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Moyen Orient et Monde - Espagne

En Catalogne, les partisans de l’unité donnent de la voix

Le territoire autonome se retrouve plongé dans l'incertitude, sans savoir très bien qui détient réellement les rênes de son administration.

Des centaines de milliers de Catalans ont manifesté hier contre l’indépendance. Pierre-Philippe Marcou/AFP

Des centaines de milliers de partisans de l'unité de l'Espagne ont déferlé hier dans les rues de Barcelone, deux jours après la déclaration d'indépendance votée par le Parlement catalan, aussitôt suivie d'un placement sous tutelle de la Catalogne. Les manifestants étaient au nombre de 300 000 selon la police municipale, 1 million selon la préfecture représentant l'État.

Le slogan « Puigdemont, en prison ! » était régulièrement scandé, en référence au président indépendantiste catalan destitué vendredi par Madrid. La Catalogne, qui compte 7,5 millions d'habitants, se retrouve plongée dans l'incertitude, sans savoir très bien qui détient réellement les rênes de son administration.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy entend reprendre le contrôle de ce territoire grand comme la Belgique en recourant à l'article 155 de la Constitution qui lui permet de suspendre l'autonomie de la région. Mais M. Puigdemont a appelé samedi ses partisans à s'opposer pacifiquement à son application. M. Puigdemont « est et restera le président » catalan, a affirmé hier son vice-président Oriol Junqueras, également destitué, assurant que lui-même ne reconnaîtrait pas les décisions de Madrid.

« La Catalogne, c'est nous tous ! » semblait lui répondre le slogan de la manifestation organisée à l'appel de l'association Société civile catalane, opposée à la sécession. Les séparatistes « vivent dans un monde parallèle, un peu surréaliste », jugeait Silvia Alarcon, une manifestante de 35 ans, « en colère » contre les sécessionnistes.

Le défilé s'est dispersé dans le calme après avoir inondé de drapeaux – catalans et surtout espagnols – l'avenue du Paseig de Gracia. Des médias locaux ont cependant fait état d'altercations provoquées par des militants d'extrême droite.
« C'est un moment dramatique de l'histoire de l'Espagne, un moment terriblement difficile et dangereux », a lancé aux manifestants l'ancien président socialiste du Parlement européen, le catalan Josep Borrell. Il a aussi évoqué la « fuite » d'un tiers des entreprises de plus de 50 salariés ayant transféré leur siège social hors de Catalogne, effrayées par l'instabilité.

La « déclaration unilatérale d'indépendance est illégale et illégitime », a martelé l'un des organisateurs de la marche, Alex Ramos, rappelant notamment que les indépendantistes n'avaient obtenu que 47 % des voix aux régionales de 2015. Ils étaient cependant devenus majoritaires en sièges au parlement catalan (72 sur 135) par le jeu d'une pondération des voix favorisant les provinces rurales.

 

(Lire aussi : A Santa Coloma, près de Barcelone, "on est toujours en Espagne")

 

 

Ôter le portrait de Puigdemont
Madrid a non seulement destitué le gouvernement catalan, mais aussi dissous le parlement régional et convoqué des élections pour le 21 décembre.

« La République catalane n'existe peut-être pas de facto, mais dans mon esprit, si », commentait un jeune indépendantiste de 22 ans, Guillem Burballa, à une terrasse dans le centre de Barcelone.
« Tôt ou tard, il va y avoir du raffut, et moi je suis disposé à me placer devant la porte d'un ministère catalan pour empêcher une arrestation si nécessaire, ou tout autre acte de résistance pacifique », ajoutait ce diplômé en sciences politiques.
Chacun attend de savoir quelle sera l'attitude des fonctionnaires, supposés passer sous les ordres de Madrid, et si le gouvernement catalan poursuivra ses activités en dépit de sa destitution.
La vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, a été désignée pour diriger la Catalogne.

Tout un symbole : l'ordre a été donné de retirer leur escorte aux dirigeants destitués et d'ôter les photographies de M. Puigdemont dans les commissariats, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police catalane, dont la direction a été changée.

Interrogé sur l'éventualité que M. Puigdemont essaie de rester au pouvoir, le ministre des Affaires étrangères Alfonso Dastis a répondu : « Nous ne pensons pas qu'il aura les moyens de diriger un gouvernement parallèle. » « Nous espérons que l'administration, les fonctionnaires en Catalogne respecteront les mesures qui ont été prises et les ordres, et garantiront les services publics », a-t-il ajouté.

 

(Pour mémoire : En Catalogne, les menaces de désobéissance s'accumulent)

 

 

La manifestation de dimanche a eu des accents de précampagne électorale : les trois principaux partis défendant l'unité de l'Espagne en Catalogne – Ciudadanos (libéral), le Parti socialiste catalan et le Parti populaire de M. Rajoy – ont demandé à leurs partisans de se rendre massivement aux urnes.
Selon un sondage du quotidien El Mundo – réalisé avant la proclamation de la « République catalane » vendredi – les indépendantistes perdraient la majorité au parlement catalan en ne recueillant que 42,5 % des voix.

Sur le terrain sportif, les Catalans ont en tout cas remporté hier une victoire symbolique sur Madrid : l'équipe de football de Gérone, dont M. Puigdemont a été le maire, a dominé le Real 2 à 1 à domicile.

 

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