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À La Une - Liban

Le vote de la grille des salaires ajourné

Makari impute la responsabilité à Samy Gemayel de l'échec du vote, qui s'en défend.

Le vice-président du Parlement, Farid Makari, a levé jeudi à la surprise générale la séance plénière consacrée à l'examen de la grille des salaires, faute de quorum. Photo Marwan Assaf.

Le vice-président du Parlement, Farid Makari, a levé jeudi à la surprise générale la séance plénière consacrée à l'examen de la grille des salaires, faute de quorum, attribuant la responsabilité de l'échec du vote de cette grille au chef des Kataëb, Samy Gemayel, qui se défend d'avoir entravé son adoption.

Accusé, Gemayel se défend
"J'attribue la responsabilité de l'échec de la grille des salaires à ceux qui ont entravé et détourné le sens de cette grille, Samy Gemayel en tête", a déclaré M. Makari, lors d'une conférence de presse organisée au siège du Parlement. "Les Kataëb ont fait état sur les réseaux sociaux de hausses d'impôts et de taxes qui n'existent pas car il y avait une intention de ne pas voter la grille".  Néanmoins, M. Makari a assuré que "la grille des salaires sera votée lors d'une séance présidée par le chef du Parlement, Nabih Berry". Il a par la suite déclaré que M. Berry veut que cette séance se tienne mercredi ou jeudi prochain, après le retour de M. Hariri de sa visite d'une journée prévue en Egypte.

Le Premier ministre, Saad Hariri, a ensuite pris la parole. "Des mensonges ont été lancés sur les réseaux sociaux", a-t-il déclaré, indiquant que "les responsables seront poursuivis". "Nous sommes venus avec la volonté de voter la grille des salaires malgré les réserves que nous avions car cette dernière est nécessaire pour les gens".
"Lorsque nous votons des dépenses, nous devons voter des recettes. Nous ne voulons pas que le Liban arrive à la même situation que la Grèce ou d'autres pays qui ont fait faillite", a ajouté M. Hariri. "Nous tenons à ce que la grille des salaires soit votée", a-t-il souligné.

Attaqué nommément , Samy Gemayel a répondu aux accusations. "Nous ne sommes pas responsables des rumeurs infondées sur les hausses d'impôts qui ont circulé", s'est défendu le chef des Kataëb lors d'un point de presse, entouré des députés de son bloc parlementaire. "Les 22 mesures fiscales ont été rendues publiques il y a plusieurs jours", a-t-il ajouté.

"Tout le monde est témoin du fait que nous ne sommes pas les responsables de l'échec du vote. Nous sommes quatre (députés) ! Nous ne sommes pas assez nombreux pour créer un défaut de quorum", a-t-il déclaré. "Les responsables sont ceux qui ont levé la séance et les députés qui se sont absentés", a-t-il dit. "Notre lutte contre la corruption et la dilapidation nous a écartés du pouvoir", a déclaré M. Gemayel, réclamant que l'immunité des parlementaires soit levée".

Plus tôt dans la journée, Alain Aoun et Ibrahim Kanaan, députés membres du Courant patriotique libre (CPL) s'étaient plaints des contestations répétées de M. Gemayel qui refusait que la grille des salaires soit financée par les contribuables et réclamait qu'elle le soit à travers "l'arrêt de la dilapidation des fonds et du vol", évoquant une tentative de "sabotage" de sa part.

De son côté, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a annoncé qu'il "suspendait" son soutien à la grille des salaires "jusqu'à ce que ceux qui la contestent trouvent d'autres ressources".

Pour sa part, le leader druze Walid Joumblatt a déclaré que "le PSP soutient depuis le début la grille des salaires à condition que le financement soit assuré et que la dilapidation s'arrête". "Les prises de position démagogiques sont simples à prendre", a-t-il toutefois ajouté.

 

(Pour mémoire : Les hésitations de la Chambre, entre la grogne populaire et la détermination du gouvernement...)

 

Manifestations dans le centre-ville de Beyrouth
Certains corps de métier, enseignants et juges d'abord, mais aussi avocats, milieux d'affaires et banquiers, ont exprimé des réticences à l'égard de ce projet de loi qu'ils ont jugé injuste.

Jeudi, des militants du parti Kataëb et du Parti national libéral, des représentants des enseignants des cycles complémentaire et secondaire général et technique des écoles publiques ainsi que des activistes de divers collectifs de la société civile se sont ainsi rassemblés en fin d'après-midi place Riad Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, pour protester contre les hausses d'impôts et de taxes adoptés pour financer la grille des salaires.

