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Liban - Hommage à Samir Frangié

En lieu sûr

C'était mon frère. La vie nous a séparés, après des années picaresques de lutte estudiantine, où nous étions plusieurs bourgeois rouges à nous faire prendre en chasse, de nuit, pour distributions illicite de tracts. Nous avons été tout surpris par la guerre. Nous venions d'un éden où ces malédictions identitaires étaient inconnues, heureux de regarder l'avenir avec la liberté des aigles et de circuler partout.
Au sortir de nos années d'université, chacun avait déjà choisi son cours et son état. Il s'était engagé sans retour dans l'action politique. J'avais choisi, non sans déchirements et faux pas, une lutte beaucoup plus effacée, à la recherche de ce que Rimbaud et Marx conjugués n'avaient pas réussi à faire : un changement de cœur.

Sur le tard, nos chemins s'étaient croisés à nouveau, nos esprits assagis par l'action et rendus plus tendres et plus réalistes par ce que nous avions compris des cœurs et saisi de nos propres limites. René Girard avait transfiguré et fait mûrir sa pensée. Lui étaient restés sa voix basse, son humour et une incomparable pénétration d'esprit. Personne comme lui n'a compris la guerre, y compris la myopie du « camp chrétien », ni parlé de cette immense journée où notre peuple s'était découvert une identité et une histoire. Le moment nous fut volé, mais d'y goûter nous permit de saluer de loin le Liban.
Il me plaît de croire, avec permission, que je le reverrai en de meilleures circonstances. En attendant, en cette nouvelle commémoration du fatidique 13 avril 1975, je salue sa mémoire, certain que si je le garde dans mon cœur – avec les siens –, il sera en lieu sûr.

 

 

 

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C'était mon frère. La vie nous a séparés, après des années picaresques de lutte estudiantine, où nous étions plusieurs bourgeois rouges à nous faire prendre en chasse, de nuit, pour distributions illicite de tracts. Nous avons été tout surpris par la guerre. Nous venions d'un éden où ces malédictions identitaires étaient inconnues, heureux de regarder l'avenir avec la liberté des...

commentaires (1)

Merci Monsieur Fady Noun pour ce beau texte sincère en hommage à ce grand Monsieur : Samir Frangieh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

03 h 33, le 13 avril 2017

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Commentaires (1)

  • Merci Monsieur Fady Noun pour ce beau texte sincère en hommage à ce grand Monsieur : Samir Frangieh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 33, le 13 avril 2017

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