Rechercher
Rechercher

À La Une - irak

Bagdad durcit le ton contre le Kurdistan après le référendum d'indépendance

Barzani appelle le pouvoir central au "dialogue".

Le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, lors d'une conférence de presse à Erbil, en Irak, le 22 septembre 2017. AFP / SAFIN HAMED

Bagdad a lancé mardi un ultimatum au Kurdistan irakien lui intimant de remettre le contrôle des aéroports aux autorités centrales, au lendemain d'un référendum d'indépendance où la victoire massive du "oui" ne semble faire aucun doute.

Le président kurde irakien Massoud Barzani a de son côté appelé Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue", assurant la communauté internationale que le référendum ne vise pas à "délimiter la frontière (entre le Kurdistan et l'Irak) ni à l'imposer de facto".

Même si les résultats promis pour mardi n'ont finalement pas été annoncés, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a malgré tout durci le ton contre Erbil. "Le gouvernement a décidé d'interdire les vols internationaux depuis et vers le Kurdistan dans trois jours si les aéroports ne sont pas remis au gouvernement central", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse. Deux aéroports fonctionnent dans la région autonome du Kurdistan irakien, située dans le nord de l'Irak: l'un à Erbil et l'autre Souleimaniyeh. Outre la compagnie nationale irakienne, plusieurs compagnies internationales, notamment iraniennes, turque, jordanienne, libanaise et allemande assurent des liaisons régulières. Bagdad avait déjà demandé dimanche aux pays étrangers de ne plus traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières, l'or noir étant la principale source de revenus du Kurdistan irakien.

Le référendum sur l'indépendance, une décision unilatérale prise par Massoud Barzani, s'est tenu lundi dans cette région --qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk--, mais aussi dans des zones que se disputent Kurdes et gouvernement central. Les Kurdes s'attendent à un oui "massif" et ont déjà célébré lundi soir dans leur capitale, Erbil, avec force feux d'artifices, drapeaux et danses. "Nous sommes le peuple kurde, nous ne sommes pas des Arabes, nous ne sommes pas des Persans (...). Nous sommes Kurdes et le resterons toujours", a lancé à l'AFP un habitant, Ahmad.

Mais le rêve d'indépendance chéri depuis un siècle ne devrait pas devenir réalité dans un futur proche.
Massoud Barzani a affirmé que ce vote ne serait pas aussitôt suivi d'une déclaration d'indépendance mais marquerait plutôt le début de "discussions sérieuses" avec Bagdad. Mardi soir, lors d'un discours télévisé, il a de nouveau appelé Bagdad au dialogue :"Au lieu de sanctions, venez aux négociations afin d'aboutir à un meilleur avenir pour vous et pour nous".

Mais un peu plus tôt, M. Abadi avait martelé que le gouvernement central "imposera son autorité conformément à la Constitution". pour maintenir l'unité de l'Irak. "Nous restons engagés dans les négociations, mais nous ne négocierons pas sur la base du référendum, a-t-il insisté.

 

 

(Lire aussi : Référendum kurde et peurs turques)

 

Déploiement de "forces" ?
Le Parlement de Bagdad a voté lundi une résolution réclamant le déploiement des forces dans toutes les zones" disputées, qui n'a pas encore été appliquée. Ces zones comprennent la province multi-ethnique de Kirkouk ainsi que des secteurs des provinces de Ninive, Dyala et Salaheddine. La plupart avaient été conquises par les peshmergas, les combattants kurdes, en 2014, à la faveur du chaos qui a régné après l'offensive du groupe jihadiste Etat islamique (EI). Cette consultation intervient d'ailleurs alors que les forces irakiennes sont à l'offensive contre les derniers bastions de l'EI, dans le nord et l'ouest du pays.

A Kirkouk, les Arabes, qui ont boycotté le scrutin, assurent ne pas craindre pour leur présence dans cette province. Mais dans les autres territoires disputés, la peur que la situation dégénère existe.

Dans la province de Dyala, cheikh Haytham al Hom, chef d'une des grandes tribus sunnites de la région, parle sans détour.  "Nous avons peur qu'il y ait des affrontements entre l'armée irakienne et les peshmergas après la décision du Parlement d'envoyer des troupes", a dit cet homme vêtu de la tenue traditionnelle tribale.