A la suite des déclarations de M. Makari et de M. Hariri, les protestataires ont lancé des slogans hostiles aux responsables politiques. Les manifestants se sont rapprochés très près du cordon de sécurité déployé autour du Grand Sérail. Aucun affrontement avec les forces de l'ordre n'a été toutefois enregistré.

Les activistes de la société civile ont commencé à quitter la place Riad Solh vers 21h30, annonçant que leur sit-in reprendra demain à 17h.

 


Manifestation place Riad Solh contre la grille des salaires. Photo Ani

 

Plus tôt dans la journée, des professeurs cadrés de l'Université libanaise ont également manifesté dans le centre-ville de Beyrouth. Ils dénoncent une atteinte aux "droits acquis" et refusent qu'"il soit touché aux allocations de la caisse mutuelle des professeurs". En début de soirée, les professeurs qui avaient observé jeudi une journée de grève ont annoncé que demain sera une journée de cours ordinaire.

Par ailleurs, une centaine de militaires à la retraite s'est également rassemblée dans le centre-ville de la capitale pour protester contre la grille des salaires.

De son côté, le Conseil supérieur de la magistrature a annoncé la suspension de la grève des avocats et des juges, leur demandant de reprendre leur travail dès demain, après avoir reçu des assurances du président de la République Michel Aoun, du Premier ministre Saad Hariri et du chef du Parlement Nabih Berry. Néanmoins, l'ordre des avocats de Beyrouth et de Tripoli ont annoncé que ses membres n'assisteront pas aux séances judiciaires vendredi et samedi.

Le projet de loi de la grille des salaires préconise de déléguer au gouvernement le pouvoir d'envisager l'annulation de certaines aides financières dont bénéficiaient les juges par le biais de leur mutuelle. Le texte prévoyait également réduire les vacances judiciaires de deux à un mois. Mais après concertations entre le CSM et de hauts responsables politiques, les juges et les avocats se verront attribuer un mois et demi de vacances.

Le financement de l'échelle des salaires, un réajustement des barèmes et des traitements dans le secteur public, qui comprend aussi bien les fonctionnaires que les enseignants, l'armée et les services de sécurité, devrait coûter au maximum 800 millions de dollars à l'Etat libanais pour l'exercice 2017. Pour financer la nouvelle échelle, une vingtaine de mesures fiscales ont été prévues dans le projet de loi approuvé la semaine dernière par les commissions parlementaires mixtes. Plusieurs d'entre elles ont déjà été votées.

L'alcool et le tabac taxés
Durant la séance du matin, la Chambre a ainsi adopté une augmentation sur les prix du tabac et ses produits dérivés. Conformément à la nouvelle loi, le prix du paquet de cigarettes et du paquet de tabac augmentera de 250 livres libanaises, et celui du cigare de 500 LL. Quarante-six députés ont voté en faveur de cette hausse tandis que 22 s'y sont opposés. Trois députés ne se sont pas prononcés. Cette mesure avait suscité de fortes divergences entre les parlementaires au point que le vice-président de la Chambre s'est vu dans l'obligation de les menacer de lever la séance et de la remettre à la semaine prochaine. Une hausse du prix des opérations notariales a également été votée.

Auparavant, la Chambre avait adopté l'augmentation de la taxe sur les boissons alcoolisées importées. Le litre de bière et de spiritueux importés – respectivement taxés à hauteur de 60 livres (0,04 dollar) et de 400 livres (0,27 dollar) actuellement – sera soumis à une majoration fiscale de 25 % ; tandis que celui de vin ou de champagne le sera de 35 %.

Mercredi soir, à l'issue d'une journée marathon de débats en séance plénière, les députés avaient adopté plusieurs mesures fiscales inscrites dans le texte, dont principalement le relèvement d'un point du taux de TVA (à 11 %).

 

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Accusé, Gemayel se défend"J'attribue la responsabilité de...

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SAMY GEMAYEL NE SABOTE PAS... IL DIT LA VERITE ! LES 2 MILLIARDS DE DOLLARS DE DEFICIT ANNUEL DE L,EDL FINANCE PLUSIEURS GRILLES ET REDUIT LA DETTE SOUVERAINE... ET TANT D,AUTRES DILAPIDATIONS DES DENIERS PUBLICS...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 49, le 16 mars 2017

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Commentaires (1)

  • SAMY GEMAYEL NE SABOTE PAS... IL DIT LA VERITE ! LES 2 MILLIARDS DE DOLLARS DE DEFICIT ANNUEL DE L,EDL FINANCE PLUSIEURS GRILLES ET REDUIT LA DETTE SOUVERAINE... ET TANT D,AUTRES DILAPIDATIONS DES DENIERS PUBLICS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 49, le 16 mars 2017

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