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Liban - Portrait

Rami Adwan, un ambassadeur qui croit au « supplément d’âme » dans les relations franco-libanaises

Le tout nouveau représentant du Liban à Paris s'apprête à accompagner la visite d'État du président Michel Aoun en France.

Le nouvel ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, aux côtés du président Michel Aoun et de son conseiller, Élias Bou Saab.

Pour Rami Adwan, ce 25 septembre n'est décidément pas un jour comme les autres. Ce n'est pas seulement celui de son quarante-deuxième anniversaire, mais c'est aussi le premier jour de la visite d'État du président Michel Aoun en France. Les formalités de son accréditation ont d'ailleurs été exceptionnellement accélérées pour lui permettre d'être en fonctions à ce moment-là, en tant que nouvel ambassadeur du Liban à Paris. Pour cet homme passionné, la responsabilité est de taille. Il veut en effet montrer aussi bien à ceux qui avaient émis des réserves sur sa nomination qu'à ceux qui l'ont poussé et ont cru en lui qu'il est à la hauteur de la mission, qu'il perçoit à la fois comme un honneur et une vocation. En même temps, c'est l'occasion pour lui de concrétiser sa vision des relations franco-libanaises auxquelles il souhaite donner un nouvel élan, ainsi que sa foi dans le partenariat entre le public et le privé qu'il voudrait consolider en augmentant les échanges entre les deux pays.

Rami Adwan est en effet un homme de son époque, qui connaît le secteur privé ainsi que le secteur public. Il a ainsi fait ses études universitaires en France. Diplômé de l'École supérieure de commerce de Rouen, il a rejoint l'Institut des études politiques de Paris (Sciences Po), puis l'ENA, en même temps que l'actuel président français, Emmanuel Macron. Ce qui a créé forcément des liens solides et surtout permis aux jeunes étudiants de partager « des projets de vie pleins de similitudes, tout en favorisant l'épanouissement de la communauté de destins », selon ses propres termes. Il ajoute que cette promotion-là de l'ENA était très politique.

Son choix d'entrer dans le corps diplomatique était dicté par ses affinités avec les langues, les cultures et la communication, mais aussi par un sens politique aigu et un intérêt passionnel pour la chose publique. D'abord facile, Rami Adwan a un talent inné pour mettre immédiatement ses interlocuteurs à l'aise et leur donner le sentiment de les connaître depuis longtemps. D'une curiosité insatiable, il a tant de centres d'intérêt qu'il est toujours en mesure de trouver des points communs avec eux. Déterminé, voire autoritaire, il n'impose pourtant jamais sa vision ou ses décisions par la force ou la colère. Il préfère développer, argumenter, discuter, jamais las des échanges et convaincu de toujours finir par avoir gain de cause.

Il est aussi un travailleur inlassable, un « workaholic » comme on dit aujourd'hui, qui assume ses choix et ses responsabilités. Ces qualités particulières lui ont permis d'avoir un parcours hors normes, sa carrière l'ayant mené en Europe (en Roumanie et aux Pays-Bas), alors que des formations universitaires l'ont mené aux États-Unis et en Afrique du Sud. Il a ainsi fréquenté les centres internationaux de décision, avant que l'actuel ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, ne décide de le nommer chef de son cabinet. Il y est resté quatre ans, se retrouvant ainsi pratiquement proche des cercles du pouvoir, M. Bassil n'étant pas seulement chef de la diplomatie, mais l'un des plus proches collaborateurs du général Michel Aoun, devenu président de la République le 31 octobre 2016.

 

(Lire aussi : Aoun à Paris aujourd’hui : une visite d’État et des dossiers vitaux)

 

Retour à la rue Copernic
Rami Adwan ne cache d'ailleurs pas son allégeance à l'actuel chef de l'État, déclarant avec ce sens de l'humour qui ne le quitte jamais : « Il y a 27 ans, je participais aux manifestations des étudiants libanais en France devant l'ambassade du Liban, rue Copernic, à la suite des événements du 13 octobre 1990. Aujourd'hui, je suis de retour sur les lieux, mais cette fois à l'intérieur de l'ambassade. » Entre-temps, le jeune étudiant fougueux a fait beaucoup de chemin, découvrant que le monde n'est pas toujours régi par des idéaux.

Mais il reste convaincu que le droit finit toujours par l'emporter. Il suffit simplement d'avoir une foi solide et une grande détermination. Son poste de chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères lui a aussi permis de mieux connaître les rouages politiques et diplomatiques dans toute leur subtilité, et tous ceux qui ont accompagné ou suivi les voyages de M. Bassil autour du monde pour des missions délicates ou des rencontres avec la diaspora libanaise ont eu l'occasion de voir à l'œuvre ce jeune homme dynamique, toujours en mouvement, l'œil pétillant derrière ses lunettes. Infatigable est vraiment le mot qui résume le mieux Rami Adwan qui, entre deux voyages, deux réunions, deux projets, trouve encore le temps de jouer avec ses trois enfants (auxquels il parvient à consacrer du temps, en dépit d'un emploi du temps chargé et chaotique) et de s'adonner à son hobby favori, la lecture. La littérature occupe d'ailleurs une grande place dans sa vie, tant elle lui permet de cultiver son imaginaire, ainsi que ses rêves grandioses pour son pays, pour la France et pour le monde en général. Un de ses auteurs préférés est d'ailleurs l'ancien Prix Nobel de littérature portugais José Saramago, dont il aime « le souffle » qui marque ses écrits.

Souffle, élan sont d'ailleurs des mots qui reviennent souvent dans ses propos, tant Rami Adwan est motivé par l'enthousiasme et la foi dans ce qu'il entreprend. « Je voudrais recréer la passion dans les relations entre la France et le Liban, dit-il. Il ne s'agit pas seulement d'intérêts économiques, politiques, militaires, historiques et culturels. Entre la France et le Liban, il y a bien plus que cela, un rôle que la France veut jouer et que le Liban appelle... » Selon lui, les relations entre la France et le Liban ne peuvent pas ressembler à celles qui unissent le Liban à d'autres pays. Les liens sont particuliers, parce qu'ils mélangent l'émotion, l'intérêt et une sorte de communauté de destin. C'est cette particularité qu'il souhaite mettre en valeur, et la visite d'État – la première de ce type effectuée en France par un chef d'État étranger depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française – de Michel Aoun à Paris sera certainement l'occasion de donner un nouvel élan, « ce supplément d'âme » comme diraient certains, qui a manqué ces dernières années aux relations entre les deux pays, pour plus d'une raison, notamment à cause de l'absence d'un ambassadeur rue Copernic, faute de nominations diplomatiques.

Cette visite sera donc pour le nouvel ambassadeur du Liban à Paris une sorte de baptême du feu, mais surtout elle sera l'occasion pour lui de travailler concrètement pour mettre en œuvre sa vision des relations entre les deux pays. M. Adwan participera à chaque étape de cette visite, mais dans sa tête, il prépare déjà la visite d'Emmanuel Macron au Liban, prévue au printemps prochain.

 

 

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