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Liban - Décryptage

Trois sommets pour un résultat

De Manchester (Grande-Bretagne) à Manama (Bahrein) en passant par Sitt Zeinab (Syrie), l'actualité des dernières 24 heures est sanglante. Un avant-goût de ce qui attend la région après la visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite et en Israël ? Beaucoup d'analystes le laissent entendre sans toutefois aller jusqu'à prédire une guerre généralisée. Mais il est probable que les foyers de tension déjà existants pourraient connaître un regain de violence.

Selon un diplomate arabe chevronné, il s'agirait essentiellement d'attiser la discorde entre les sunnites et les chiites dans la région, pour faire oublier la cause palestinienne aux Arabes et faire passer un rapprochement entre les pays du Golfe et les Israéliens, considéré comme une condition préalable posée par les Israéliens à toute négociation future avec les Palestiniens.

Le diplomate précité rappelle que lors des trois sommets successifs qui se sont tenus à Riyad entre les dirigeants arabes et musulmans d'un côté et le président américain de l'autre, la situation en Palestine n'a pratiquement pas été évoquée. Les Palestiniens ont été mentionnés juste au moment d'inclure le Hamas dans la liste des organisations terroristes, comme si la cause palestinienne se réduisait à cet unique point.

En même temps, la focalisation sur l'Iran et sur les organisations qu'il appuie dans le monde arabe (notamment le Hezbollah et le Hamas) vise à mobiliser les populations arabes contre un nouvel ennemi, les chiites, pour leur faire oublier les Israéliens et la Palestine occupée. Non seulement la Palestine, qui jusqu'à présent continuait d'unir les Arabes, n'est plus une priorité, mais elle ne figure même plus sur l'agenda des Arabes présents aux sommets de Riyad.

 

(Lire aussi : Chamboulement géopolitique régional en faveur de Riyad, le Hezbollah prépare des représailles politiques)

 

En concentrant l'attention générale sur un nouvel ennemi, les chiites, le président américain pourra faire passer plus facilement, sans tambour ni trompette, « sa vision » de la solution du conflit israélo-arabe, qui passe par un rapprochement assumé entre les dirigeants du Golfe et ceux d'Israël. D'ailleurs, les propos presque émouvants du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur son désir d'aller en Arabie s'inscrivent dans ce cadre. Petit à petit, le climat populaire se prépare à accepter un tel changement, en cherchant de plus en plus à montrer que les Israéliens sont un allié potentiel efficace face au nouvel ennemi...

Le diplomate arabe précité estime ainsi que c'est à travers ce prisme qu'il faut évaluer l'importance de la visite du président américain à Riyad, en plus bien sûr des contrats d'armes signés avec l'Arabie qui vont rapporter aux États-Unis plus de 400 milliards de dollars et près d'un million de nouveaux jobs.

Mais est-ce à dire que la région doit s'attendre à une guerre entre les pays arabes et l'Iran ? Le diplomate arabe ne croit pas beaucoup en une telle éventualité. Selon lui, ce qui s'est passé à Riyad est une tentative de rétablir un équilibre entre les deux camps régionaux après les succès enregistrés par l'Iran et ses alliés.

 

(Lire aussi : Sommet de Riyad : Quelle sera la position officielle du Liban ?)

 

Au Yémen, la guerre qui achève sa troisième année n'a pas permis aux Saoudiens de marquer une véritable victoire, alors qu'entre eux et les Émiratis, le conflit est désormais ouvert dans la région Sud du pays. En Irak, et en dépit de l'opposition des Saoudiens, les forces populaires proches de l'Iran ont été intégrées à l'armée et mènent l'offensive dans le sud du pays en direction de la frontière avec la Syrie. En Syrie justement, l'armée et ses alliés poursuivent leur avancée, soit en concluant des accords avec les groupes rebelles (autour de Damas et à Homs), soit en menant des offensives en direction de la frontière avec l'Irak. Au Liban, le Hezbollah n'est pas mis en difficulté et son intervention militaire en Syrie ne fait plus l'objet de critiques systématiques, alors qu'il est considéré comme un facteur déterminant sur la scène politique.

Pour toutes ces raisons, l'Arabie saoudite avait besoin de l'appui américain afin de reprendre l'initiative face à l'Iran et à ses alliés. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que cet appui permette à la nouvelle coalition arabo-américaine de lancer une offensive militaire contre l'Iran. D'ailleurs, selon des sources diplomatiques occidentales, il n'est pas question dans l'avenir proche de remettre en cause l'accord sur le nucléaire conclu entre la communauté internationale et l'Iran. De même, les contacts diplomatiques entre l'Iran et l'administration américaine ne sont pas rompus.

