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Liban - Éclairage

Le débat sur la stratégie de défense de retour en Conseil des ministres

Des milieux occidentaux évaluent à sa juste valeur l'opération menée par le Hezbollah dans le jurd de Ersal contre les miliciens du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), qui ont été repoussés de la frontière libano-syrienne vers Idleb, dans le nord de la Syrie, par le biais d'un marché conclu trois jours après les combats, lorsque l'émir local du groupe jihadiste, Abou Malek el-Tallé, a réclamé des négociations pour se faire évacuer. Le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui travaille sur ce dossier depuis un certain temps, a pris en charge cette mission. L'opération, qui a commencé dimanche, devrait se terminer ce matin.

Dans une volonté d'exploiter sur la scène politique locale son offensive militaire dans le jurd de Ersal, le Hezbollah a ressorti son triptyque « armée-peuple-résistance », qui serait, affirme-t-il, « à l'origine de sa victoire et qui protégerait aujourd'hui le Liban ». La rétorque est venue de différents milieux politiques dubitatifs face à cette surenchère politico-médiatique du parti chiite : ce qui protège le pays du Cèdre, c'est l'armée et le peuple, point final.

La polémique est telle que le Conseil des ministres ne saurait l'occulter, lors de la séance de jeudi. L'occasion de mettre les points sur les i, soulignent des sources ministérielles, en mettant en exergue le rôle de l'armée libanaise dans la protection des frontières et la préservation de la souveraineté et de la sécurité des citoyens, sans partenariat avec quiconque. La question de la stratégie de défense pour pouvoir profiter des capacités de la « résistance », mais dans le respect du monopole de la violence légitime, devrait ainsi se retrouver une fois de plus au cœur du débat interministériel. Les discussions devraient également porter sur le dossier du tracé des frontières entre le Liban et la Syrie et le recours à la résolution 1701 pour étendre les prérogatives des forces de la Finul à l'Est afin de protéger et contrôler les frontières.

 

(Lire aussi : La deuxième phase reportée à aujourd’hui « pour des raisons logistiques »...)

 

Comme il existe un conflit autour des armes du Hezbollah et de sa participation aux combats en Syrie pour la défense du régime Assad, le Premier ministre Saad Hariri tentera de garder ce dossier hors du cadre de la discussion pour ne pas menacer la solidarité interministérielle et l'unité du cabinet, conformément aux principes généraux établis lors de la formation du gouvernement Hariri. La stabilité du Liban est le plafond qu'aucune partie ne peut dépasser, estime M. Hariri, d'où la nécessité d'une discussion calme, sans que cela ne menace l'unité nationale et le vivre-ensemble.

Qu'à cela ne tienne, d'aucuns sur la scène interne reconnaissent que l'opération du jurd de Ersal s'est déroulée en fonction d'un timing lié aux événements en Syrie et en fonction d'un agenda iranien. Il est en effet question d'un compromis en gestation en Syrie pour mettre fin à la crise et de négociations politiques en septembre prochain, après que des experts américains, occidentaux et arabes eurent fini de mettre au point un projet final de Constitution, de système politique et de découpage des frontières entre les régions. Le territoire syrien serait ainsi divisé en trois cantons au sein d'un système fédéral présidentialiste. Chaque canton aura son propre gouvernement et sa propre police, liée à une police centrale.

Avant le début de ses négociations, et dans le cadre des efforts visant à consolider le cessez-le-feu et à sanctuariser les régions de désescalade, il était nécessaire d'en finir avec le Front Fateh al-Cham et le groupe État islamique, au moment où ce dernier s'effondre à Mossoul et Raqqa. C'est dans ce cadre que s'inscrivait l'opération du Hezbollah dans le jurd de Ersal.

Le Hezbollah était par ailleurs à la recherche d'une victoire rapide qui rappellerait sa position et son influence, notamment face à l'accord russo-américain sur la Syrie, qui vise à brider les ardeurs de Téhéran en territoire syrien. Aussi le Hezb a-t-il placé le contrôle du Qalamoun sous l'influence iranienne, dans une riposte fulgurante. Sur le plan interne, le Hezbollah tente ainsi d'empêcher toute reddition de comptes de sa part après son équipée syrienne, à l'heure où il est question du départ de toutes les forces non syriennes de Syrie.

