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Liban - Exécutif

Hariri appelé à la prudence à la veille du sommet arabo-américain de Riyad...

Le ministre Gebran Bassil poserait des conditions préalables au renouvellement du mandat du gouverneur de la BDL, liées à la Cedrus Bank mais aussi à des nominations administratives.

Aparté entre le chef du gouvernement et le ministre des Finances. Photo ANI

Le Conseil des ministres, réuni hier au Grand Sérail sous la présidence du Premier ministre Saad Hariri, a occulté, ou au mieux survolé, les dossiers cruciaux objets de tiraillements, comme le dossier de l'électricité.

La réforme électorale n'a pas été traitée sur le fond, comme l'a confirmé d'ailleurs le ministre de l'Information Melhem Riachi lors d'un point de presse à l'issue de la réunion. M. Hariri se serait contenté de réitérer ses appels à sceller l'entente sur une nouvelle loi, en réaffirmant la responsabilité du gouvernement en la matière. « Sans une réforme électorale, le gouvernement serait celui de l'échec », aurait-il dit. À cet égard, M. Riachi a déclaré qu'un comité ministériel est chargé de plancher sur la réforme électorale, avant de signaler aussitôt, en réponse à une question, que la date de la prochaine réunion de ce comité n'a pas été fixée.

« Les discussions sont en cours et nous avons jusqu'au 19 juin (date de l'expiration du mandat de la Chambre, NDLR). Il y a une tentative sérieuse de parvenir à une loi », a-t-il ajouté, en disant partager en outre l'optimisme du président de la Chambre, Nabih Berry. Ses réponses laconiques reflètent l'ambiguïté qui règne dans les milieux politiques sur une mise sur pied d'une nouvelle mouture de loi. La plupart de ces milieux reconnaissent actuellement leur incapacité à projeter un scénario prochain, fût-il celui d'un report des législatives.

C'est en revanche la participation prochaine de M. Hariri au sommet arabo-islamique de Riyad qui aurait polarisé une partie du débat politique. M. Hariri a pris l'initiative d'évoquer cette question en déclarant avoir coordonné sa participation avec le chef de l'État. Mais plutôt que de s'orienter vers l'absence du président de la République qui n'a pas été invité au sommet, le débat s'est focalisé sur la teneur de la position que doit prendre le Premier ministre. « Deux ministres ont prodigué des conseils à Saad Hariri », l'appelant à la prudence, confie une source de la réunion. « Ils lui ont fait remarquer que le sommet promet de porter un message hostile aux Iraniens et que le Liban devrait y prendre garde », selon la même source. C'est là que Melhem Riachi et Marwan Hamadé seraient intervenus successivement pour rappeler que le Premier ministre était digne de confiance.

 

(Lire aussi : En dépit de l'optimisme de Berry et des FL, « l'immobilisme est évident »)

 

Preuve en est, selon M. Riachi, le fait que Saad Hariri ait accepté de former un gouvernement avec le Hezbollah le jour même de l'ouverture du procès devant le Tribunal spécial pour le Liban, le fait aussi qu'il ait soutenu l'option Aoun à la présidentielle, et qu'il ait, enfin, accepté de former un gouvernement selon sa configuration actuelle... « Il y a certainement une volonté de respecter pleinement la déclaration ministérielle et l'ensemble du Liban sans exception », annoncera-t-il ensuite à la presse.

Et M. Hamadé de préciser ensuite que « Saad Hariri est assez sage pour prendre les meilleures décisions pour l'intérêt du Liban ». Le ministre de l'Éducation a appelé surtout ses collègues au gouvernement à ne pas perdre de vue l'essentiel : ce n'est clairement pas le Premier ministre qui va faire couler le navire. Le véritable danger qui pointe, selon lui, serait celui des nouvelles sanctions américaines contre le Liban et la réponse que doit leur apporter l'État, c'est-à-dire « les efforts qui devront contenir tout ce qui risque de déferler sur l'économie et les finances du Liban », aurait déclaré M. Hamadé, dans une allusion à peine voilée à la nécessité de procéder au renouvellement du mandat du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.

Un renouvellement qui, une fois encore, n'a pas été ajouté à l'ordre du jour du Conseil.
Selon nos informations, il serait bloqué par le ministre Gebran Bassil, qui y poserait trois conditions préalables, indique une source ministérielle à L'OLJ : faire bénéficier de l'ingénierie financière de la BDL la Cedrus Bank dont l'actuel PDG est Fadi Assali, conseiller du président de la République, précédé à ce poste par le ministre de l'Économie, Raëd Khoury. Outre cette condition, déjà révélée dans les médias, M. Bassil entendrait obtenir deux contreparties à l'éventuel renouvellement du mandat de M. Salamé, au niveau des nominations au sein de la Middle East Airlines, d'une part, et de la compagnie d'investissements Intra SAL, de l'autre. L'Intra est une société gérée par l'État, dont la BDL est l'actionnaire majoritaire. Cette société est en outre actionnaire du Casino du Liban à hauteur de 51 %.
Il n'empêche que M. Salamé s'est rendu hier à Baabda pour un entretien avec le président de la République, axé officiellement sur « la situation financière actuelle et le rôle de la BDL dans la sauvegarde de la stabilité financière », selon un communiqué du palais présidentiel.