L'objectif de la création de la coalition de Riyad serait donc essentiellement de permettre aux pays du Golfe et aux Américains d'améliorer leur position sur les scènes chaudes, en Syrie, en Irak et au Yémen. Il s'agirait par exemple de fixer des lignes rouges en Syrie à l'alliance irano-russe notamment au niveau de la frontière syro-irakienne, tout en permettant aux Israéliens de créer une zone tampon à la frontière entre le Liban, le Golan occupé et la Syrie. De même, il s'agirait d'empêcher les unités irakiennes alliées de l'Iran de jouer un rôle déterminant dans la libération de Mossoul et d'aboutir à un statu quo au Yémen qui sauverait la face des Saoudiens.

Toutefois, le ton triomphal des médias proches des pays du Golfe fait croire que la région est à la veille d'un changement significatif des rapports de forces et les développements à Bahreïn montrent que la nouvelle alliance veut à tout prix enregistrer des victoires...

 

 

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commentaires (6)

Effectivement quand on voit ou etait la cause palestinienne entre 2000 et 2003 et comment elle a evolué depuis dans le monde arabe.. il est clair desormais qu'une solution a 2 etats n'est plus possible, esperons qu'ils trouvent encore la force de resister. Quant a tout ce remue menage, les ignorants pensent que les equations peuvent changer comme ca du jour au lendemain du fait de quelques cris de guerres au royaume de la barbarie, comme s'ils avaient obtenu l'arme nucleaire de la part des americains. Encore une fois les usa sont la puissance numero 1 ce qui leur confere un effet de nuisance certain mais limité cela dit dans l'espace et le temps, je parle de la syrie bien sur, et concernant ce sujet les Russes sont les maitres du jeu. En fin de compte il y aura des concessions a faire et chacun va essayer de se voiler la face et de passer pour un gagnant, mais la seule réalité c'est que l'Axe sera préservé, wait and see

Chady

22 h 25, le 24 mai 2017

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Commentaires (6)

  • Effectivement quand on voit ou etait la cause palestinienne entre 2000 et 2003 et comment elle a evolué depuis dans le monde arabe.. il est clair desormais qu'une solution a 2 etats n'est plus possible, esperons qu'ils trouvent encore la force de resister. Quant a tout ce remue menage, les ignorants pensent que les equations peuvent changer comme ca du jour au lendemain du fait de quelques cris de guerres au royaume de la barbarie, comme s'ils avaient obtenu l'arme nucleaire de la part des americains. Encore une fois les usa sont la puissance numero 1 ce qui leur confere un effet de nuisance certain mais limité cela dit dans l'espace et le temps, je parle de la syrie bien sur, et concernant ce sujet les Russes sont les maitres du jeu. En fin de compte il y aura des concessions a faire et chacun va essayer de se voiler la face et de passer pour un gagnant, mais la seule réalité c'est que l'Axe sera préservé, wait and see

    Chady

    22 h 25, le 24 mai 2017

  • Excellent de vérité. PUBLIEZ moi ca au moins ne soyez pas VEXÉ.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 59, le 24 mai 2017

  • ah, si seulement le groupe sacre de la "moumanaaaaaa " pouvait , UNE SEULE FOIS , avouer que tout cela est le jeu qui a de tout temps ete celui des grandes nations-( pr ex l'Iran ) - d'etendre leur espace vital a des fins econopolitiques ,ce qui est tt a fait admis , sans faire croire en les ideaux purs et durs qu'ils proclament tout haut, comme celui de liberer la Palestine, de chasser l'occidental assassin /voleur des interets des arabes, ( et des perses??? ) etc.... UNE SEULE FOIS par Dieu.

    Gaby SIOUFI

    10 h 28, le 24 mai 2017

  • LISEZ L,EDITORIAL DE MONSIEUR ISSA GORAIEB !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 17, le 24 mai 2017

  • DU BARATIN HABITUEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 10, le 24 mai 2017

  • Pour ma part cet article ressemble au articles relevant des complotistes qu'on voit un peu sur le web !! Mais comment vous êtes arriver à cela je comprend pas "De Manchester (Grande-Bretagne) à Manama (Bahrein) en passant par Sitt Zeinab (Syrie), l'actualité des dernières 24 heures est sanglante. Un avant-goût de ce qui attend la région après la visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite et en Israël ? Beaucoup d'analystes le laissent entendre sans toutefois aller jusqu'à prédire une guerre généralisée. Mais il est probable que les foyers de tension déjà existants pourraient connaître un regain de violence. Selon un diplomate arabe chevronné, il s'agirait essentiellement d'attiser la discorde entre les sunnites et les chiites dans la région, pour faire oublier la cause palestinienne" Quand en Israël Abbas rencontre Trump?!?! Et qu'il parle de chercher une entente entre les palestiniens et israéliens !!!

    Bery tus

    07 h 09, le 24 mai 2017

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