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Liban - Décryptage

Alliances politiques : la confusion règne !

Six mois après l'élection présidentielle, assiste-t-on réellement à une redistribution des cartes politiques au Liban ? C'est la question qui se pose depuis que les tractations autour d'une nouvelle loi électorale ont montré des divergences de plus en plus apparentes entre les alliés et des affinités de plus en plus prononcées avec les adversaires traditionnels.

Tout a commencé avec l'annonce par le Hezbollah de son attachement à la proportionnelle intégrale, tout en restant flexible sur le découpage des circonscriptions, face à l'insistance du ministre des Affaires étrangères de présenter des projets à l'essence confessionnelle, destinés à permettre aux chrétiens d'élire le plus grand nombre possible de députés par leur propre voix. En politique, deux parties alliées peuvent avoir des opinions divergentes sur certains dossiers, même aussi délicats que la loi électorale, sans que ces différences ne remettent en cause leur entente. M

ais, au Liban, où tout repose sur des équilibres fragiles et où les bases populaires, constamment sollicitées, sont à fleur de peau, ces divergences sont amplifiées et commencent à peser sur les alliances. C'est d'ailleurs dans ce contexte que le secrétaire général du Hezbollah a prononcé un discours mardi dans lequel il a adressé plusieurs messages au CPL et à sa base. Tout en se voulant rassurant au sujet de l'appui permanent du Hezbollah au président de la République et au CPL, Nasrallah a rappelé que son parti avait été jusqu'à appuyer le projet de loi dit grec-orthodoxe bien qu'il soit hostile aux approches confessionnelles dans les lois électorales. Mais il s'était aligné sur la position du CPL.

 

(Lire aussi : Manœuvres et dégâts avant un possible accord)

 

De même, il a précisé qu'il a aussi appuyé récemment le projet de loi en deux tours présenté par le ministre Bassil, tout en continuant à estimer que la proportionnelle intégrale est le projet qui convient le mieux au Liban, dans cette étape particulière, pour réduire les tensions confessionnelles. Mais après avoir exprimé son appui au CPL et aux chrétiens en général, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé qu'aujourd'hui toutes les communautés ont des craintes et des appréhensions. Autrement dit, le sentiment de précarité et le besoin d'être rassurés ne sont pas le monopole des chrétiens.

Selon lui, il faut tenir compte des considérations de toutes les communautés et trouver une formule de compromis qui permette de les rassurer toutes. Il a ainsi insisté sur la nécessité d'une entente au sujet de la loi électorale, précisant que celle-ci passe par des concessions réciproques pour aboutir à un compromis. Nasrallah a encore déclaré que « l'heure des manœuvres est révolue, car le pays est au bord du précipice. Il faut donc tout faire pour éviter qu'il n'y tombe ». Autrement dit, il ne s'agit plus de perdre du temps dans des discussions où chaque partie campe sur ses positions... La première réaction de la classe politique à ce discours a été positive, estimant que le secrétaire général du Hezbollah prône la conclusion d'un compromis et réclame l'accord de toutes les parties sur une nouvelle loi électorale.

 

(Lire aussi : Contre la prorogation et l’impasse, la « cosmétique » à l’honneur...)

 

Toutefois, les réserves n'ont pas tardé à apparaître. Face à la volonté du Hezbollah et de son allié, le président de la Chambre Nabih Berry, d'exiger une entente, le tandem chrétien (CPL-FL) a brandi la possibilité de soumettre le projet de loi au vote du Conseil des ministres s'il n'obtient pas l'aval de toutes les parties. Le tandem chrétien se base pour cela sur les dispositions de l'article 65 de la Constitution, qui précise que les décisions au Conseil des ministres doivent être prises à l'unanimité, mais, si c'est impossible, le recours au vote est autorisé.

Cela peut paraître normal, voire banal, mais, dans les circonstances actuelles, il s'agit d'une nouvelle montée des tensions, d'autant que la composition actuelle du gouvernement ne donne pas à l'alliance chiite plus les ministres de Joumblatt et le ministre des Marada le tiers de blocage (en réalité, le mot de la fin ira au Parlement puisque c'est à lui d'adopter ou non le projet de loi présenté par le gouvernement), d'autant que le courant du Futur (à sa tête le Premier ministre) est en train de s'aligner sur les positions du chef de l'État. Il l'avait déjà fait lorsqu'il avait annoncé à Aïn el-Tiné son refus d'assister à une séance parlementaire destinée à voter la prorogation du mandat du Parlement.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah réaffirme son attachement à la proportionnelle intégrale)

 

Cette annonce avait d'ailleurs suscité la colère de Berry qui estimait avoir ainsi perdu une carte importante dans le cadre des négociations autour de la loi électorale. De même, la menace de recourir au vote en Conseil des ministres annule la carte de l'entente au sujet de la loi électorale. Enfin, l'harmonie entre le CPL et le courant du Futur se précise. La décision du président Michel Aoun de se retirer jeudi de la réunion du Conseil des ministres (pour se rendre à la cérémonie à l'UL) pour laisser sa chaise au Premier ministre est un message clair de la confiance qui règne entre les deux hommes et une volonté du chef de l'État de remercier le Premier ministre pour ses positions.

