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Diaspora - Ouvrage

Quand Nicole Schouéri Abouhalka s’écrie : « Oh ! Canada »

Adolescente, elle avait cessé de skier parce qu'elle n'aimait pas le froid, et la voilà transposant sa vie d'adulte au Canada.

La couverture de l’ouvrage.

Un difficile transfert d'un hémisphère à l'autre : voilà ce qu'a effectué Nicole Schouéri Abouhalka dans les années 80, à l'instar d'un grand nombre de ses concitoyens libanais, à la recherche d'un lieu apaisant. Mais avec elle, partir n'a pas été mourir, mais renaître autrement, malgré un cœur toujours accroché au pays, un environnement totalement inconnu et une grave maladie qui avait failli l'emporter. Ajouté à son courage et au bon soutien qu'elle a trouvé autour d'elle, son sens de l'humour a été une bonne thérapie de même qu'une approche de l'aspect engageant de l'émigration. Le tout, elle l'a exprimé dans un ouvrage intitulé Oh ! Canada, un recueil d'anecdotes, de fiction et de réflexions. C'est par cet ouvrage qu'elle invite à partager son rire, ses larmes et sa passion pour la vie. Au total, 170 pages divertissantes, pleines de feeling et émaillées de détails piquants auxquels on ne pense pas et qui peignent bien ce pays à l'autre bout du sien. Elle a rédigé ce livre comme une « reconnaissance pour sa guérison d'une tumeur au cerveau » et elle reverse les bénéfices de la vente à des groupes de support.
Nicole Schouéri Abouhalka est née à Beyrouth où elle a grandi. Avec son mari et ses trois enfants, ils ont émigré au Canada en 1987 et ont d'abord vécu pendant deux ans à Montréal. Depuis 1989, ils résident à Guelph (Ontario).
Son recueil est la vision d'une émigrée avec tout ce que cela comporte de problématique, et qu'elle a su égayer par des rayons badins et insolites tirés de la réalité. Son titre, Oh ! Canada est un chant à son pays d'adoption ; des mots, précise-t-elle, que « nous ne pouvons pas faire suivre par Terre de nos aïeux ». Néanmoins, elle s'y est trouvée une place et relate l'aspect anecdotique de son parcours, de la confusion entre le système métrique et les unités de mesure anglo-saxonnes à l'apprentissage du français canadien, en passant par les rectifications qu'elle se devait d'effectuer concernant les fausses perceptions de son pays d'origine. Elle n'a pas hésité à partager certaines de ses aventures les plus désopilantes...

Feuilles d'érable farcies
Un jour, son époux arrive tout fier à la maison, lui tendant un sac qui « allait lui faire plaisir ». Elle l'ouvre et s'écrie : « Mon Dieu, des feuilles de vigne! » Elle se dépêche de préparer des farcis pour l'arrivée de son fils aîné, gourmand de ce plat. En les travaillant, elle constate qu'il lui fallait d'avantage de jus de citron et d'épices que d'habitude, et pense que leur nature peut différer sous ces cieux. Mais le résultat a été « merveilleux ». Une connaissance, établie au Canada depuis longtemps, à qui elle relatait en détail sa trouvaille, lui précise que son mehchi avait été fait avec des feuilles d'érable. Heureusement pour elle, ces feuilles n'étaient pas toxiques.
Pour Nicole, c'était un comble d'entendre parler au Canada de neige « artificielle » et de neige « peignée » pour les pentes de ski. « Alors que la hauteur de la neige sur les bords des routes de Montréal est supérieure à 50 centimètres et que la neige déblayée va directement dans des dépotoirs », s'indigne-t-elle.

Les poils du nez gelés
À son arrivée à Montréal, elle tombe sur une température de novembre supportable qui lui rappelle « un jour froid de janvier à Beyrouth, avec en moins l'humidité et le vent ». Un ami de la famille lui répond : « Attends le jour où les poils de ton nez gèleront et tu me donneras ton avis. » Bien sûr, elle a pris cela pour une blague... jusqu'au jour où elle en fait l'expérience.
Six ans après son arrivée au Canada, les rêves de nuit de l'auteure se déroulaient toujours au Liban. Après un bref retour à son pays d'origine pour régler des problèmes de succession, elle réalise que le Canada « était pour de bon ma véritable patrie ». C'est à partir de ce moment que ses rêves « ont commencé à se dérouler au Canada et se sont peuplés de Canadiens ».

Un difficile transfert d'un hémisphère à l'autre : voilà ce qu'a effectué Nicole Schouéri Abouhalka dans les années 80, à l'instar d'un grand nombre de ses concitoyens libanais, à la recherche d'un lieu apaisant. Mais avec elle, partir n'a pas été mourir, mais renaître autrement, malgré un cœur toujours accroché au pays, un environnement totalement inconnu et une grave maladie qui...