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Lifestyle - Gastronomie

Les Libanaises Yasmine et Julie Audi embarquent les glaces et les Angel Cakes d’OSLO à Milan

Après avoir grandi à l’ombre des sorbets, des glaces et des desserts que leur mère Nayla Audi n’a cessé de déployer, comme des promesses de rêves, au sein de sa pâtisserie et glacerie, Yasmine et Julie Audi viennent de reprendre le flambeau pour installer une première boutique OSLO à Milan.

Les Libanaises Yasmine et Julie Audi embarquent les glaces et les Angel Cakes d’OSLO à Milan

Julie (g.) et Yasmine Audi dans leur boutique milanaise. Photo David Raffoul

Il suffit de passer cinq minutes avec Nayla Audi pour comprendre à quel point elle aime le Liban, et particulièrement le Sud-Liban d’où elle vient. À quel point elle a Beyrouth dans la peau. En 1998, lorsque la légendaire maison rose de Manara est menacée de destruction, elle « en tombe malade » et décide de créer un poignant livre illustré, intitulé Les Maisons de Beyrouth. Une sorte d’album intime, une presque boîte à trésors, où elle avait cartographié, avec l’illustratrice Flavia Codsi, les maisons les plus emblématiques de notre ville. Pour qu’on ne les oublie pas. Pour qu’elles restent. Nayla Audi avait dédié ce livre à ses deux filles, Yasmine et Julie, qui avaient à l’époque respectivement 6 et 4 ans.

Un an plus tôt, en 1997, à peine rentrée de Los Angeles, Nayla Audi avait fondé la pâtisserie et glacerie OSLO, qu’il n’est plus nécessaire de présenter. C’était comme son gage de douceur à un Beyrouth à peine sorti de l’enfer de la guerre civile. « Cette année-là, on rentrait tous les jours de l’école en trouvant notre mère en train de brancher des machines à glace dans toute la maison et testant des saveurs avec notre grand-mère Alice et sa sœur Yvonne. Elle avait transformé la maison en laboratoire de crème glacée et de sorbets », racontent Yasmine et Julie.

Au fil des ans, ce qui avait démarré comme une petite entreprise dédiée à la glace s’est transformée en une entreprise de pâtisserie au succès éloquent cornaquée par Nayla ; avec ses plus de 80 saveurs artisanales de glace, ses cookies, ses gâteaux, ses tartes, ses bombes glacées, et bien plus encore. Aujourd’hui, rétrospectivement, en plus d’avoir insufflé au Liban de nouvelles saveurs et en tout cas une idée de la douceur qui est la sienne, Nayla Audi aura transmis à ses filles l’amour de ce pays et « un palais affûté », disent-elle. À tel point que ces dernières viennent tout juste de reprendre le flambeau pour inaugurer une boutique OSLO à Milan, la première en dehors du Liban. Laquelle est principalement dédiée aux glaces et sorbets emblématiques de la maison ainsi qu’au Angel Cake, un best-seller qui s’arrache à Beyrouth. Et déjà à Milan.

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Un patrimoine intangible

Si, initialement, Yasmine Audi était déterminée à faire carrière dans le design et Julie en économie, chacune concentrée sur son chemin personnel, elles grandissent à l’ombre des piles de glaces qui sortent chaque jour des ateliers, ou dans les effluves sucrés des gâteaux dont seule leur mère Nayla avait le secret. Le confinement pour cause de Covid-19 les cloue à Los Angeles où elles passent, à trois, la plupart de leur temps entre le marché bio et la cuisine, à tester et inventer de nouvelles recettes. À jouer. « Nous avons passé plus de temps avec notre mère que nous ne l’avions fait depuis des années, et c’est là que nous avons ressenti le besoin de continuer et de développer la marque ensemble », raconte Julie. Et Yasmine de poursuivre : « En fait, vingt-sept ans après sa fondation à Beyrouth, vingt-sept ans après avoir cherché sans cesse de nouvelles saveurs de crème glacée et sorbets, vingt-sept ans à réinventer, rhabiller et déshabiller notre Angel Cake, vingt-sept ans à regarder notre mère adoucir notre quotidien et ceux de tous nos clients à Beyrouth et aux États-Unis (où Nayla avait fondée Milk, la petite sœur américaine d’OSLO, NDLR) à la force de ses pâtisseries, il était naturel, presque évident pour nous, de joindre officiellement nos forces et d’étendre l’histoire de notre label à Milan, où je suis basée depuis 2018. »

Pourquoi Milan ? « Je pense que si Beyrouth n’avait pas connu la guerre et tous les désastres qui sont survenus après, notre ville aurait beaucoup ressemblé à Milan tant dans son urbanisme que dans son tissu social. C’était un choix très organique, une prolongation naturelle de notre histoire à Beyrouth », explique Nayla Audi.

