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À La Une - Irak

"La fin de la bataille de Mossoul ne signifie pas la fin des souffrances pour les civils"

Pour des dizaines, voire des centaines de milliers d'Irakiens contraints de fuir les combats qui ont fait rage pendant neuf mois, l'avenir immédiat demeure bien sombre.

Des civils remplissent des bidons d'eau à Mossoul, en Irak, le 18 juillet 2017. REUTERS/Ari Jalal

La bataille de Mossoul est finie, ou presque. Seules quelques poches de résistance de combattants de l'organisation Etat islamique (EI) subsistent dans la vieille ville. Mais pour des dizaines, voire des centaines de milliers de civils contraints de fuir les combats qui ont fait rage pendant neuf mois, l'avenir immédiat demeure bien sombre.

Plus d'un million d'habitants de la deuxième agglomération d'Irak ont évacué la ville et les villages environnants pour se retrouver aujourd'hui dans des camps de personnes déplacées mis en place dans la région, ou plus loin encore.

Ceux qui s'aventurent à tenter de retourner chez eux ne trouvent souvent qu'immeubles en ruines et rues jonchées de carcasses de voitures calcinées. Des écoles et hôpitaux de la ville, il ne reste rien. L'alimentation en eau et en électricité est à peine assurée. Et des tireurs embusqués de Daech rôdent encore, sans parler du danger que représentent les mines.

"La fin de la bataille de Mossoul ne signifie pas la fin des souffrances pour la population civile. La situation sur le plan humanitaire est non seulement grave, elle pourrait même empirer", résume le Conseil norvégien pour les réfugiés, une organisation norvégienne d'aide humanitaire.

 

(Lire aussi : Les familles des jihadistes en Irak craignent des représailles)

 

Frustration
Dans le camp de réfugiés d'Al Salamiya, dans la plaine de Ninive, environ 2.000 familles vivent sous la tente. La plupart de ces rescapés de l'emprise de l'EI sont ravis d'en avoir fini avec les jihadistes qui les ont terrorisés pendant trois ans. Mais ils s'inquiètent néanmoins pour leur avenir.

Mouhamad Jasim, un ouvrier de 44 ans, est parti de Mossoul avec femme et enfants il y a six semaines. "Sous Daech, c'était très dur, pas de travail, on souffrait et ils étaient très en colère", raconte-t-il. "On a tout abandonné, maison, voiture. j'avais peur pour mes enfants, alors on a dû partir". Mais son sort aujourd'hui est incertain. "On n'a rien d'autre à faire qu'attendre ici. On n'a pas assez de nourriture, le peu d'argent qu'on a, ça va à l'achat de légumes et de glace". Il dit n'avoir aucune idée quand il pourra rentrer chez lui avec sa famille.

Le camp d'Al Salamiya a ouvert en mai et est géré par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il semble correctement organisé et rien ne semble manquer en termes de nourriture ou d'hygiène. Il y a une école et une clinique.

 

(Lire aussi : "J'ai peur que tous ces enfants ne deviennent des criminels en grandissant")

 

Mais en dépit de tout cela, les occupants du camp - des paysans, des commerçants, des gens venus de tous horizons - s'impatientent.

Le responsable du camp, Ali Saleh, de l'ONG française ACTED (Agence d'aide à la coopération technique et au développement), le reconnaît. "Ce n'est pas facile. Les gens sont frustrés. Mais on n'en est qu'au début, on verra dans deux mois", dit-il.

Même si c'est contraire au règlement du HCR, les autorités du camp ont autorisé l'installation de petits commerces de fortune, où les réfugiés peuvent se fournir en fruits et légumes, en petits gâteaux ou ustensiles de cuisine.

A la clinique du camp, le docteur Ahmed Yunis dit qu'il peut y avoir jusqu'à 400 consultations par jour. En général pour des accès de fièvre, des crises de diarrhée ou des maux de ventre.

Des milliers de réfugiés n'ont aucun document d'identité. Leur en fournir de nouveaux n'est pas une mince tâche, explique Nicola Chiesa de Terre des Hommes Italie.

Jusqu'à présent, 23 familles qui vivaient dans le camp sont rentrées à Mossoul. Une en est revenue, disant qu'il n'y avait plus rien pour eux à Mossoul.

 

(Lire aussi : Les déplacés de Mossoul n'ont pas le cœur à rentrer)

 

Reconstruction
Dans la ville-même, un semblant de vie normale reprend, en particulier dans le secteur oriental, le premier à avoir été repris à l'EI, en janvier, par les forces gouvernementales irakiennes et leurs alliés de la coalition internationale sous commandement américain.

L'Unicef livre de l'eau chaque jour à environ 500.000 personnes. L'agence de l'Onu souligne que de nombreux enfants apparemment orphelins ont été retrouvés errant dans la ville. Des bébés vivants ont même été secourus dans les décombres. "Pour 650.000 garçons et filles qui ont vécu ce cauchemar (...) et payé un terrible tribut, les cicatrices physiques et psychologiques prendront du temps à guérir", dit-elle.

La reconstruction de Mossoul sera longue et douloureuse, tout le monde en convient.

Mais déjà des motifs d'optimisme apparaissent. Dans le quartier de Kadiz de Mossoul-Ouest, l'école primaire Abdoulajad a rouvert ses portes. On y enseigne bien sûr l'orthographe et la grammaire ainsi que les mathématiques. Mais aussi comment réagir face aux engins explosifs et aux mines.

 

 

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commentaires (1)

L'important c'est la continuation des souffrances des bactéries wahabites manipulées par israel.

FRIK-A-FRAK

20 h 25, le 20 juillet 2017

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Commentaires (1)

  • L'important c'est la continuation des souffrances des bactéries wahabites manipulées par israel.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 25, le 20 juillet 2017

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