu son petit-fils, Émile Henri Tyan. Il a été au service de la loi, rien que la loi, sans ajout ni omission, et dans le respect de la séparation des trois pouvoirs (...). Au moment où le Liban passe par une période très trouble, il est donc important de se rappeler du message d'Émile Tyan. Pour gouverner ce pays, il existe une autre voie que celle de la corruption, de l'extrémisme et de la soumission, c'est celle de l'indépendance, la vraie. »

 

Pour mémoire 

Remise du prix Émile Tyan à la faculté de droit de l'USJ

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