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À La Une - Liban

Les députés interpellent le gouvernement sur plusieurs dossiers polémiques

La bataille de l'armée contre l'EI et la grille des salaires animent la séance parlementaire.

Des députés et des membres du gouvernement libanais au Parlement, à Beyrouth, le 22 août 2017. Photo An-Nahar/Nasser Trabulsi

Une séance de questions au gouvernement a débuté mardi à onze heures au siège du Parlement libanais, dans le centre-ville de Beyrouth, sous l'égide du président de la Chambre, Nabih Berry. Levée dans l'après-midi, la séance a repris vers18 heures.

Lors de la première partie de la séance, le Premier ministre Saad Hariri et les députés ont salué l'action de l'armée libanaise qui a lancé dans la matinée la dernière phase de son offensive contre le groupe Etat islamique dans les jurds (arrières-pays) de Ras Baalbeck et de Qaa, localités chrétiennes de la Békaa frontalières de la Syrie.

Plusieurs autres sujets ont été évoqués parmi lesquelles la grille des salaires du secteur public et les taxes destinées à en assurer le financement, ainsi que l'annulation de l'appel d'offres des navires-centrales.

 

Hariri défend l'action de son gouvernement
"Je rends hommage à l'armée libanaise, à son commandement, aux officiers, aux soldats et aux martyrs", a déclaré Saad Hariri. "Les exploits de l'armée, grâce aux sacrifices de ses héros, sont les plus importants", a-t-il ajouté sur ce sujet.

Le chef du gouvernement a également salué la coopération entre les différentes institutions sécuritaires du pays qui "contribue à la protection du Liban contre les menaces terroristes", prenant comme exemple de cette coopération réussie le projet d'attentat à la bombe avorté visant un vol de la compagnie d'Abou Dhabi, Etihad Airways, au départ de Sydney, le 15 juillet dernier.

M. Hariri a ensuite évoqué l'action de son cabinet. "Le gouvernement œuvre pour la stabilité politique et sécuritaire du pays et s'est donné pour mission de lutter contre la corruption", a-t-il déclaré, réaffirmant l'engagement à organiser des législatives aux dates prévues et rappelant les réformes adoptées. Parmi les réalisations qu'il a citées, "la réactivation des relations avec les pays frères qui protègent le Liban des conflits de la région, l'adoption du budget et de la grille des salaires et les nominations diplomatiques et au sein de l'administration".

 

(Lire aussi : L’aboutissement des aventures guerrières, l'édito de Michel TOUMA)

 

Zahra : "le gouvernement ne mérite pas la confiance"
Antoine Zahra, député des Forces libanaises, a ensuite pris la parole pour exprimer l'espoir que l'opération de l'armée "sera le prélude à un retour en force du pouvoir politique".

"Nous faisons partie d'un gouvernement qui a suscité beaucoup d'espoir mais aujourd'hui, cet espoir a été déçu. Dans les chaumières, on entend parler de lois sur mesure, de calculs politiques", a regretté M. Zahra. "La confiance dans le gouvernement est encore inexistante. Il ne la mérite pas, en raison des suspicions et des accusations dans plusieurs secteurs, dont l'électricité, l'enseignement ou la santé", a-t-il déploré, appelant à des reformes "transparentes et rapides", et qualifiant de suspicieuses les adjudications en cours.

Par ailleurs, le député a exprimé l'espoir que les frais de scolarité des écoles privées n'augmenteront pas. Les écoles privées catholiques ont réclamé que la grille des salaires dans la fonction publique et l'enseignement, dont ils redoutent l'impact sur les frais de scolarité, soit revue ou que des dispositions spéciales l'accompagnent. Selon certaines sources, la nouvelle grille va entraîner une hausse de 19 % des frais de scolarité et mettre en difficulté certaines écoles privées gratuites subventionnées par l'État, qui vont devoir fermer.

Lundi, les deux lois sur la grille des salaires du secteur public et sur les taxes destinées à en assurer le financement ont été publiés dans un numéro spécial du Journal officiel après avoir été contresignées par le président Michel Aoun. Des textes de lois revêtus du caractère de double urgence seront votés pour corriger des dispositions approuvées à la hâte par la Chambre au sujet des mesures de financement. Ces textes sont à l'ordre du jour de la séance parlementaire en cours.

