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À La Une - Catalogne

L'Espagne lance un mandat d'arrêt contre le président catalan destitué

"Je suis disposé à être candidat, affirme M. Puigdemont. Je veux être un messager pour nos concitoyens".

Des policiers espagnols postés devant le siège de la Cour suprême, le 2 novembre 2017 à Madrid. Photo REUTERS/Javier Barbancho

L'Espagne a lancé un mandat d'arrêt européen vendredi contre Carles Puigdemont, le président catalan destitué qui s'est exilé à Bruxelles cette semaine avant sa comparution en justice pour répondre de son rôle dans le projet indépendantiste en Catalogne.

La juge madrilène chargée d'instruire le procès de la marche de la Catalogne vers la déclaration d'indépendance du 27 octobre a émis un mandat pour "rébellion, sédition, détournement de fonds publics et désobéissance à l'autorité".

Le parquet fédéral belge a confirmé la réception du mandat d'arrêt, qu'il allait "étudier".
Il vise M. Puigdemont et quatre de ses "ministres" repliés en Belgique alors qu'ils devaient être entendus par la magistrate jeudi avec 13 autres membres de l'ancien exécutif catalan et six membres du bureau du parlement régional.
Presque au même moment, M. Puigdemont dénonçait "l'énorme influence de la politique sur le pouvoir judiciaire en Espagne", dans une interview en français à la RTBF.

La juge d'instruction de l'Audience nationale, tribunal siégeant à Madrid spécialisé dans les affaires sensibles, a inculpé et écroué le vice-président Oriol Junqueras et sept autres membres du gouvernement destitué qui s'étaient eux présentés dans son bureau. Ils ont été écroués.
Un neuvième - qui avait démissionné avant la proclamation de la "République" - a été libéré ce vendredi, sous caution.
Leur incarcération a été unanimement condamnée par les indépendantistes, qui font valoir le caractère "pacifique" de leur mobilisation depuis des années et du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre.

Comme la veille, plusieurs milliers de manifestants ont demandé vendredi soir à Barcelone la libération des "ministres", clamant aussi leur confiance dans le "président légitime" de la Catalogne.
"Je suis ici parce que je m'oppose à ce qu'il y ait des prisonniers politiques", confiait Melanie Ortiz, 27 ans, au milieu d'une foule scandant "Liberté" et "Vive la République".

 

 

(Pour mémoire : Puigdemont refuse de déposer à Madrid, demande à être entendu à Bruxelles)

 

Les indépendantistes en quête d'unité
A moins de deux mois des élections régionales convoquées pour le 21 décembre par le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, M. Puigdemont a fait un pas vers sa candidature vendredi, malgré sa probable remise à la justice espagnole dans les semaines à venir.

"Je suis disposé à être candidat", a-t-il déclaré à la RTBF. "Je veux être un messager pour nos concitoyens".
Le tour judiciaire que prend le bras de fer entre Madrid et Barcelone pourrait profiter aux formations séparatistes, résolues à prendre leur revanche dans les urnes.

De hauts responsables d'au moins deux partis indépendantistes ont appelé vendredi à resserrer les rangs.
"Nous sommes fermement disposés à unir nos forces pour construire une liste" unique, a déclaré à la presse Marta Pascal, la porte-parole du PDeCAT (Parti démocrate européen catalan, conservateur indépendantiste), parti de Carles Puigdemont.

Sergi Sabrià, porte-parole du parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne) dirigé par Oriol Junqueras, a lui aussi jugé "absolument nécessaire une stratégie partagée contre la répression et l'article 155" de la Constitution espagnole qui a permis la mise sous tutelle de la région quelques heures après la déclaration d'indépendance.
Avant les urnes, les indépendantistes ont la ferme intention de se faire entendre dans la rue.
Un syndicat indépendantiste, CSC, appelle à une grève générale pour mercredi prochain, soutenu par deux puissantes associations séparatistes, l'Assemblée nationale catalane et Omnium Cultural.
Les chefs de ces organisations sont écroués depuis la mi-octobre pour "sédition" en lien avec des manifestations d'indépendantistes.

Les indépendantistes attendent surtout de se compter lors d'une grande manifestation le 11 novembre à Barcelone. Ils espèrent une mobilisation aussi massive que le 11 septembre, jour de la "fête nationale" catalane, qui avait, selon les organisateurs, rassemblé près de un million de personnes.

 

 

(Lire aussi : Puigdemont, convoqué par la justice espagnole, s'installe à Bruxelles)

 

Un impact "notable" sur l'économie
La crise institutionnelle pèse sur l'économie catalane, et le gouvernement espagnol a dit vendredi souhaiter une normalisation politique rapide pour "rétablir la stabilité".
Sur le tourisme, qui représente 12% du PIB régional, l'impact est "très notable", a affirmé le porte-parole du gouvernement conservateur Inigo Mendez de Vigo.

Le taux d'occupation des hôtels de Barcelone était de 83% pendant la dernière semaine d'octobre contre environ 90% habituellement, et 67% des hôteliers affirment avoir baissé leurs prix pour compenser, selon une enquête réalisée par le gouvernement.

En octobre, la Catalogne est la région espagnole dans laquelle le nombre de chômeurs a le plus augmenté, a par ailleurs souligné M. Mendez de Vigo.

Plus de 2.000 entreprises ont transféré leur siège social hors de la région depuis le 1er octobre, selon le dernier décompte du registre du commerce.

 

 

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