De nombreuses chancelleries étrangères directement concernées par la lutte contre le terrorisme expriment un intérêt croissant face à la victoire affichée par le Hezbollah dans les combats qui l'ont opposé au groupe Fateh el-Cham (ex-al-Nosra) dans la région de Ersal et de ses environs. En effet, plusieurs puissances étrangères ont récemment dépêché leurs représentants diplomatiques respectifs auprès des responsables locaux concernés par l'opération militaire en cours. Pendant ce temps, sur le terrain, l'échange de cadavres puis de prisonniers entre le Hezbollah et Fateh el-Cham avait commencé, et c'est précisément de cela que s'enquièrent les différents ambassadeurs. Leurs chancelleries respectives considèrent que cet échange leur permettra d'avoir une idée précise de ce qui s'est passé sur le terrain et de déterminer si ce qui a été véhiculé par les différents médias concernant la victoire de la milice chiite est véridique ou non.
Une puissance étrangère – par ailleurs directement concernée par la délimitation des frontières entre le Liban et la Syrie – veut effectivement être au fait des résultats et conséquences des violents affrontements de la semaine dernière. Elle appelle également dans le même temps à mettre un terme à la polémique qui a éclaté en ce qui concerne la légitimité de l'opération menée par le Hezbollah et considère que ce rôle appartient uniquement à l'armée libanaise et à nulle autre force. La chancellerie précitée accuse ainsi directement l'Iran d'avoir ordonné l'opération militaire à Ersal et refuse de croire qu'elle a eu lieu uniquement à la demande de l'armée libanaise, en dépit des récentes assurances du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a soutenu que cette confrontation est purement libanaise et qu'aucun élément régional ne l'a pour ainsi dire provoquée ou précipitée. Le diplomate dépêché auprès des responsables sécuritaires libanais a également réclamé un état des lieux des ressources et des capacités de l'armée libanaise, alors qu'elle se prépare à prendre en charge la sécurité au niveau de la frontière avec la Syrie.
La puissance en question refuse ainsi que ce tronçon frontalier se transforme à nouveau en point de passage-passoire et s'enquiert ainsi des besoins de l'armée pour mener au mieux cette mission qui s'avère plus que délicate. Il s'agira en effet de contrôler le flux de clandestins qui tentent de traverser la frontière mais aussi de saisir les cargaisons d'armes qui transitent de manière illicite via ce point de passage en provenance de Syrie et à destination du territoire libanais. L'élément crucial pour cette puissance est de s'assurer que les points de passage illicites seront bouclés et surveillés, par le biais notamment de tours de contrôle et de patrouilles des forces de sécurité 24h sur 24. De source informée, l'ambassadeur s'est également enquis des nationalités des combattants d'al-Nosra à la veille de leur retrait annoncé de la zone des combats, à l'aune notamment de l'inquiétude affichée par les pays européens devant le risque d'infiltration de ces éléments sur leur territoire.
Ce diplomate a par ailleurs soulevé le point de savoir si l'armée libanaise va lancer lors de la prochaine étape une opération militaire contre l'État islamique, mais cela s'avère particulièrement compliqué vu que la plupart des combattants de ce groupe sont implantés sur le territoire syrien. Quoi qu'il en soit, l'ambassadeur en question insiste pour que soit mis un terme à la polémique autour du rôle joué par le Hezbollah, surtout que les combats ont touché à leur fin et que la première phase du cessez-le-feu, à savoir l'échange des corps des combattants, a débuté.
Liban - Dans les coulisses de la diplomatie
Les chancelleries occidentales scrutent avec intérêt la nouvelle situation à la frontière avec la Syrie
OLJ / Par Khalil FLEYHANE, le 31 juillet 2017 à 00h00
commentaires (4)
puissance étrangère : la France ? les USA ? Israel ?
Talaat Dominique
16 h 55, le 31 juillet 2017