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À La Une - Irak

A Mossoul dévastée, on rêve de reconstruction et d'une vie normale

"Les routes, l'eau courante, l'électricité... Il n'y a plus rien", déplore un habitant du quartier d'al-Jadida.

Un Irakien devant un échoppe à Mossoul-Ouest, en Irak, le 12 juillet 2017. AFP / FADEL SENNA

Près du vieux Mossoul ravagé par les combats, Maher al-Nejmawi observe avec satisfaction un ouvrier en train de repeindre son échoppe, abandonnée depuis plusieurs mois. "Ici une voiture piégée a explosé, là une roquette a touché l'immeuble", raconte le jeune Irakien de 29 ans, spécialisé dans la vente de pneus et de batteries de voitures.

La peinture blanche encore fraîche contraste avec la grisaille du paysage environnant : Des rues jonchées de gravats et de ferrailles sont bordées d'immeubles à moitié effondrés et d'échoppes abandonnées aux rideaux de fer criblés de balles.

Alors que les autorités irakiennes viennent d'annoncer leur victoire contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) à Mossoul, les habitants des quartiers ouest de la ville défigurée par les bombardements et les tirs d'artillerie s'efforcent de retrouver un semblant de normalité.

Devant sa maison, Salem Abdel Khalek supervise des ouvriers qui posent des briques de ciment pour reconstruire des échoppes attenantes. "La violence des frappes aériennes et les explosions des voitures piégées faisaient trembler les maisons, qui sont vétustes. Ces échoppes ont été endommagées, on avait peur qu'elles ne s'écroulent, on les a détruites pour mieux les reconstruire", explique ce père de huit enfants, dont le plus âgé a 12 ans.

 

(Lire aussi : Les enjeux post-EI à Mossoul)

 

Glaces et poulets rôtis
Sur une artère commerçante du quartier de Mossoul al-Jadida, les ordures ont envahi la chaussée, faisant planer une odeur fétide dans l'air. Devant un marchand de glaces, un large cratère creusé par un bombardement dévoile des canalisations endommagées. Mais au pied des immeubles éventrés, les boutiques ont rouvert leurs portes. Des tables et chaises des restaurants ont envahi les trottoirs et les poulets dorés à point tournent dans les rôtisseries.

Ce quartier, comme plusieurs autres de Mossoul-Ouest en dehors de la vieille ville -où les combats ont été les plus violents- a été repris par les forces irakiennes dans les premières phases de l'offensive lancée en février sur cette partie de la ville.

"Avant on ne pouvait pas marcher ici, il y avait des décombres partout, mais depuis deux mois la vie retrouve peu à peu un cours normal", se réjouit Ahmed Hamed qui s'apprête à déguster des grillades à la terrasse d'un restaurant avec des amis. Cet ingénieur de 49 ans reconnaît toutefois que le retour à la normale est encore loin d'être assuré. "Les routes, l'eau courante, l'électricité... Il n'y a plus rien", déplore-t-il.

 

(Voir aussi : Mossoul libérée, Mossoul dévastée : les images)

 

"L'EI nous a détruits"
Un peu plus loin, des ouvriers font couler du ciment dans de larges tranchées pour poser de nouvelles canalisations et rétablir le tout-à-l'égout. "Cela fait un mois que nous travaillons dans les quartiers libérés de Mossoul-ouest", explique Ammar Anwar, un responsable municipal. "Les fonds alloués sont faibles à cause de la situation financière du pays mais les ONG vont nous aider", espère-t-il.

Lundi, le Haut-commissariat pour les réfugiés avait mis en garde: "Les services de base comme l'eau et l'électricité et d'autres infrastructures clés, notamment les écoles et les hôpitaux, devront être rétablis ou réparés. La reconstruction sera probablement lente et coûteuse, mais elle est essentielle pour assurer la stabilité."

Dans l'épicerie où travaille Louaï Hazem, les produits de première nécessité ont refait leur apparition. Il y a des pâtes, des conserves de fèves, des oeufs, des bouteilles d'eau minérale et des couches pour enfants.
"On trouve de tout maintenant, mais c'est plus cher aussi", explique le jeune homme. "On peut avoir du courant électrique en s'abonnant à des générateurs mais les prix demandés sont plus élevés que ceux fixés par le gouvernement", déplore l'employé âgé de 20 ans, qui paraît en faire au moins dix de plus. "L'EI nous a détruits", avance-t-il en guise de justification, sourire contrit aux lèvres.

 

 

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La peinture blanche encore fraîche contraste...
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