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Liban - Éclairage

Le retrait du Hezbollah de la frontière est le fruit d’une décision régionale

US President Donald Trump attends the 36th Annual National Peace Officers’ Memorial Service at the US Capitol in Washington, DC, May 15, 2017. / AFP / SAUL LOEB

La Russie réussira-t-elle à jouer le rôle de médiateur entre l'administration US et l'Iran, après les positions exprimées par Donald Trump pendant sa campagne électorale et depuis son entrée à la Maison-Blanche? Moscou contribuera-t-il à consolider les relations entre le Kremlin et la Maison-Blanche, transcendant la controverse autour de l'implication présumée des services de renseignements russes dans la campagne électorale du président US ?

La Russie tente d'utiliser le dossier syrien pour assurer le succès de sa médiation et associer Washington à la réussite de l'application des résolutions d'Astana, sur base de la création de quatre zones de désescalade en Syrie, qui devraient s'élargir ultérieurement pour englober l'ensemble du territoire syrien. Le cessez-le-feu devrait contribuer, pour sa part, à relancer le chantier des négociations politiques.

Mais la mise en place de zones d'exclusion aériennes nécessite une participation américaine, dans la mesure où Washington mène l'alliance pour la lutte contre Daech. Or Washington a posé des conditions pour la mise en application des résolutions d'Astana, acceptées par la Russie, la Turquie et l'Iran. Les États-Unis ont réclamé des garde-fous pour contenir Téhéran, exigeant qu'il ne soit pas associé à la solution syrienne, dans la mesure où il est impliqué dans la guerre et qu'il se tient aux côtés du régime Assad, contre le peuple syrien, avec l'aide de ses milices, dont les gardiens de la révolution et le Hezbollah. Mais l'administration Trump n'adhérera pas facilement à l'application des résolutions d'Astana à l'ombre des pressions dont elle fait l'objet sur la scène intérieure, en l'occurrence les accusations des adversaires du président américain concernant les relations entre ses conseillers et le président russe Vladimir Poutine.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah a « accompli sa mission » à la frontière : le début d’un « retrait tactique » de Syrie ?)

 

L'objectif de Washington est par ailleurs de presser Moscou de contenir l'influence iranienne en Syrie et dans la région. C'est pourquoi Donald Trump a veillé à commencer ses tournées dans la région par l'Arabie saoudite. Il ne veut pas ménager l'Iran et compte continuer à exercer des pressions et à soutenir les sanctions contre ce pays pour le pousser à cesser d'exploiter l'arme nucléaire à des fins militaires et à arrêter de lancer des missiles balistiques. De plus, il veut mettre fin à l'influence iranienne dans la région, exercée à travers les milices chiites sur les pouvoirs locaux, ainsi que sur les pays du Golfe. Il vise enfin à empêcher la présence militaire iranienne active sur les bords de la mer Rouge et de la Méditerranée.

En d'autres termes, « l'état de reddition » face à l'Iran en Orient instauré par l'administration Obama est bel et bien terminé, selon des sources diplomatiques. Les États-Unis entendent recouvrer leur rôle dans la région, notamment sur les grands dossiers, comme la question palestinienne, à laquelle l'administration Trump accorde une place particulièrement importante. Il en est de même sur la question syrienne, qui fait l'objet d'une nouvelle approche en faveur d'une solution. Moscou serait appelé à mûrir une sortie de crise acceptable par l'opposition et le régime, et sans rôle à jouer pour Assad. À ce niveau, les positions européennes, américaines et arabes seraient les mêmes, selon des sources politiques françaises.

Même Moscou est désormais convaincu que le régime syrien tel quel n'a plus d'avenir et qu'il convient de s'orienter vers une nouvelle formule en Syrie. Paris, de son côté, soutiendrait les efforts pour un retour des réfugiés en Syrie, au terme d'un cessez-le-feu qui accompagnerait la création des zones de désescalade, et après la libération des territoires occupés par Daech et leur adjonction aux zones sûres, ainsi que l'adoption d'une résolution internationale pour la création d'une force de maintien de la paix régionale et internationale. Un responsable français révèle à cet égard que le régime s'oppose à la présence d'une force internationale pour protéger la stabilité et contrôler le cessez-le-feu. C'est l'émissaire onusien, Staffan de Mistura, qui a pris à sa charge de convaincre le régime syrien d'accepter les forces internationales de maintien de la stabilité.

