Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, en visite en France, a affirmé jeudi que c'est l'Etat et le peuple qui ont remporté la victoire contre le terrorisme, critiquant ainsi le Hezbollah sans le nommer.
"Certains tentent d'exploiter cette victoire mais c'est l'Etat, le peuple et l'armée libanaise qui l'ont remportée", a déclaré M. Hariri lors d'un point de presse à l'Hôtel Matignon à l'issue d'un entretien avec son homologue français, Edouard Philippe.
Le Hezbollah organise aujourd'hui une célébration de la "deuxième libération" du pays après les opérations militaires qui ont mis fin à la présence des jihadistes dans la région frontalière du nord-est du Liban.
"Nous, comme tous les Libanais, sommes très fiers de ce qu'a accompli l'armée libanaise dans sa bataille contre le terrorisme", a déclaré M. Hariri. "Le Liban a connu une période difficile. Nous avons eu des soldats tués dans la bataille contre Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique). L'important, c'est que l'armée ait remporté cette guerre", a-t-il ajouté, indiquant qu'il était nécessaire de "renforcer l'Etat libanais".
L'armée libanaise a mené bataille contre l'EI dans les jurds (hauteurs) de Ras Baalbeck et de Qaa, localités chrétiennes de la Békaa. Sept soldats libanais ont été tués dans le cadre de ces combats. Alors qu'elle s'apprêtait à lancer l'ultime phase de sa bataille contre les jihadistes de l'EI retranchés dans les jurds de Qaa et Ras Baalbeck, l'armée avait annoncé dimanche matin un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations sur le sort des militaires libanais enlevés par l'EI en 2014. Cet accord a été scellé par le Hezbollah, qui combattait l'EI avec l'armée syrienne à partir de la Syrie.
Dans le cadre de cet accord, les quelque centaines des combattants de l'EI présents dans "la région du Qalamoun (ouest de la Syrie) et dans ses environs au Liban devaient être transférés dans la province de Deir ez-Zor" toujours tenue par l'EI. En échange, le groupe jihadiste a révélé des informations concernant les dépouilles mortelles des militaires libanais. Il doit aussi libérer des combattants du Hezbollah détenus en Syrie. Mais une frappe de la coalition antijihadiste dirigée par Washington, mercredi, a bloqué le convoi aux portes de Deir ez-Zor, près de 48 heures après son départ de la zone frontalière.
Onze militaires avaient été enlevés en août 2014 par l'EI à Ersal. Deux (Ali Sayyed et Abbas Medlej) avaient été décapités la même année, et un troisième avait fait défection. Le corps de Ali Sayyed avait été restitué à sa famille. Celui de Abbas Medlej fait probablement partie des dix dépouilles retrouvées et qui sont en cours d'identification.
Huit de ces dépouilles appartiendraient aux soldats qui étaient toujours détenus par le groupe jihadiste. La neuvième serait celle d'un soldat porté disparu depuis les combats. Six des dix dépouilles retrouvées ont été formellement identifiées suites à des tests ADN, a annoncé l'armée mercredi. A l'annonce des résultats de ces tests, une journée de deuil national sera décrétée, ont promis les responsables militaires et politiques.
La question des réfugiés
Par ailleurs, le chef du gouvernement a évoqué la question des réfugiés syriens. "Je suis là pour discuter de la façon dont on pourra régler cette question en respectant les intérêts du Liban et des réfugiés", a-t-il déclaré. "Nous pensons que la meilleure solution pour eux serait un retour en sécurité dans leur pays", a-t-il ajouté.
Interrogé quant à une éventuelle coopération avec la Syrie afin de résoudre cette crise, M. Hariri a affirmé que la solution ne dépend en aucun cas de la coopération avec Damas. "Certains pays, comme l'Irak, ont maintenu leurs relations avec la Syrie et pourtant les réfugiés qui s'y trouvent ne sont pas rentrés chez eux", a-t-il argué.
Depuis le début de la guerre en Syrie, plus de 1,5 millions de personnes se sont réfugiées au Liban. Certains protagonistes, proches du régime de Bachar el-Assad, souhaitent que des canaux de communication soient ouverts avec Damas afin de résoudre cette crise.
Plus tôt dans la journée, M. Hariri s'était entretenu avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. M. Hariri était accompagné du chargé d'affaires de l'ambassade du Liban à Paris, Ghady Khoury, et de ses conseillers Nader Hariri, Basile Yared et Nadim Mounla.
Lire aussi
La victoire est immense, mais la menace demeure..., le décryptage de Scarlett HADDAD
Virulence US contre léthargie locale face au Hezbollah
Aoun annonce « la victoire du Liban contre le terrorisme »
Berry : Parfois, les victoires par la négociation sont plus importantes...
Nasrallah répond aux Irakiens : Les takfiristes ont été transférés vers l’intérieur de la Syrie
"Certains tentent d'exploiter cette victoire mais c'est l'Etat, le peuple et l'armée libanaise qui l'ont remportée", a déclaré M. Hariri lors d'un point de presse à l'Hôtel Matignon...
commentaires (5)
Vous croyez vraiment à ce que vous racontez Et qui était à Damas pour l'évacuation des djihadistes du Liban ?
FAKHOURI
20 h 03, le 31 août 2017