Mardi, des soldats irakiens ont participé à des exercices militaires de l'armée turque menés à la frontière entre les deux pays, a constaté un journaliste de l'AFP.

 

(Lire aussi : Kurdistan irakien : le référendum, étape décisive du vieux rêve d’indépendance)

 

L'ONU appelle au "compromis"
A l'étranger, ce scrutin est largement critiqué, tout particulièrement par la Turquie, la Syrie et l'Iran, trois pays voisins comptant des minorités kurdes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde mardi contre un risque de "guerre ethnique et confessionnelle" si le Kurdistan irakien menait à terme son projet d'indépendance. Il a particulièrement critiqué l'inclusion dans le référendum de Kirkouk, où vivent des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes.

En Syrie, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a dénoncé un référendum "totalement inacceptable".

Les Etats-Unis se sont dit "profondément déçus" de la décision d'Erbil de maintenir ce référendum, craignant qu'il "augmente l'instabilité" de la région.

Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé "à des compromis".

L'Union européenne a appelé "toutes les parties à résoudre les problèmes par un dialogue pacifique et constructif".

Plus de 3,3 millions de personnes se sont rendues aux urnes, soit 72,16% des inscrits, selon la commission électorale. Mais dans la région de Souleimaniyeh, fief de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), parti rival de Massoud Barzani, ce taux a été de 50% seulement.

 

 

Lire aussi

Un irréductible village chrétien en révolte contre le Kurdistan « dictatorial »

« Notre droit » ou « un enfer » ? Au Kurdistan irakien, la question de l’indépendance ne fait pas l’unanimité

En Irak comme en Syrie, péril en la demeure kurde

Pourquoi Israël est le seul État à soutenir une indépendance kurde

Riyad appelle le Kurdistan irakien à ne pas tenir de référendum

 

Repère

Les Kurdes, un peuple sans Etat en quête de reconnaissance

Bagdad a lancé mardi un ultimatum au Kurdistan irakien lui intimant de remettre le contrôle des aéroports aux autorités centrales, au lendemain d'un référendum d'indépendance où la victoire massive du "oui" ne semble faire aucun doute.
Le président kurde irakien Massoud Barzani a de son côté appelé Bagdad "à ne pas fermer la porte du dialogue", assurant la communauté...

commentaires (3)

ILS VONT TOUS AVALER LA PILLULE AMERE... D,ERDO A ABADI ET AUX AYATOLLAHS !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 48, le 26 septembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • ILS VONT TOUS AVALER LA PILLULE AMERE... D,ERDO A ABADI ET AUX AYATOLLAHS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 48, le 26 septembre 2017

  • En attendant un oui massif , ce qui va leur tomber sur la tête ce sera quelque chose d'autre de massif que d'un oui . Avoir pour seul garant que des usurpateurs de terre de Palestine ne résoudra pas leur problème. J'ai deja pitié de ce peuple qui ne méritait pas ça.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 45, le 26 septembre 2017

  • Erdogan a mis en garde contre un risque de "guerre ethnique et confessionnelle". --------------------------------- Mais Erdogan passe ses journées à faire des déclarations insensées ... Chantages de toutes sortes... Des menaces de toutes sortes ...à l'encontre de tous ses voisins mais aussi à l'encontre de l'Europe ! Avant la fameuse formule "printemps arabe" la Turquie et spécialement Erdogan, avait déjà des relations conflictuelles avec les pays arabes : Syrie (différents territoriaux), Irak (différents sur le droit des eaux et de barrages sur l'Euphrate) Chypre (occupation turque), Jordanie, Égypte, ...et j'en passe Qui n'a pas eu des menaces de la part de ce "Erdogan" ? Même son propre peuple (par qui, il est arrivé ce Monsieur) le persécute et le menace.... (Les citoyens turcs sont menacés jusque dans leur exil !) C'est juste un clown et une marionnette qui passe d'une main à l'autre ...ce Monsieur !

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 50, le 26 septembre 2017

Retour en haut