 

(Lire aussi : Trump exhorte la Russie à contenir le régime Assad et l’Iran)

 

Les contacts américano-russes au sujet de la Syrie se poursuivent dans le but de créer les zones sûres et de mettre en application les conditions de l'opposition armée concernant le retrait des milices non syriennes qui participent au conflit. De sources diplomatiques, un plan jordanien, appuyé par Londres et les États-Unis, viserait à prendre le contrôle des régions situées au sud de Damas jusqu'à Deraa et au Qalamoun pour empêcher aussi bien les organisations terroristes que le Hezbollah et les pasdaran de s'y déployer, et endiguer une influence iranienne aussi proche du Golan et de la frontière israélienne.

C'est dans ce cadre que s'inscrit la décision du Hezbollah de se retirer du jurd de Ersal. La décision de participation du Hezbollah dans la guerre syrienne était, rappelons-le, iranienne. Maintenant qu'il est sérieusement question, entre les parrains d'Astana (Russie, Iran et Turquie), d'un retrait de toutes les milices étrangères de Syrie, le parti chiite anticipe son retour au Liban, une fois que Téhéran en aura pris la décision. D'autant que Moscou s'est engagé auprès de Washington à mettre en application l'accord sur la réduction de l'influence iranienne dans la région – même si la Russie ne cédera pas à bon prix et n'abandonnera pas facilement Téhéran.

Le Hezbollah, qui subsume le danger des développements actuels, entend certes rester présent dans le jurd des régions de la Békaa, de Brital à Baalbeck. Il en est actuellement au stade de la réorganisation et du redéploiement. Mais il est également en proie à une crise financière aiguë qui pourrait s'envenimer du fait des sanctions US attendues avant la fin du mois dans le cadre des pressions sur l'Iran.
Une autre explication de ce retrait serait enfin la volonté de l'armée libanaise de rétablir son autorité sur la frontière pour poursuivre l'installation des miradors appuyés d'équipements sophistiqués pour surveiller la frontière, comme au Liban-Nord.

 

 

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commentaires (6)

treves de theories, toutes les theories. entre autres facteurs essentiels dont on doit tenir compte, C'est si Trump restera au pouvoir ou sera "impeached". en attendant ..........chaque partie postule pour son propre avenir PROMETTEUR: Les Liberateurs idealistes et les Autres, plus objectifs /terre a terre

Gaby SIOUFI

11 h 29, le 17 mai 2017

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Commentaires (6)

  • treves de theories, toutes les theories. entre autres facteurs essentiels dont on doit tenir compte, C'est si Trump restera au pouvoir ou sera "impeached". en attendant ..........chaque partie postule pour son propre avenir PROMETTEUR: Les Liberateurs idealistes et les Autres, plus objectifs /terre a terre

    Gaby SIOUFI

    11 h 29, le 17 mai 2017

  • Merci de valider ce que je dis depuis le début 2015 entre la Russie et les USA !! De plus il est vrai que les USA sous Obama se fixait commen objectif la Chine en délaissant le MO ... mais comme je l'ai dit aussi la Chine mange dans la main des USA et les accords commercial étant signer alors ils peuvent se focuser sur le MO maintenant

    Bery tus

    15 h 58, le 16 mai 2017

  • Cet article ne va pas au fond des choses et reprend toujours l'idée que les usa sont à la manoeuvre alors qu'ils ont perdu la main , en réalité. Mais bien sûr comme étant une superpuissance sans laquelle rien ne pourra se faire , sa capacité de nuisance reste intacte .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 39, le 16 mai 2017

  • J'ai hate de voir cet article s'ecrouler devant les faits à venir. 2el "un plan jordanien, appuyé par Londres et les États-Unis, viserait à prendre le contrôle des régions situées au sud de Damas jusqu'à Deraa et au Qalamoun pour empêcher aussi bien les organisations terroristes que le Hezbollah et les pasdaran de s'y déployer, et endiguer une influence iranienne aussi proche du Golan et de la frontière israélienne." Ce plan jordanien sera tué dans l'oeuf. Par ailleurs le hezbollah s'est retiré de positions a la frontiere coté libanais, pas du coté syrien. Wait and see le hezbollah ne se retirera que victorieux, et l'axe strategique préservé

    Chady

    09 h 39, le 16 mai 2017

  • EST UN ORDRE RUSSE SUITE A LEUR ENTENTE AVEC L,UNCLE SAM... ET CE N,EST QUE LE DEBUT ! APRES LA REUNION D,ARABIE SAOUDITE LES SURPRISES A L,ENCONTRE DE L,AXE DIT MOUMANA3ISTE SERONT AU PROGRAMME... ET LES RIGOLADES AUSSI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 36, le 16 mai 2017

  • Enfin un article "équilibré" , sa chance des niouzeuses orientées de l'AFP ....

    M.V.

    06 h 24, le 16 mai 2017

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