Hier, la Syrie et Israël ont connu l'un de leur accrochage militaire le plus significatif depuis 2011. Après les raids de l'État hébreu qui ont visé des armes « sophistiquées » destinées au Hezbollah, selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l'armée syrienne a affirmé avoir riposté et abattu l'un des avions israéliens et en avoir atteint un deuxième, ce que l'État hébreu a démenti. Joint par téléphone, Karim Émile Bitar, professeur associé de relations internationales à l'USJ et directeur de recherche à l'IRIS, a répondu à ce propos aux questions de L'Orient-Le Jour.
(Pour mémoire : Pour le Financial Times, le Hezbollah sortira renforcé du conflit syrien)
Israël a rarement officialisé par le passé ses frappes en Syrie. Pourquoi en avoir décidé autrement maintenant ?
Cette officialisation s'explique probablement par l'importance de l'accrochage. Cet incident est le plus sérieux entre les deux pays depuis le déclenchement de la révolution syrienne. Pour Israël, il s'agit donc de rendre solennellement compte de ce qui arrive, mais surtout d'envoyer différents signaux aussi bien à ses adversaires qu'à ses alliés.
Est-ce que la Syrie peut se permettre de riposter sans l'accord de Moscou ?
La Syrie ne peut pas se permettre d'agir sans l'accord russe. Ils peuvent tout au plus faire semblant d'être en train de répondre par eux-mêmes. Même lorsque le régime syrien n'était pas encore fragilisé par la révolution qui a débuté en mars 2011, il ne s'était jamais montré courageux dans ses ripostes face à Israël. On connaît la fameuse formule du parti Baas qui disait « nous nous réservons le droit de répondre et nous choisirons en temps opportun le lieu et le timing de la réponse », et cette réponse, bien entendu, ne venait jamais.
Aujourd'hui que le régime est devenu particulièrement dépendant de ses protecteurs russe et iranien, il ne peut entreprendre d'actions stratégiques d'envergure sans en référer à ses parrains.
Est-ce que l'on pourrait assister à une escalade ?
Les partisans du régime syrien sont souvent très embarrassés lorsqu'on leur rappelle que le président russe Vladimir Poutine est un allié solide d'Israël et de Benjamin Netanyahu et que la coopération technologique et militaire entre ces deux pays n'a jamais été aussi forte. Les Russes et les Israéliens ont signé un accord à l'automne 2016. Cet accord entre le gouvernement israélien et la force aérienne russe visait à éviter tout clash accidentel ou des escalades.
Aujourd'hui, une escalade résulterait soit d'une fuite en avant suicidaire du régime syrien, soit d'une décision d'Israël de régler son compte au Hezbollah, son véritable adversaire principal. À ce stade, le fait que la Russie joue un rôle aussi prépondérant auprès des deux parties rend une escalade assez improbable, mais au Moyen-Orient tout est possible.
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Yâ harâââm yâ bääSSdiots bääSSyriens.... C'est bientôt leur FIN !
19 h 11, le 18 mars 2017