 

(Lire aussi : Le point sur l’entrée en vigueur des nouvelles taxes)

 

Fadlallah s'élève contre le gaspillage et la corruption
Prenant la parole, Hassan Fadlallah, député du Hezbollah et président de la commission des Télécoms, a dénoncé le gaspillage de l'argent public. "Les dettes auprès du ministère des Télécoms s'élèvent à près de 700 milliards de livres libanaises. 450 milliards proviennent des lignes téléphoniques ayant été coupées, 250 des communications privées", a-t-il affirmé, dénonçant par ailleurs des dépenses injustifiées dans le secteur de la téléphonie mobile et des biens publics. "Nous continuons à espérer que les responsables de la corruption finiront par rendre des comptes", a-t-il déclaré.

Par la suite, l'ancien Premier ministre Mikati a salué l'action du directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, qui a "multiplié les opérations contre le terrorisme", ainsi que celle de l'armée. Il a également appelé le gouvernement à clarifier certaines dispositions de la loi électorale, notamment sur le plan du dépouillement. Par ailleurs, il a estimé que la grille des salaires était '"d'une grande injustice contre l'institution militaire".

 

(Lire aussi : Adwan évoque des amendements sur le financement de la grille des salaires)

 

Ghanem : "Il ne peut pas y avoir plusieurs gouvernements au Liban"
Le député Robert Ghanem a dénoncé pour sa part les adjudications autour des navires-centrales censés être loués pour produire du courant électrique. Jeudi dernier, le gouvernement libanais a annulé l'appel d'offres relatif aux centrales flottantes. Un nouvel appel d'offres est attendu. M. Ghanem a également dénoncé le limogeage de l'ancien président du Conseil d'État, Chucri Sader, nommé la semaine dernière à la présidence d'une des chambres de la Cour de cassation.
"Le gouvernement a accompli certaines choses mais les gens en ont assez d'attendre", a-t-il lancé, ajoutant qu'"il ne peut pas y avoir plusieurs gouvernements au Liban".

Pour sa part, Marwan Farès, député de Baalbeck-Hermel et membre du Parti nationaliste social syrien, a estimé que l'armée libanaise et l'armée syrienne "combattent le même ennemi". Dans les milieux favorables au régime Assad, on appelle à une coopération entre l'armée libanaise d'une part, le Hezbollah et l'armée syrienne d'autre part. Ces deux derniers ont lancé samedi, au même moment que l'armée libanaise, l'assaut contre les jihadistes retranchés dans le Qalamoun, à partir du territoire syrien.

 

(Lire aussi : La LADE dénonce le non-respect des délais constitutionnels)

 

Budget : Kanaan réclame la clôture des comptes
Prenant la parole, Ibrahim Kanaan, député membre du Courant patriotique libre, a soulevé la question d'une loi de programmation d'armement de la troupe approuvée il y a un an mais jamais mise en œuvre.

Le président de la commission des Finances s'est ensuite exprimé sur le budget. "Pendant plusieurs mois, la commission a joué son rôle d'examen et de surveillance dans un esprit de réforme auquel nous sommes attachés", a déclaré M. Kanaan, regrettant que certains députés "n'aient pas été assez assidus pour que notre travail se termine plus rapidement". 

Il a appelé le gouvernement à transmettre le projet de loi relatif à la clôture des comptes au Parlement pour qu'il puisse être discuté avant d'être voté. "Ce n'est pas une demande politique, mais une obligation constitutionnelle", a-t-il dit.

 

(Lire aussi : Un double jeu du Hezbollah ?)

 

Gemayel : "Le peuple n'est pas convaincu par ce gouvernement"
A son tour, Samy Gemayel, chef des Kataëb et député du Metn, a, accusé certaines parties d'avoir "mis en doute les capacités de l'armée à défendre le Liban". "Nous devons tous avoir confiance en elle afin qu'elle soit seule à accomplir la mission de défendre le pays", a-t-il déclaré.

S'appuyant sur des propos de M. Hariri selon lesquels il aurait préféré que l'armée livre la bataille du jurd d'Ersal, menée fin juillet par le Hezbollah contre le Front Fateh el-Cham, M. Gemayel s'est demandé "pourquoi le gouvernement n'est-il pas sorti de son sommeil plus tôt et n'a-t-il pas pris alors la décision de mener cette bataille ?" "Qui a permis que des personnes condamnées et incarcérées soient libérés" dans le cadre de l'accord ayant mis un terme à la bataille d'Ersal ?", a-t-il lancé.

Il a ensuite soulevé la question de la visite de ministres libanais en Syrie. "Ces visites étaient-elles officielles ? Est-il possible que des ministres expriment une autre position que celle du gouvernement ?", s'est-il interrogé, demandant au "gouvernement et au gouvernement bis de se mettre d'accord". Le ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos (Marada), ainsi que ses collègues de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter (Amal), et de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan (Hezbollah), participent à la Foire internationale de Damas. Ces visites font polémique au Liban, provoquant une division au sein du gouvernement entre ministres favorables au régime du président syrien Bachar el-Assad, et ceux qui lui sont hostiles.

Le chef des Kataëb est ensuite revenu sur la grille des salaires. "Les prix vont augmenter de 10 à 20% avec les nouvelles taxes et impôts prévus pour financer l'échelle des salaires. Le gouvernement va devoir appliquer une politique de réduction pour que le président Michel Aoun ne soit pas accusé de populisme", a-t-il déclaré, dans une allusion aux accusations lancées contre son parti lors du débat sur cette question, ajoutant que les Kataëb préparaient un recours sur ces lois.

Il est également revenu sur le dossier de la décharge côtière controversée de Bourj Hammoud, dans le Metn. "il s'agit de la plus grande catastrophe écologique et environnementale de toute l'histoire du Liban", a-t-il lancé, appelant le gouvernement à agir.

"Le peuple n'est pas convaincu par ce gouvernement", a-t-il ajouté, dénonçant notamment le fait que "les accords et les petites cuisines se font en dehors du Parlement et des institutions constitutionnelles". "Tout ce qu'on demande aux députés, c'est d'entériner les décisions et cela n'est pas acceptable", a-t-il conclu.

 

(Lire aussi : Les Kataëb mettent en garde contre les « répercussions désastreuses » des nouvelles taxes)

 

Le Litani
Ali Fayad, député membre du Hezbollah, a invité le gouvernement à agir sur la question du fleuve Litani.. Il y a plusieurs mois, des agriculteurs et responsables ont mis en garde contre la pollution grandissante du fleuve.

Le député de Marjeyoun-Hasbaya a également soulevé la question des bien-fonds publics, appelant les responsables à préserver les plages du littoral libanais, notamment à Ramlet el-Baïda et Dalieh, situés à Beyrouth.

Par ailleurs, M. Fayad a déclaré que la loi sur la grille des salaires comportait "plusieurs amalgames et erreurs qu'il faut corriger".

 

"Violation de la Constitution"
Lors de la séance du soir, le député Boutros Harb a estimé que le gouvernement a "violé" la Constitution en ne convoquant pas la tenue d'élections législatives partielles. "Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas convoqué le collège électoral?", s'est-il interrogé.

Concernant le limogeage de Chucri Sader, M. Harb a affirmé : "Le pouvoir exécutif dit à la justice : soit vous faites ce que nous voulons soit nous vous renvoyons en violant la loi". "Il est de l'intérêt du pouvoir de maintenir l'indépendance du pouvoir judiciaire et ce qui se passe est dangereux pour le Liban et les Libanais", a-t-il estimé.

Le député Ali Bazzi a pour sa part interrogé le gouvernement au sujet du pétrole. "Nous souffrons d'une crise économique, où en est ce dossier, et quand commencerons-nous à extraire du pétrole de la mer?", a-t-il demandé.

A la fin de la séance, M. Hariri a pris la parole pour exprimer le point de vue du gouvernement. "Ce qui se passe dans les jurds est un signe de confiance dans e rôle de gouvernement, de l'État et de l'armée", a-t-il dit.

Au sujet du dossier de l'électricité, il a indiqué que "l'État a payé jusqu'à aujourd'hui 30 milliards de dollars pour soutenir l'électricité". "Cela doit cesser et ne cessera que lorsqu'un plan clair pour régler le problème de l'énergie sera mis en place, a-t-il dit. Le pays a aujourd'hui la capacité de produire 1 500 mégawatts alors qu'il a besoin de 3 000 mégawatts et le gouvernement a un plan en 3 phases".

Une séance de questions au gouvernement a débuté mardi à onze heures au siège du Parlement libanais, dans le centre-ville de Beyrouth, sous l'égide du président de la Chambre, Nabih Berry. Levée dans l'après-midi, la séance a repris vers18 heures.
Lors de la première partie de la séance, le Premier ministre Saad Hariri et les députés ont salué l'action de l'armée libanaise qui a...

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LA COMEDIE EN MARCHE...

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 44, le 22 août 2017

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Commentaires (3)

  • LA COMEDIE EN MARCHE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 44, le 22 août 2017

  • Le "gouvernement libanais"... quel gouvernement...ce rassemblement de personnes incapables et inutiles ? Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 28, le 22 août 2017

  • Le député PSNS Marwan Farès est-il membre du Parlement libanais ou du Parlement Syrien ?

    Un Libanais

    16 h 24, le 22 août 2017

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