Le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel, et son homologue qatari, cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, hier lors d’une conférence de presse à Wolfenbuettel, en Allemagne. Philipp von Ditfurth/DPA/AFP
Le Qatar cherchait hier des soutiens à l'étranger pour éviter d'être isolé sur la scène diplomatique cinq jours après le choc de la rupture des relations par l'Arabie saoudite et ses alliés. Son ministre des Affaires étrangères, cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, a effectué en matinée une visite surprise en Allemagne avant de se rendre aujourd'hui à Moscou pour y rencontrer son homologue Sergueï Lavrov. « Il y a actuellement des efforts de pays amis pour limiter la crise, lever ce blocus injuste sur le Qatar et commencer des négociations », a déclaré M. al-Thani, sans entrer dans les détails.
À ses côtés, le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a confirmé que des discussions, en concertation avec les États-Unis et des alliés régionaux, étaient en cours. « L'Allemagne va tout faire, avec la communauté internationale et l'Union européenne, pour que ce conflit ne s'aggrave pas », a-t-il dit. M. Gabriel a reconnu que le blocus imposé au Qatar depuis lundi par l'Arabie saoudite et ses alliés, en particulier les Émirats et l'Égypte, était « lourd de conséquences » pour la population qatarie mais aussi pour l'économie allemande.Le dernier épisode en date de cette crise sans précédent dans le Golfe a été la publication, dans la nuit de jeudi à hier, d'une liste par l'Arabie saoudite et ses alliés, de « terroristes » soutenus, selon eux, par Doha. Cette liste répertorie 59 personnes et 12 entités « liées au Qatar et au service d'un programme politique suspect du Qatar », ont indiqué dans un communiqué commun l'Arabie saoudite, les Émirats, Bahreïn et l'Égypte. Parmi elles figurent des responsables ou des organisations originaires d'Égypte, du Bahreïn ou de la Libye, comme le leader controversé d'une association de religieux sunnites, Youssef el-Qaradawi.
Doha a réagi hier en dénonçant des accusations « sans fondements ». « Cette liste contient des noms de personnes qui n'ont aucun lien avec le Qatar, qui n'y vivent pas et qui peut-être ne s'y sont jamais rendus », a affirmé M. al-Thani en Allemagne. « Nous n'allons pas adopter » de mesures en réaction à « ces accusations », a-t-il cependant précisé. Jeudi, le ministre avait affirmé que son pays refusait toute intervention dans sa politique étrangère et excluait que la tourmente actuelle ne dégénère en conflit armé.
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« Alléger le blocus »
Cette crise provoque l'embarras de nombreux pays étrangers, dont les États-Unis, qui disposent d'une immense base militaire au Qatar. Le président américain a exhorté hier le Qatar à arrêter de financer « immédiatement le terrorisme », l'appelant, « ainsi que d'autres pays dans la région, à faire plus et à le faire plus vite ». « La nation du Qatar, malheureusement, a historiquement financé le terrorisme à un très haut niveau », a accusé Donald Trump lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche. Donald Trump a expliqué hier qu'il avait « décidé, avec le secrétaire d'État Rex Tillerson, nos grands généraux et personnels militaires, que l'heure est venue d'appeler le Qatar à mettre un terme à son financement », a-t-il expliqué hier. Après avoir initialement soutenu l'isolement du Qatar, le président américain Donald Trump a proposé « d'aider les différentes parties à régler leurs différends, y compris à travers une rencontre à la Maison-Blanche si nécessaire ».
Des responsables qataris ont par ailleurs indiqué hier que M. al-Thani avait eu une conversation téléphonique avec le secrétaire d'État américain Rex Tillerson. Le chef de la diplomatie américaine a par ailleurs appelé hier l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe à alléger le blocus imposé au Qatar, affirmant qu'il gênait la lutte contre le groupe État islamique dans la région. « Le blocus gêne l'action militaire des États-Unis dans la région et la campagne contre l'EI », a souligné le chef de la diplomatie américaine lors d'une brève déclaration à la presse.
Ces propos contredisent directement les déclarations d'un responsable du Pentagone faites à la presse quelques minutes avant la déclaration de Rex Tillerson. « À ce stade, il n'y a pas eu d'impact sur nos opérations », avait déclaré le capitaine de vaisseau Jeff Davis à la presse. Interrogé peu après par un journaliste sur les contradictions entre ces propos, il a refusé de répondre.
M. al-Thani a cependant assuré que son pays pouvait tenir « éternellement » malgré les sévères restrictions aériennes et maritimes imposées par ses voisins et la fermeture par l'Arabie saoudite de sa seule frontière terrestre, par lequel transite 40 % de son approvisionnement alimentaire. L'Iran a également fait savoir qu'il était prêt à approvisionner le Qatar par bateau, une traversée de 12 heures dans les eaux du Golfe.
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20 h 02, le 11 juin 2017