Pourquoi le Hezbollah n'a-t-il pas poursuivi la bataille avec l'EI après la débandade du Front Fateh al-Cham ? Pourquoi a-t-il accepté de négocier avec Abou Malek el-Tallé et ses hommes, alors même que sa victoire totale contre les jihadistes d'al-Nosra était assurée ? Pour un expert militaire, ce qui s'est produit dans le jurd de Ersal est un « coup politico-médiatique régional », maquillé en affaire intérieure sous le slogan de la lutte contre le terrorisme et pour la souveraineté nationale. Il reste à savoir pourquoi le Hezbollah a désigné Fateh al-Cham comme sa cible et pas l'EI.

 

 

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Des milieux occidentaux évaluent à sa juste valeur l'opération menée par le Hezbollah dans le jurd de Ersal contre les miliciens du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), qui ont été repoussés de la frontière libano-syrienne vers Idleb, dans le nord de la Syrie, par le biais d'un marché conclu trois jours après les combats, lorsque l'émir local du groupe jihadiste, Abou Malek...

commentaires (2)

A votre série de "pourquoi" Mr Philippe A-A , j'en ajouterai une seule à votre intention , pourquoi les wahabites venus de bensaoudie dits "jihadistes" se sont elles rendues ? n'ont elles pas la réputation de se battre jusqu'à la mort pour arriver au paradis des 72 vierges ? Je vous trouve assez amer , pour une force qui s'est battu pour le Liban quand même , et qui a perdu de jeunes hommes pour la cause LIBAN , je parle de ce cas bien précis de la bataille de ersal , village sunnite parmi des chrétiens et des chiites . Et un autre "pourquoi" puisque vous semblez aimer ça , pourquoi israel n'EST PAS intervenue alors qu'elle assistait en direct au dégommage de ses "sbires" sac de sable au Liban ? Faites des recherches là-dessus et peut être que la victoire de haute lutte du hezb LIBANAIS RESISTANT qui s'est faite en moins d'une semaine vous semblera douce à entendre . Pour terminer mon comment , j'ajouterai que Mme Yara A-A a tout dit sur la question de savoir pourquoi l'armée libanaise peine à prendre sa décision d'attaquer ! En attendant qu'UNE AUTRE journaliste nous en parle en PLUS EN profondeur .

FRIK-A-FRAK

14 h 05, le 01 août 2017

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Commentaires (2)

  • A votre série de "pourquoi" Mr Philippe A-A , j'en ajouterai une seule à votre intention , pourquoi les wahabites venus de bensaoudie dits "jihadistes" se sont elles rendues ? n'ont elles pas la réputation de se battre jusqu'à la mort pour arriver au paradis des 72 vierges ? Je vous trouve assez amer , pour une force qui s'est battu pour le Liban quand même , et qui a perdu de jeunes hommes pour la cause LIBAN , je parle de ce cas bien précis de la bataille de ersal , village sunnite parmi des chrétiens et des chiites . Et un autre "pourquoi" puisque vous semblez aimer ça , pourquoi israel n'EST PAS intervenue alors qu'elle assistait en direct au dégommage de ses "sbires" sac de sable au Liban ? Faites des recherches là-dessus et peut être que la victoire de haute lutte du hezb LIBANAIS RESISTANT qui s'est faite en moins d'une semaine vous semblera douce à entendre . Pour terminer mon comment , j'ajouterai que Mme Yara A-A a tout dit sur la question de savoir pourquoi l'armée libanaise peine à prendre sa décision d'attaquer ! En attendant qu'UNE AUTRE journaliste nous en parle en PLUS EN profondeur .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 05, le 01 août 2017

  • 1 - CE QUI A ETE FAIT LE FUT PAR ACCORD AVEC L,ETAT ET L,ARMEE... PREUVE DE L,INGERENCE DU GENERAL ABBAS IBRAHIM... DONC LES QUESTIONS DOIVENT ETRE POSEES AVANT TOUT A L,ETAT ET A L,ARMEE... 2 - LA STRATEGIE DE DEFENSE RESULTERAIT EN UN PARTENARIAT ENTRE L,ETAT ET SON ARMEE AVEC LE MINI ETAT ET SA MILICE... ET UNE RECONNAISSANCE DE FACTO !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 31, le 01 août 2017

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