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À La Une - ESPAGNE

Puigdemont, convoqué par la justice espagnole, s'installe à Bruxelles

Le président catalan accepte que le projet d'indépendance soit "ralenti" pour éviter des troubles.

Le dirigeant séparatiste catalan destitué, Carles Puigdemont, passe devant un drapeau espagnol à son arrivée au Club de la Presse à Bruxelles le 31 octobre 2017. AFP / BELGA / NICOLAS MAETERLINCK

Le dirigeant indépendantiste Carles Puigdemont a tenté mardi de déplacer la crise catalane "au cœur" de l'Europe en annonçant son installation à Bruxelles avec une partie de son gouvernement destitué, quelques heures avant sa convocation par la justice espagnole.

Sous la menace de poursuites pour "rébellion" après la déclaration d'indépendance du 27 octobre, M. Puigdemont a expliqué lors d'une conférence de presse à la mi-journée qu'il comptait rester en Belgique avec quelques-uns de ses "ministres" pour "expliquer au monde les défaillances démocratiques de l'Etat espagnol".
Il a exhorté "la communauté internationale, et en particulier l'Europe, à réagir", accusant le gouvernement de Mariano Rajoy de miner les "valeurs" de l'Union européenne.

En fin de journée, une juge d'instruction de l'Audience nationale espagnole, juridiction spécialisée dans les dossiers complexes, a annoncé qu'elle convoquait jeudi et vendredi M. Puigdemont et 13 de ses "ministres" en vue de leur inculpation.
La magistrate a été saisie lundi par le procureur général de l'Etat, qui lui a demandé d'engager des poursuites, notamment pour rébellion et sédition, chefs passibles respectivement d'un maximum de 30 et 15 ans de prison.
Le parquet les accuse d'avoir "encouragé un mouvement d'insurrection au sein de la population", évoquant un soulèvement violent.

Dans le cas où les intéressés ne répondraient pas à cette convocation, le parquet devrait demander leur arrestation. Et si M. Puigdemont ainsi que les "ministres" l'ayant accompagné à Bruxelles se trouvent toujours en Belgique à ce moment-là, l'Espagne devrait délivrer un mandat d'arrêt les visant.



Menace de détention provisoire
Depuis Bruxelles, M. Puigdemont a assuré qu'il ne se soustrairait pas à la justice espagnole mais prévenu qu'il ne reviendrait pas en Espagne sans avoir reçu l'assurance de bénéficier d'un procès impartial, accusant le parquet de nourrir un "désir de vengeance" à son endroit.
Il a par ailleurs assuré qu'il ne demanderait pas l'asile politique en Belgique.

Sans préjuger des chefs d'inculpation qu'elle retiendra, la juge de l'Audience nationale a indiqué que, ignorant les injonctions de Madrid et les décisions de justice, le gouvernement catalan "a continué d'engager les mesures nécessaires à la création d'un Etat catalan indépendant sous la forme d'une république".

M. Puigdemont et son cabinet risquent d'être placés en détention provisoire, comme deux présidents de mouvements associatifs indépendantistes écroués à la mi-octobre pour "sédition", après avoir appelé à une manifestation pendant laquelle des gardes civils avaient été empêchés de sortir d'un bâtiment et trois véhicules des forces de l'ordre dégradés.
L'Audience nationale examinera vendredi le recours de ces deux militants.

La présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, elle aussi démise de ses fonctions, est également convoquée cette semaine, mais devant la Cour suprême, compétente pour les députés.

Démis de ses fonctions par Madrid le 27 octobre, quelques heures après la proclamation unilatérale de la "république" catalane, Carles Puidgemont s'est rendu en Belgique lundi alors qu'étaient concrètement enclenchées les mesures de mise sous tutelle par Madrid des institutions catalanes.

 

(Lire aussi : Comprendre le bras de fer entre Madrid et la Catalogne en quatre points)



Ralentir le processus d'indépendance
M. Puigdemont a martelé à Bruxelles qu'il restait le président "légitime" de la Généralité (exécutif) de Catalogne.
Il a expliqué que son gouvernement se partagerait désormais la conduite des affaires entre la Belgique et Barcelone, où les autres membres du gouvernement "poursuivront leurs activités politiques en tant que ministres légitimes".

Survenant près d'un mois après le référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre, ses déclarations étaient très attendues dans la région de 7,5 millions d'habitants où son départ a laissé nombre de militants désemparés.

Afin d'éviter des troubles à moins de deux mois des élections régionales, fixées au 21 décembre par Mariano Rajoy, M. Puigdemont a par ailleurs jugé nécessaire de "ralentir" le processus d'indépendance.
"Nous avons été obligés d'adapter notre plan de travail pour éviter la violence" et "si cette attitude a pour prix de ralentir le déploiement de la République, alors il faut considérer que c'est un prix à payer raisonnable dans l'Europe du 21e siècle", a-t-il expliqué.

Dans le sillage de l'activation de l'article 155 faisant passer la Catalogne sous le contrôle de Madrid, M. Puigdemont avait appelé les Catalans à la résistance "démocratique", mais la transition s'est passée sans heurts pour les quelque 200.000 fonctionnaires.
Quant aux élections convoquées par M. Rajoy, M. Puigdemont a déclaré mardi qu'il "respecterait" leur résultat.
"Je veux un engagement clair de la part de l'Etat (espagnol). L'Etat respectera-t-il des résultats qui pourraient donner une majorité aux forces indépendantistes?", a-t-il toutefois demandé.

 

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