 

(Lire aussi : Délégation libanaise à Washington pour discuter des nouvelles sanctions contre le Hezbollah)

 

Du reste, les 52 points de l'ordre du jour approuvés hier comportent des réalisations positives que les ministres concernés ont pris soin de médiatiser. Il en est ainsi de la décision du gouvernement de déclarer le 4 novembre « Journée de la femme libanaise », comme l'a souligné hier le ministre Jean Oghassabian, en invitant les organismes gouvernementaux compétents à œuvrer au renforcement des Libanaises. En outre, M. Riachi a fait état du recrutement de 2 000 éléments dans l'armée, en précisant qu' « une réunion aura lieu entre les ministres des Finances et de la Défense à ce sujet en vue d'approuver le recrutement de 2 000 éléments supplémentaires ».

Le Conseil des ministres a en outre « donné son accord au prolongement du programme de subventions aux exportations libanaises lancé par l'Autorité de développement des investissements au Liban (IDAL) », comme l'a indiqué à L'OLJ la direction de l'agence gouvernementale, sans toutefois pouvoir communiquer dans l'immédiat sur les modalités de cette extension qu'elle attendait depuis plusieurs jours.
Ce programme, entériné le 2 juillet 2015 par le Conseil des ministres, est doté d'un budget de 14 millions de dollars, dans l'objectif de compenser le surcoût induit par la réorientation des exportations vers les pays arabes par voie maritime, à la suite de la fermeture du poste-frontière de Nassib en avril 2015.
D'autres points de l'ordre du jour, aux conséquences graves méconnues de certains ministres, ont été approuvés en catimini hier... comme la décision de modifier le zoning du Bois des pins.

 

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commentaires (7)

Remplacer M. Salamé en ces moments difficiles serait une erreur fatale .

Antoine Sabbagha

11 h 59, le 18 mai 2017

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Commentaires (7)

  • Remplacer M. Salamé en ces moments difficiles serait une erreur fatale .

    Antoine Sabbagha

    11 h 59, le 18 mai 2017

  • Le Liban est un Etat indépendant, membre de l'Organisation des Nations Unies tout comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France. Il doit être traité comme on traite avec n'importe quel Etat souverain. Il n'a de comptes à rendre à personne et doit se comporter comme tous les Etats indépendants du monde. Si sa politique de neutralité absolue et de distanciation tous azimuts ne plait pas à un pays quelconque, que ce pays retire son ambassadeur et on n'en parle plus.

    Un Libanais

    11 h 55, le 18 mai 2017

  • Oui ! cest cela on ira meme jusqu'a faire du baise-main à des forces regionales qui nous ont envoye des bacteries infectees du wahabisme. ..

    FRIK-A-FRAK

    11 h 07, le 18 mai 2017

  • Dans cet article on apprend tout simplement que le Hezbollah fait du chantage à Hariri en lui "recommandant" la prudence. Ainsi l'on doit embrasser les mains qui nous tuent. Celle de Khamenei et celle de Nasrallah. On apprend aussi que Mr Bassile fait du chantage pour placer ses pions et ses intérêts à l'encontre des intérêts de la BDL et du Liban. Cela n'est pas nouveau puisque Mr Bassile et ceux de son part,i en coordination avec la milice iranienne du Hezbollah, ont bloqué l'élection présidentielle pendant deux ans, sans état d'âme, juste pour imposer leur candidat qui n'arrive même pas à imposer une loi électorale. Qui est mordu qui croyait mordre.

    Saleh Issal

    11 h 02, le 18 mai 2017

  • c'est evident , la notion du mot corruption , vue par nos politiques et leurs hommes postes ici et la, cette notion la est tres elastique -tout comme nos lois- le laisser passer/laisser faire dans la politique du " scratch my back i'll scratch your back " ne semble pas faire partie du sens du mot corruption . se taire devant une "infraction" dans la certitude que l'on nous rendra le meme service un jour- CERTAINEMENT -

    Gaby SIOUFI

    09 h 42, le 18 mai 2017

  • 1 - BASSILO... AVEC LA BDL ET LE SYSTEME BANCAIRE PAS DE JEU ! 2 - HARIRI... RESPECTEZ L,UNANIMITE DES DECISIONS ARABES A LA REUNION DE LA SAOUDITE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 32, le 18 mai 2017

  • "le sommet promet de porter un message hostile aux Iraniens", sans doute, mais pourquoi "le Liban devrait y prendre garde"? L'Iran arme, finance et dirige à l'intérieur du Liban une milice illégale qui prend le pays en otage. Pourquoi devrions-nous prendre sa défense?

    Yves Prevost

    07 h 13, le 18 mai 2017

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