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Santé - Endocrinologie

Le diabète de l’enfant n’est pas une fatalité

La recherche menée sur la maladie a permis une évolution rapide de la technologie, permettant de mieux contrôler la pathologie et d'assurer une meilleure qualité de vie au patient.

Un enfant diabétique va pouvoir mener sa vie normalement et poursuivre ses rêves. Photo Bigstock

Georges avait 6 ans lorsqu'on lui a diagnostiqué un diabète juvénile, communément appelé diabète de type 1. L'enfant ne ressentait rien, mis à part cette envie continue de manger des sucreries. Il lui arrivait même de piocher dans le bol à sucre pour en croquer un ou deux morceaux. La maladie a été diagnostiquée in extremis. Le taux de glycémie dans le sang était supérieur à 800 mg/dl.

Le diabète de type 1 constitue près de 90 % des cas de diabète chez les enfants et 10 % de l'ensemble des cas de diabète dans le monde, une maladie qui touchait en 2014 quelque 422 millions de personnes, selon l'Organisation mondiale de la santé. Contrairement au diabète de type 2, qui peut être prévenu puisque sa survenue est essentiellement liée au mode de vie (sédentarité, alimentation riche en gras et en sucre...) et à l'obésité abdominale, le diabète de l'enfant ne peut être prévenu.

« Le diabète de type 1 et de type 2 sont deux maladies différentes qui n'ont de commun que le taux élevé de sucre dans le sang, affirme le Dr Wissam Fayad, endocrinologue pédiatre. Le diabète de l'enfant est en fait une maladie auto-immune qui se déclare à un âge jeune avec un pic entre 10 et 14 ans. Néanmoins, la maladie peut être diagnostiquée à un âge plus jeune, à partir d'un an et jusque tard, à l'âge de 20 ans. »

Depuis quelques années, l'incidence de la maladie ne cesse de croître dans le monde, les pays du nord de l'Europe affichant le plus grand nombre de cas, selon l'étude Eurodiab, réalisée dans dix-sept pays européens entre 1989 et 2003. Selon cette étude, l'incidence la plus élevée est en Finlande avec, chaque année, 43 nouveaux cas pour 100 000 enfants. Cette incidence baisse à près de 25 nouveaux cas pour 100 000 enfants en Europe centrale. Au Liban, il n'existe pas d'études sur l'incidence du diabète du type 1, mais des études réalisées au Moyen-Orient font état de 7 nouveaux cas par an pour 100 000 enfants.

 

(Lire aussi : Le diabète de type 2 commence à être diagnostiqué chez des enfants de 12 ans)

 

Prédisposition génétique
Les causes réelles du diabète de l'enfant sont encore mal connues. « On sait toutefois qu'il existe une prédisposition génétique à la maladie », précise le Dr Fayad. Dans cette forme de diabète, le système immunitaire ne reconnaît pas les cellules-bêta du pancréas comme faisant partie de l'organisme, mais comme un corps étranger. Par conséquent, il les attaque. « Ces cellules, qui fabriquent l'insuline, commencent alors à se détruire lentement », poursuit-il.

Lorsque le pancréas n'arrive plus à fabriquer de l'insuline, les symptômes apparaissent. « L'enfant boit beaucoup d'eau, maigrit alors qu'il mange bien, se fatigue rapidement, urine plus souvent et mange plus, surtout du sucre », constate le Dr Fayad. Autant de symptômes qui doivent alerter les parents, « parce que dans une étape plus poussée, le corps va produire davantage d'acétone, entraînant des douleurs abdominales, une respiration rapide et une léthargie pouvant aller jusqu'au coma ».

Cela est dû au fait que les cellules-bêta ne fabriquent plus l'insuline, une hormone qui permet au glucose de pénétrer dans les cellules. « Le glucose va rester donc dans le sang et être évacué dans les urines, explique le Dr Fayad. Un processus qui donne soif. De plus, la cellule, privée de glucose, brûle des matières grasses qui produisent durant ce processus de l'acétone, une matière toxique pour le corps. » Et d'insister : « Comme il s'agit d'une maladie auto-immune, le diabète de l'enfant peut être associé à d'autres maladies auto-immunes qu'il faudrait systématiquement rechercher, notamment les problèmes de thyroïde ou la maladie céliaque, c'est-à-dire l'intolérance au gluten. »

 

(Lire aussi : Contre le diabète, LADR lutte pour la prévention et la recherche)

 

Un triptyque thérapeutique
Le traitement du diabète de type 1 repose sur trois axes : l'administration quotidienne d'insuline, une bonne hygiène alimentaire et une activité sportive régulière. « Une association de ces trois éléments permet de bien contrôler le diabète », rassure le Dr Fayad. Il poursuit : « Le corps régule l'insuline constamment, ce qu'une injection ne peut pas faire. On doit donc administrer à l'enfant deux types d'insuline. La première, dite basale, agit sur vingt-quatre heures, couvrant les besoins de base de l'enfant, c'est-à-dire lorsqu'il ne mange pas. Cette insuline est administrée au coucher. La deuxième est d'action rapide. Elle agit dans les minutes qui suivent l'injection, permettant au corps de brûler le glucose. Elle est par conséquent administrée avant les trois principaux repas. Les doses sont adaptées au taux de glucose dans le sang (qu'il faut mesurer au moins quatre fois par jour) au moment de se mettre à table et à la qualité des mets. »

