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Moyen Orient et Monde - Reportage

Les familles des jihadistes en Irak craignent des représailles

Les proches des membres de l'EI sont déjà sujets à des menaces des habitants de Mossoul.

Une femme proche d’un homme accusé d’être un jihadiste de l’État islamique dans un camp de Bartella, à l’est de Mossoul, le 15 juillet. Thaier al-Sudani/Reuters

Que vont devenir les femmes et les enfants des jihadistes de l'État islamique une fois le mouvement éradiqué ? La question est devenue pressante après la reconquête de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak, que les membres de l'organisation tenaient depuis trois ans. Pour le moment, leurs proches sont détenus dans un camp de fortune situé à l'est de la ville, où les derniers déplacés ont été recueillis.
« Tous les hommes ont été tués », dit Oum Hamoudi, une femme de 62 ans qui a fui le quartier de Midan la semaine dernière avec 21 membres de sa famille, dont il ne reste que les femmes et les enfants. Son mari, qui combattait dans les rangs de l'EI, a été blessé dans la bataille de la vieille ville. Incapables de le transporter, les femmes ont dû l'abandonner à son sort après lui avoir fait leurs adieux.
Pour les habitants de Mossoul qui ont vécu dans la terreur et la violence pendant trois ans, les proches des jihadistes n'ont plus leur place parmi eux. Des tracts de menaces ont été imprimés et des habitations ont été les cibles de jets de grenades. « La vengeance ne résoudra rien. Ces familles doivent suivre une rééducation », préconise Ali Iskander, chef de l'administration de Bartella, où se trouve le camp de déplacés.
À Mossoul, un décret des autorités locales demande le transfert des proches de jihadistes dans les camps, où ils sont censés suivre de tels programmes de rééducation idéologique, mais les mouvements de défense des droits de l'homme craignent des représailles et une mise à l'écart lourde de conséquences.

Payer pour d'autres
« Si nous les marginalisons, comment les réintégrer dans la nation ? Ils viendront grossir les rangs de Daech », souligne un membre des autorités locales venu visiter le camp. La fille d'Oum Hamoudi n'avait que 14 ans quand son père lui a ordonné d'épouser un combattant jihadiste. Elle était enceinte lorsqu'il a été tué, il y a un an.
Oum Souhaïb, âgée de 32 ans, est sans nouvelles de son mari depuis deux mois. « Il est certainement mort », dit-elle, sans montrer la moindre émotion. Elle a menacé de le quitter quand il s'est enrôlé dans les rangs du mouvement, mais y a renoncé pour le bien de leurs quatre enfants. Très pieux, l'ingénieur en travaux publics avait décidé de mettre ses compétences au service du « califat » proclamé par l'EI. Il a fini par regretter sa décision, mais il était trop tard. « Maintenant, nous sommes perdus », dit sa veuve.
Aucun membre de la famille d'Oum Youssef n'appartenait à l'EI, mais le soupçon est omniprésent. Elle est, elle aussi, sans nouvelles de son mari depuis qu'ils ont fui Midan, la semaine dernière. Selon elle, il a été conduit à l'hôpital après avoir subi un interrogatoire destiné à identifier les jihadistes. « Ils disent : "Vous êtes tous de Daech", mais c'est faux et, même si on l'était, nous ne sommes que des femmes et des enfants. On ne peut pas payer pour d'autres », ajoute-t-elle.

Isabel Cole / Reuters

Que vont devenir les femmes et les enfants des jihadistes de l'État islamique une fois le mouvement éradiqué ? La question est devenue pressante après la reconquête de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak, que les membres de l'organisation tenaient depuis trois ans. Pour le moment, leurs proches sont détenus dans un camp de fortune situé à l'est de la ville, où les derniers...

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