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Santé - Étude

Douze pour cent de la population libanaise est diabétique

L'enquête, menée en 2016, a porté sur 4 500 ménages incluant au total 17 832 personnes. Les résultats sont en voie d'être publiés dans une revue scientifique internationale.

Une bonne hygiène de vie permet de prévenir le diabète. Photo Bigstock

Une nouvelle enquête nationale vient confirmer les chiffres dont on disposait sur la prévalence du diabète au Liban. La maladie touche près de 12 % de la population. Depuis bientôt deux décennies, ce taux est relativement stable. Cela laisse croire que « l'espace pathologique que le diabète pourrait occuper au sein de la population, compte tenu de sa prédisposition génétique et des changements de mode de vie, est saturé », explique à L'Orient-Le Jour le Dr Salim Adib, professeur d'épidémiologie et de santé publique à l'Université américaine de Beyrouth, et principal auteur de l'étude.

Menée en 2016, en collaboration avec le Dr Ibrahim Bou-Orm, coordinateur des activités pour les maladies non transmissibles au ministère de la Santé, cette nouvelle enquête a porté sur 4 500 ménages avec au total 17 832 personnes libanaises et non libanaises résidant au Liban depuis au moins dix ans. Les résultats de ces travaux ont été présentés récemment au cours d'un forum sur la gestion du diabète au Liban, organisé par la Société libanaise d'endocrinologie, de diabète et des dyslipidémies, sous le parrainage du ministère de la Santé et en collaboration avec Sanofi. L'étude est en voie d'être publiée dans un journal scientifique international.

Près de 8 % des personnes comprises dans l'échantillon se savaient diabétiques et étaient déjà sous traitement. À ce taux, il convient d'ajouter celui des personnes qui ignorent leur maladie. Des recherches à l'échelle nationale et internationale montrent que près de la moitié des personnes diabétiques ignorent en effet leur maladie, soit 4 % des patients dans le cas du Liban. En ajoutant cette proportion, on atteint une prévalence de 12 %. Il convient de noter que le taux du diabète augmente avec l'âge. La prévalence de la maladie dépasse ainsi les 36 % dans les tranches d'âge supérieures à 50 ans. L'étude a en outre montré qu'en plus de leur diabète, 9 % des personnes interrogées souffraient aussi d'hypertension et près de 7,5 % d'entre elles d'hypercholestérolémie (un taux élevé de cholestérol dans le sang).

La majorité des diabétiques sont mis sous traitements oraux (91 %), alors que seuls 18 % suivent aussi un traitement à base d'insuline. Il existe des indications que le traitement n'est pas aussi efficace que souhaité. En effet, dans 12 % des cas, le diabète a entraîné une crise hypoglycémique dans l'année qui a précédé l'enquête, nécessitant des soins médicaux. Seuls 78 % des patients ont obtenu de façon régulière un test de l'hémoglobine glycosylée (HbA1c), qui signe la moyenne du contrôle du sucre dans le sang au cours des trois derniers mois. Selon l'enquête également, les complications du diabète étaient observées chez 22,6 % des patients. La rétinopathie diabétique ou atteinte de la rétine reste la principale complication (46 % des cas), suivie des maladies coronariennes (27,4 %), des maladies artérielles périphériques (18,1 %) et/ou d'un ulcère des membres inférieurs (12,8 %). Dans 8,4 % des cas, les patients ont eu un infarctus du myocarde et dans 5 % des cas, une amputation du pied a été nécessaire.

 

(Pour mémoire : Contre le diabète, LADR lutte pour la prévention et la recherche)

 

Registre national
Par ailleurs, il convient de souligner que pour la première fois, cette étude a établi une distinction entre les types 1 et 2 de la maladie. La prévalence du diabète de type 1, dit insulinodépendant ou juvénile, se base sur le comptage des patients qui ont été mis sous insuline dans la première année qui a suivi le diagnostic ou chez qui le diabète a été diagnostiqué à un âge jeune (moins de 25 ans). Il en ressort ainsi que 1,3 % des patients recensés au Liban souffrent de diabète de type 1. « Ce taux est nettement inférieur aux chiffres internationaux selon lesquels le diabète de type 1 constitue 10 % de l'ensemble des cas », précise le Dr Adib. Rappelons que le diabète de type 1 est dû à un déficit total de l'insuline sécrétée par le pancréas pour régulariser les taux de glucose dans le sang. Par contre, le diabète de type 2 est causé par une résistance à l'insuline le plus souvent liée au surpoids et la sédentarité.

Commentant ces résultats, le Dr Adib souligne l'importance d'acquérir des habitudes saines pour éviter la survenue de la maladie. Il rappelle qu'une marche quotidienne de trente minutes et une réduction de l'apport de calories alimentaires seraient suffisantes à cet effet, surtout après l'âge de 40 ans. Le Dr Adib met en outre l'accent sur la nécessité d'établir un registre national du diabète « pour pouvoir suivre l'évolution de la maladie et de ses complications ». « Il faudrait également améliorer le diagnostic précoce du diabète pour identifier les patients qui ignorent leur maladie, ajoute-t-il. De même, il est important de promouvoir le concept de la prévention secondaire qui permet de réduire la gravité d'évolution de la maladie parmi les patients déjà diagnostiqués. »

Et le Dr Adib de conclure en insistant sur la nécessité de « former les médecins en soins de santé primaire pour qu'ils soient au premier rang de la détection et de la gestion du diabète sur le long terme, d'autant que de nombreux patients, pour diverses raisons, ne sont pas toujours suivis de façon optimale par des spécialistes ».

 

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