Et le Dr Fayad d'insister : « Il est primordial, lorsqu'on découvre un diabète chez l'enfant, d'expliquer aux familles l'ensemble du traitement, avec l'aide d'une équipe multidisciplinaire. La famille doit aider l'enfant, parce qu'il est essentiel d'être très strict sur l'alimentation. Cela ne veut pas dire que l'enfant ne peut pas manger de douceurs, mais il faut en tenir compte dans les doses d'insuline. Pour cela, il faut que la pâtisserie fasse part du programme du repas. Il ne peut pas en manger quand il veut. Il faut être vigilant sur les horaires. »

Quid des complications ? « Là aussi, il faut établir une différence entre le diabète de type 1 et de type 2, répond le Dr Fayad. Autant le diabète de type 2 est une maladie excessivement dangereuse et grave à long terme parce qu'elle est silencieuse et les patients souvent ne se soignent pas bien, autant le diabète de type 1, lorsqu'il est bien soigné, n'entraîne pas de complications à long terme. »
Le contrôle de la maladie se fait en étudiant le taux moyen du glucose dans le sang grâce au test de l'hémoglobine glycosylée (HbA1c) qui signe le taux du glucose dans le sang au cours des trois derniers mois. Chez les enfants diabétiques, il doit être inférieur à 7 %. De plus, il faut éviter les variations de la glycémie au cours de la journée. « Si ces deux facteurs sont bien contrôlés, les complications microvascualires (touchant les petits vaisseaux, comme les reins, les yeux...) et macrovasculaires (touchant les gros vaisseaux, comme les pieds) du diabète peuvent être évitées », constate le Dr Fayad.

Et de conclure : « Un enfant diabétique est un enfant normal qui va pouvoir mener sa vie normalement. Il va grandir, poursuivre ses études, se marier, avoir des enfants... et poursuivre ses rêves. Ce n'est pas une fatalité. »

 

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commentaires (1)

Cher Dr FAYAD, Vous avez bien expliqué au commun des mortels cette maladie sournoise... Mais, en tant qu’endocrhinologie, pratiquant à Montréal dans un Centre de Diabète où l’on fait des recherches dans le domaine depuis plus de 15 ans, ayant plus de 300 diabétiques de type 1 âgés de 15 à 70 ans, dont 50 avec des pompes à insuline, je me permets donc d’amener certaines clarifications: 1- Le Diabète de type 1, même si bien traité, avec nos moyens de bord actuels et après 20 ans d’évolution, peut avoir tout autant de complications que le type 2: on diminue beaucoup le risque, mais on ne l’élimine jamais! 2- Même dans les meilleurs centres au monde, on arrive à peine à avoir plus de 50% de nos patients à une A1C < 7% et même idéalement < 6.5%, ce qui est très loin d’ être le cas au Liban. 3- vous ne mentionnez pas les grands espoirs technologiques actuels, avec les pompes à insulines devenant plus performantes, avec les systèmes de mesures du glucose en continu, les greffes de cellules bêta encapsulées, ou fabriquées à partir de cellules souches et surtout d’avoir d’ici 5 à 10 ans le pancréas artificiel (closed loop) disponible pour tous: on passera alors d’un empirisme frustrant actuel à un traitement adéquat de cette maladie avec l’espoir alors d’en éliminer les graves complications. Respectueusement soumis.

Saliba Nouhad

17 h 53, le 12 novembre 2017

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Commentaires (1)

  • Cher Dr FAYAD, Vous avez bien expliqué au commun des mortels cette maladie sournoise... Mais, en tant qu’endocrhinologie, pratiquant à Montréal dans un Centre de Diabète où l’on fait des recherches dans le domaine depuis plus de 15 ans, ayant plus de 300 diabétiques de type 1 âgés de 15 à 70 ans, dont 50 avec des pompes à insuline, je me permets donc d’amener certaines clarifications: 1- Le Diabète de type 1, même si bien traité, avec nos moyens de bord actuels et après 20 ans d’évolution, peut avoir tout autant de complications que le type 2: on diminue beaucoup le risque, mais on ne l’élimine jamais! 2- Même dans les meilleurs centres au monde, on arrive à peine à avoir plus de 50% de nos patients à une A1C < 7% et même idéalement < 6.5%, ce qui est très loin d’ être le cas au Liban. 3- vous ne mentionnez pas les grands espoirs technologiques actuels, avec les pompes à insulines devenant plus performantes, avec les systèmes de mesures du glucose en continu, les greffes de cellules bêta encapsulées, ou fabriquées à partir de cellules souches et surtout d’avoir d’ici 5 à 10 ans le pancréas artificiel (closed loop) disponible pour tous: on passera alors d’un empirisme frustrant actuel à un traitement adéquat de cette maladie avec l’espoir alors d’en éliminer les graves complications. Respectueusement soumis.

    Saliba Nouhad

    17 h 53, le 12 novembre 2017

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