Le Angel Cake en vedette dans la vitrine de la boutique de Milan. Photo DR

Lorsque Yasmine et Julie Audi s’attellent à leur projet milanais, et que pour ce faire, chacune de son côté se met à essayer et parfaire la recette de l’Angel Cake, une recette de glaçage ou de meringues, entièrement confectionnée sans produits laitiers et sans matières grasses, elles réalisent que « notre mère nous avait laissé un patrimoine intangible, quelque chose duquel on ne se rendait pas compte. Quand on lui demandait conseil pour la confection d’une pâtisserie, elle nous disait juste fais-le, et par magie, ça marchait. » Leur idée était de créer un espace où, confient-elle, « en même temps on raconte notre héritage libanais, qui a largement inspiré et définit l’histoire d’OSLO, mais aussi d’y insuffler une petite touche des cafés italiens à l’ancienne que nous aimons tant ». Et Nayla Audi, de nuancer, avec émotion : « Elle ont donné à mon produit un supplément d’âme et de fraîcheur qui me fait le voir autrement, aujourd’hui. » Le local qui leur tombe sous la main, magie des hasards, est justement un vieux café dans le quartier résidentiel du Conservatorio, à Milan, où Yasmine et Julie Audi se surprennent depuis l’ouverture de rencontrer des clients qui, pour la plupart, connaissent le Liban ou y sont liés d’une manière ou d’autre. Elles choisissent d’en confier le réaménagement à l’architecte français Benoît Dupuis, un ami proche de la famille. Parce que c’est ainsi qu’elles ont rêvé l’adresse milanaise : intime, sincère et fidèle à son versant libanais et en tout cas à l’esthétique onirique, poétique et un rien désuète qui enrubanne tout ce à quoi Nayla Audi touche. Un projet quasi familial, en fait. C’est aussi la raison pour laquelle elles ont fait appel à Rym Beydoun, une autre de leurs amis proches et fondatrice de la marque Super Yaya, pour la création du revêtement de leur assise et celle de l’uniforme des employés.

Le local conçu par l'architecte français Benoît Dupuis, et les Angel Cakes en vedettes. Photo DR

Angel Cake, loukoums et glace à l’orchidée sauvage

Un rideau en vieux coton, sur lequel il est brodé : « Made in Heaven », le motto de la marque, comme une promesse de rêves, a été confectionné par la brodeuse qui a conçu les rideaux de leur maison à Beyrouth  ; et toute l’argenterie qui tient lieu de plats à servir leur a été léguée par leur grand-mère Alice, une figure importante de leur vie, disparue il y a quelques mois. Mais, surtout, dans la boutique sur Via Filippo Corridoni, où un gros splash en céramique or et blanc constelle le sol, c’est le Angel Cake, peut-être l’empreinte gustative d’OSLO la plus connue, qui agit comme pièce centrale. Ici, entre les bouquets de fleurs de saison et les gâteaux empilés en vitrine, comme arrachés d’une toile de Wayne Thiebaud, on est invité « à essayer une nouvelle façon de manger du gâteau », disent les sœurs Audi. « En commençant par la base de l’Angel Cake que l’on choisit (entre saveurs de rose, chocolat ou matcha), et ensuite en construisant sa propre tranche avec une gamme de garnitures et de crèmes, des pistaches caramélisées, des fruits frais et de petits morceaux de loukoum, faits maison aussi. » La même chose s’applique aux Angel Cakes entiers qui sont entièrement modulables, et qui, en en amoncelant plusieurs deviennent des sortes de sculptures fantasques et presque imaginaires. « Au fil des ans, ce cake est devenu non seulement un best-seller ; mais surtout l’une des pierres angulaires de notre « héritage » familial. Il est en fait devenu le fil conducteur de notre histoire », poursuivent Yasmine et Julie Audi. À côté, un comptoir renfermant les saveurs de glace et de sorbet signatures d’OSLO, toutes fabriquées à partir de produits naturels, la rose, la rose loukoum, la fleur d’oranger, en passant par l’orchidée sauvage (qui n’est autre que notre sahlab local), le coffee toffee crunch, ne peuvent que réveiller l’enfant en nous.

Car ce n’est pas pour rien que la phrase, « Made in Heaven » a son importance. C’est comme une promesse de mélanger les goûts de Beyrouth, de Milan – et bientôt d’autres villes d’Europe, comme l’assurent Nayla, Yasmine et Julie Audi –, à celui du paradis…

*OSLO, Made In Heaven, Via Filippo Corridoni 1, Milan, ouvert tous les jours de 11h à 19h. instagram.com/oslo_madeinheaven

Il suffit de passer cinq minutes avec Nayla Audi pour comprendre à quel point elle aime le Liban, et particulièrement le Sud-Liban d’où elle vient. À quel point elle a Beyrouth dans la peau. En 1998, lorsque la légendaire maison rose de Manara est menacée de destruction, elle « en tombe malade » et décide de créer un poignant livre illustré, intitulé Les Maisons de Beyrouth....

commentaires (2)

Bravo pour la délicieuse glace et pour le courage de chercher à concurrencer les célèbres glaces italiennes (milanaises) sur leur propre sol. Par contre Beyrouth ressemble bien plus à Marseille qu'à Milan qui en dehors du centre historique est une ville industrielle du 20ème siècle.

Le borgne

22 h 43, le 24 avril 2024

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Commentaires (2)

  • Bravo pour la délicieuse glace et pour le courage de chercher à concurrencer les célèbres glaces italiennes (milanaises) sur leur propre sol. Par contre Beyrouth ressemble bien plus à Marseille qu'à Milan qui en dehors du centre historique est une ville industrielle du 20ème siècle.

    Le borgne

    22 h 43, le 24 avril 2024

  • Bravo !!! ????????

    audi-sikiaridis fabienne

    00 h 29, le 21 mars 2024

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