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Liban - Le portrait de la semaine

Joseph Moukarzel, « le passeur » entre journalisme, communication et architecture...

Retour sur le parcours pluridimensionnel du PDG et rédacteur en chef du journal satirique « ad-Dabbour » et député suppléant pour les Français de l'étranger.

Joe Moukarzel.

Pour diriger et éditer un journal, il ne suffit pas d'être l'héritier de son fondateur. Il faut aussi être passionné, déterminé et confiant dans le rôle de la presse dans un monde aussi complexe que le nôtre. Joseph Moukarzel, PDG et rédacteur en chef du journal satirique ad-Dabbour – élu récemment député suppléant pour la 10e circonscription des Français de l'étranger (dont fait partie le Liban) – rassemble certainement ces qualités, doublées d'une intelligence vive et d'une énergie débordante.

Mais « l'histoire d'amour » entre M. Moukarzel et le monde de la politique et de la presse écrite remonte à son enfance. « Je suis né dans une famille où la politique et les politiciens étaient omniprésents », souligne-t-il, avant de poursuivre d'un ton nostalgique : « Ad-Dabbour était localisé dans le même immeuble que notre demeure familiale. Je jouais parfois sous la table de rédaction, alors que les journalistes, dont mon père Richard Moukarzel (fondateur du journal satirique), engageaient de violentes discussions. » Au fil des années, il a appris à aimer l'odeur des journaux et à détester celle des cigarettes, comme il l'indique avec humour.

C'est donc dans cette atmosphère que Joseph Moukarzel a grandi et commencé à planifier un avenir brillant, principalement axé sur une carrière de journaliste. Mais le destin en a voulu autrement. Au moment de prendre les grandes décisions de la vie, la guerre civile a éclaté, modifiant radicalement les plans de M. Moukarzel. « Durant cette période, le journal a subi de fortes pressions et menaces qui ont conduit à sa suspension, se souvient son PDG. Face à cette situation, j'ai dû opter pour autre chose. J'ai donc suivi des études d'architecture en France », dit-il.

Mais la passion sans égale pour la presse et la communication conduit cet homme élégant et affable à présenter une thèse de doctorat sous le thème « architecture et communication ». « Mes amis me surnomment aujourd'hui "le passeur" entre ces deux spécialisations », lance-t-il.

 

« Ad-Dabbour » revoit le jour...
Outre cette passion pour le journalisme, Richard Moukarzel a transmis à son fils la détermination et la volonté de réaliser tous ses rêves. C'est ainsi qu'après avoir décroché un master en journalisme, cet « architecte » rentre au Liban avec pour objectif de rééditer ad-Dabbour. Un pari gagné. En 2000, il relance, avec plusieurs collaborateurs de son père (dont notamment le caricaturiste Stavro Jabra et le journaliste Robert Ghanem), ce qu'il appelle « un journal totalement indépendant et loin de l'argent politique qui limiterait sa liberté ». « Je suis contre l'autocensure. En écrivant, il faut être aussi franc que l'on pense, aller aussi loin que l'on peut, et puis on se relit », estime le PDG d'ad-Dabbour.

En dépit de la crise existentielle dont souffre le secteur de la presse écrite, Joseph Moukarzel est confiant dans la continuité de son journal, misant à cet égard sur un large lectorat qui le soutient « et une objectivité que reflètent les critiques lancées contre tous les politiciens ».

 

Aux côtés des jeunes
Convaincu que le hasard n'existe pas, que plusieurs portes s'ouvrent à l'homme et que c'est à lui de saisir les opportunités qui se présentent, Joseph Moukarzel ne manque pas de donner à son parcours, dans les domaines de l'architecture et du journalisme, une nouvelle dimension. En tant que chef des départements d'architecture et de journalisme à l'Université Saint-Esprit de Kaslik (entre 2007 et 2011), et doyen de la faculté d'information et de communication de l'Université antonine, ce chercheur et auteur de plusieurs ouvrages portant sur ses deux passions partage son expérience avec les nouvelles générations. « Il est très beau de communiquer avec les jeunes, tout aussi passionnés et déterminés. On a toujours beaucoup de choses à dire », indique M. Moukarzel avec un grand sourire.

 

« Macron, Pourquoi pas ? »
L'ambition de ce père de famille ne semble connaître aucune limite. En dépit de toutes ses responsabilités, c'est à un nouvel horizon qu'a aspiré Joseph Moukarzel en intégrant la vie politique française en tant que député suppléant pour la 10e circonscription des Français de l'étranger. Mieux encore : il est soutenu par le mouvement La République en marche ! du président français Emmanuel Macron. Quand on lui pose la question « Pourquoi Macron? » il s'empresse de répliquer : « Plutôt pourquoi pas Macron? » « Depuis que le locataire de l'Élysée s'est imposé comme un acteur de la vie politique française, il m'a intrigué », confie M. Moukarzel, avant d'ajouter : « Ce jeune homme de 39 ans a su choisir le bon chemin, celui du centre, à l'heure où le peuple français était déçu aussi bien par la droite que par la gauche. »

Le PDG d'ad-Dabbour admet, toutefois, qu'au début, il était septique quant à l'ascension fulgurante de M. Macron, doté – selon lui – d'une intelligence vive et qui sait communiquer avec les autres. « Puis, à la faveur du rapport intellectuel de ma femme avec lui, j'ai changé d'avis, dit-il. Au lieu de poser la question "pourquoi?" je me suis dit "pourquoi pas ?" Pourquoi ne pas donner aux jeunes la chance de faire leurs preuves, à l'heure où les vétérans ont déçu les gens ? » s'interroge-t-il, se félicitant du fait que le nouveau président français a réussi à remettre la France au rang des grandes nations.

Si le Liban reste au centre des préoccupations du député français, il préfère continuer à y exercer son rôle de journaliste. C'est d'ailleurs en cette qualité qu'il adresse cet émouvant message à ses collègues du monde de la presse, mais aussi au peuple libanais dans son ensemble : « Tant qu'il y a de la vie dans le corps du Liban, on ne pourra pas l'enterrer. La vie, c'est cette presse libre qui lui injecte du sang frais. Ainsi, le rôle de la presse est vital pour que le pays demeure. Après, nous aurons certainement le temps de reconstruire le Liban dont nous rêvons. »

 

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