Rechercher
Rechercher

À La Une - Catalogne

Puigdemont refuse de déposer à Madrid, demande à être entendu à Bruxelles

En s'exilant volontairement à Bruxelles, le dirigeant catalan "joue plus à capter l'attention médiatique qu'à échapper à la justice", estime le politologue Fernando Vallespin.

Carles Puigdemont, le dirigeant indépendantiste catalan destitué installé à Bruxelles, ne se rendra pas à la convocation de la justice espagnole qui a ouvert contre lui une enquête pour sédition et rébellion. Photo REUTERS/Yves Herman

Carles Puigdemont, le dirigeant indépendantiste catalan destitué installé à Bruxelles, ne se rendra pas à la convocation de la justice espagnole qui a ouvert contre lui une enquête pour sédition et rébellion, a annoncé mercredi son avocat belge.

Avec 13 de ses conseillers (ministres), Carles Puigdemont est convoqué jeudi à Madrid par une juge de l'Audience nationale, juridiction spécialisée dans les dossiers complexes, qui pourrait l'inculper si elle suit les réquisitions du ministère public.

Alors que le vice-président du gouvernement catalan destitué, Oriol Junqueras, et plusieurs "ministres" ont l'intention de comparaître, le dirigeant indépendantiste demande, lui, à être entendu en Belgique, selon son avocat belge.
"Il ne va pas à Madrid, et j'ai proposé qu'on l'interroge ici en Belgique, a déclaré Me Paul Bekaert mercredi à la télévision catalane TV3.
"On va examiner si les peines (encourues) ne sont pas disproportionnées et si les droits fondamentaux sont respectés", a ajouté l'avocat, qui a déjà défendu des Basques espagnols membres présumés d'ETA dont Madrid demandait l'extradition.

M. Puigdemont avait assuré mardi à Bruxelles qu'il ne reviendrait pas en Espagne sans l'assurance de bénéficier d'un procès impartial, accusant le parquet de nourrir un "désir de vengeance" à son endroit.

 

(Lire aussi : Puigdemont, convoqué par la justice espagnole, s'installe à Bruxelles)

 

'Traîtres'
Au moins deux des "ministres" catalans qui l'avaient accompagné à Bruxelles sont finalement repartis et ont atterri mardi soir à Barcelone où des militants unionistes les ont accueillis aux cris de "traîtres".

Plusieurs centaines de personnes ont accompagné mercredi jusque dans la gare de Barcelone un groupe d'au moins deux députés partant pour la capitale, scandant "Liberté" et "Vous n'êtes pas seuls" en catalan, a rapporté une journaliste de l'AFP.

Le procureur général de l'Etat requiert l'inculpation des dirigeants indépendantistes pour sédition et rébellion, délits passibles de 15 et 30 ans de prison.
Il a demandé les mêmes poursuites contre la présidente et les membres du bureau du Parlement catalan qui, en raison de leur privilège parlementaire, doivent être entendus par un juge d'instruction de la Cour suprême.

M. Puigdemont et son cabinet risquent d'être placés en détention provisoire, comme deux présidents de mouvements associatifs indépendantistes écroués mi-octobre pour "sédition" après avoir appelé à une manifestation pendant laquelle des gardes civils avaient été empêchés de sortir d'un bâtiment et trois de leurs véhicules endommagés.
S'ils ne répondent pas à leur convocation, le parquet devrait demander leur arrestation, et pour ceux qui se trouvent à Bruxelles, l'Espagne devra délivrer un mandat d'arrêt européen.

Le bras de fer entre Madrid et Barcelone a culminé vendredi avec la proclamation par le Parlement catalan de la "République" indépendante de Catalogne.
Quelques heures après, le gouvernement espagnol destituait le cabinet Puigdemont et convoquait de nouvelles élections régionales le 21 décembre.

En s'exilant volontairement à Bruxelles, M. Puigdemont "joue plus à capter l'attention médiatique qu'à échapper à la justice", a déclaré à l'AFP à Madrid le politologue Fernando Vallespin.
"C'est une guerre médiatique, le récit de la Generalitat (exécutif catalan) a été d'essayer de présenter l'Etat espagnol comme un Etat oppresseur", selon lui.

A Barcelone, son collègue, Oriol Bartomeus, a vu lui aussi dans l'attitude de M. Puigdemont une stratégie électorale. "S'il ne se présente pas devant le juge, il deviendra un fugitif et cela pourra conduire le juge à décider sa mise en détention provisoire: or, un Puigdemont libre ne génère pas de retombées électorales mais un Puigdemont en prison, si", a-t-il estimé.

 

(Lire aussi : Comprendre le bras de fer entre Madrid et la Catalogne en quatre points)

 

Dissensions
Les indépendantistes estiment avoir reçu mandat du peuple pour proclamer l'indépendance après le oui au référendum d'autodétermination interdit par Madrid et émaillé de violences policières.

Malgré sa destitution, le gouvernement catalan s'affirme toujours "légitime" et en capacité d'assumer sa charge, même si le projet d'indépendance est manifestement "ralenti", de l'aveu même de M. Puigdemont.
"Un mois depuis le référendum catalan du 1er oct. Malgré la violence et les menaces passées et présentes, nous continuons à travailler", a-t-il cependant écrit mercredi sur son compte Twitter.

Le départ de M. Puigdemont et la reprise en main de la région par Madrid commencent à faire émerger les divisions dans le camp indépendantiste.
L'ex-"ministre" des Entreprises du gouvernement catalan, Santi Vila, qui avait démissionné juste avant la déclaration d'indépendance, a déploré "l'ingénuité" de certains de ses anciens collègues, sans citer M. Puigdemont.

 

Lire aussi

L'Espagne reste stable mais craint l'impact de la crise catalane

A Santa Coloma, près de Barcelone, "on est toujours en Espagne"

En Catalogne, les partisans de l'unité donnent de la voix

Catalogne: Puigdemont appelle à s'opposer pacifiquement à la mise sous tutelle

Carles Puigdemont, le dirigeant indépendantiste catalan destitué installé à Bruxelles, ne se rendra pas à la convocation de la justice espagnole qui a ouvert contre lui une enquête pour sédition et rébellion, a annoncé mercredi son avocat belge.
Avec 13 de ses conseillers (ministres), Carles Puigdemont est convoqué jeudi à Madrid par une juge de l'Audience nationale, juridiction...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut