Le ministère de l'Économie et du Commerce a publié hier un arrêté imposant plusieurs mesures de contrôle sur l'activité des propriétaires de générateurs privés – qui fournissent du courant pendant les heures de coupures – et d'encadrer davantage leurs tarifs. Le texte oblige notamment les exploitants à installer des compteurs personnels chez leurs abonnés « avant fin septembre » et de calculer le montant de leurs factures à partir de cette date en tenant compte de « la consommation réelle de chaque foyer » calculée en kilowattheure kWh – au lieu du nombre d'heures de courant fourni avec une puissance plafonnée (sur une base de 5 ampères). Ces mesures avaient déjà été évoquées par le ministre de l'Économie, Raëd Khoury, et celui de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil, lors d'une conférence conjointe en mai, pendant laquelle ils avaient affirmé leur volonté de contrôler davantage les tarifs des générateurs, afin de limiter les abus.
(Pour mémoire : Générateurs : le gouvernement veut mieux contrôler les prix)
Frais d'installation
La décision du ministère de l'Économie impose en outre aux exploitants de s'enregistrer auprès de ses services – par voie électronique ou par courrier et dans un délai de deux mois – en précisant notamment le nombre de foyers qu'ils desservent. Elle les oblige enfin à tenir des registres dans lesquels figurent les noms de leurs abonnés et leur consommation, des documents dont ils devront transmettre chaque mois une copie à la Direction de la protection du consommateur (DPA), rattachée au ministère de l'Économie.
Bien qu'illégaux, les exploitants de générateurs privés sont tolérés par les pouvoirs publics qui sont sans solutions depuis des années pour combler le déficit de production d'Électricité du Liban (EDL, l'établissement public à qui la loi confie le monopole de la production de courant). Le ministère de l'Énergie encadre même les tarifs de ces exploitants, tandis que la centaine d'inspecteurs de la DPA tentent de contrôler leur application a posteriori. Jeudi dernier, le ministère de l'Énergie a ainsi fixé à 202 livres (0,13 dollar) le prix d'une heure de courant pour 5 ampères, qui est également applicable au kWh. Ce tarif est calculé en fonction du prix retenu par le ministère pour 20 litres de mazout, (8,8 dollars en juillet) ainsi que de la moyenne des heures de rationnement sur la même période (4,5 heures à Beyrouth et 253 heures en moyenne dans le reste du pays).
Il reste que les nouvelles mesures du ministère de l'Économie passent mal auprès des propriétaires de générateurs qui se plaignent déjà de la baisse de leurs revenus parallèlement à la chute des prix du pétrole et la hausse progressive des capacités d'EDL – qui fournit 272 MW de plus (soit trois heures de courant en moyenne) depuis le début de l'année. « Nous sommes inquiets car le ministère ne donne pas de précisions concernant la prise en charge des frais d'installation des compteurs », se plaint l'un d'eux à L'Orient-Le Jour, se souvenant qu'en mai dernier, M. Khoury avait indiqué qu'ils seraient assumés par les exploitants. « De manière générale, il sera difficile pour le ministère de s'assurer que ces mesures seront appliquées de façon uniforme sur tout le territoire avec les seuls effectifs de la DPA », ajoute-t-il. M. Khoury n'était pas joignable pour répondre aux questions de L'Orient-Le Jour.
Pour mémoire
Tensions entre les propriétaires de générateurs et le ministère de l’Énergie
commentaires (6)
Ils ont privatisé le secteur?????
Christine KHALIL
16 h 50, le 02 août 2017