Face à toutes ces considérations, peut-on dire que désormais l'alliance entre le CPL et le courant du Futur remplace celle entre le CPL et le Hezbollah ? Les trois parties concernées répondent par la négative. Le CPL et le Hezbollah continuent d'insister sur la solidité de leur entente, alors que le courant du Futur se garde bien de critiquer la formation chiite. De même, des sources proches de Aïn el-Tiné précisent que les FL ne cessent d'envoyer des messages au duo chiite pour tenter de se rapprocher de lui, sachant qu'avec le CPL, en dépit de l'entente, les relations ne sont pas au beau fixe, alors que le courant du Futur semble préférer s'entendre avec le CPL. De son côté, le PSP se sent plus proche du duo chiite que du courant du Futur... Bref, la confusion règne au niveau des relations entre les différentes parties politiques, et les discussions sur la loi électorale ont mis en évidence les contradictions latentes. Mais, au final, il ne s'agit que de manœuvres internes qui ne portent pas atteinte aux accords stratégiques.

 

 

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Tout a commencé avec...

commentaires (6)

Les méandres de la politique sont mal perçus par les pauvres profanes que nous sommes . Les manoeuvres politiques font partie du décor, il faut éviter de s'enthousiasmer pour si peu . Le principal est d'arriver à la fin du parcours . Personne ne voulait du Phare Aoun , tout le monde le trouve super . Les armes aussi même procédé. Les élections ne sont pas loin d'être du même ressort.

FRIK-A-FRAK

15 h 12, le 06 mai 2017

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Commentaires (6)

  • Les méandres de la politique sont mal perçus par les pauvres profanes que nous sommes . Les manoeuvres politiques font partie du décor, il faut éviter de s'enthousiasmer pour si peu . Le principal est d'arriver à la fin du parcours . Personne ne voulait du Phare Aoun , tout le monde le trouve super . Les armes aussi même procédé. Les élections ne sont pas loin d'être du même ressort.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 12, le 06 mai 2017

  • "...qu'aujourd'hui toutes les communautés ont des craintes et des appréhensions..." Normal, puisque toutes ces communautés n'ont toujours pas compris qu'elles sont avant tout libanaises avant d'être chrétiennes, sunnites, druzes ou chiites etc. Comment font les habitants des autres pays, où cohabitent plusieurs communautés et religions ? Ils savent qu'avant tout ils sont citoyens de leur pays, et que leur religion est du domaine du privé. Mais cela, le Libanais ne veut ou ne peut pas le comprendre...dommage ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 05, le 06 mai 2017

  • Tout cela serait-il une makhlouta, une tabboulé ou un fattouche ? Soyez sérieux et revenez-tous au projet de l'ancien ministre Charbel approuvé par tous les membres du ministère de Nagib Mikati.

    Un Libanais

    12 h 23, le 06 mai 2017

  • LE CPL A CHANGE DE BOUSSOLE DEFINITIVEMENT CHERE MADAME QUE CA PLAISE OU NON... LE HEZB DITES-VOUS A ACCEPTE LA FERZLIOTE ET MEME L,ACTUELLE LOI AVANCEE PAR BASSILO ... MAIS... MAIS... IL CHERCHE EN BON SAMARITAIN L,INTERET DE TOUTES LES CONFESSIONS AVEC SON SLOGAN : LA PROPORTIONNELLE INTEGRALE EN UNE CIRCONSCRIPTION OU LE VIDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! POURQUOI VOUS NE PARLEZ JAMAIS DES REVES DE MAINMISE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 08, le 06 mai 2017

  • ....mais quel bazar !!!! quel cafouillis !!!! quelle malédiction que ces tribus hirsutes qui croient parler en notre nom !!! et quelle mascarade !!!

    Tabet Karim

    09 h 33, le 06 mai 2017

  • ben dite donc madame alors la vous m'épatez !! je suis d'accords sur le fait que le CPL est entrain de s'eloigner du hezb ... mais sur le fait que les FL tente de se rapprocher a PLUSIEURS REPRISES avec le tandem chiite .. alors la c'est la cerise sur le gateau hahaha .... Madame malgré tout ce qui peut se dire une alliance entre le hezb et les FL (peut etre une entente il se pourrait) mais une alliance alors la voua avez fait fort haha !! lol

    Bery tus

    04 h 22, le 06 mai 2017

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