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Lifestyle - La mode

Semaine de la mode de Paris, la force soit avec elles !

Les semaines de la mode se suivent et miraculeusement ne se ressemblent pas tant la créativité des collections semble inépuisable. Le thème dominant des prochaines saisons est cependant, clairement, l'autonomisation et le renforcement des femmes que la mode semble vouloir habiller d'armures, comme on l'a vu lors des défilés parisiens de mars pour l'automne 2017. En voici un aperçu.

Dior.

Saint Laurent et les nuits blanches des 80's
Ouvrant la saison en grande pompe, à même le chantier et parmi les échafaudages des futurs locaux de Saint Laurent sis au cœur de l'abbaye cistercienne de Penthémont, Anthony Vaccarello s'est visiblement lâché sur sa nostalgie des années 80 et son amour du rock, soulignant comme jamais le grand retour des épaulettes. À la fois armures sexy et enveloppes protectrices, affirmant une féminité tout autant dominante que dominée, les robes sont en cuir verni drapé. Il y a d'ailleurs beaucoup de cuir dans cette collection qui se veut « un fantasme radical de l'héritage d'Yves Saint Laurent », dont Vaccarello dit admirer « le romantisme sombre teinté de perversité ». Les nuits blanches et dissolues des années 80 pré-sida hantaient ce défilé soutenu par une campagne d'affichage qui se voulait porno chic mais que l'Autorité de régulation a fait retirer pour « représentation dégradante et humiliante de la personne ».

Ce bleu Dior
Chez Christian Dior, la directrice artistique Maria Grazia Chiuri l'a déjà annoncé à grand bruit pour cette belle saison, sur une collection de tee-shirts arborant le slogan We should all be feminists (Nous devrions tous être féministes). Du coup, on ne s'étonnera pas que l'automne soit en cohérence avec cette note combative, abandonnant le doux gris perle de la maison pour décliner le bleu de travail dans toutes ses nuances. Le denim, au passage, s'offre un nouveau chic et se gentrifie, rajeunissant l'allure même sur l'inoxydable veste Bar. La nuit, le bleu se fait ciel étoilé sur tulle ou velours avec des broderies stellaires. Le tulle par ailleurs envahit la collection, prolongeant l'inspiration estivale pour souligner de sa féminité légère l'allure sportive et l'accent poulbot dominant, entre bérets et sacs à bandoulière.

Miu Miu à la chasse aux « bébés acryliques »
Sans doute la femme habillée de fourrure, dans les sociétés préhistoriques, était-elle perçue comme la femme du mâle dominant, du meilleur chasseur. Longtemps la fourrure fut d'ailleurs teintée de luxe et de glamour, jusqu'à la constitution de Peta dans les années 80 et ses campagnes aussi violentes qu'efficaces, soutenues par Brigitte Bardot, contre la chasse des bébés phoques. Mais la fascination demeure, et Miu Miu l'a compris qui mélangeait dans son dernier défilé pour la prochaine saison froide fourrure synthétique et vrais pelages. Des châles en renard acrylique ornent des parkas en vinyle transparent, des vestes masculines sont soulignées d'astrakan et, en dessous, tricots rayés et chaussures de bowling. Dit comme ça, ça fait un peu peur, mais il faut compter avec le génie de Miuccia Prada.

Elizabeth II égérie de Stella McCartney
La parka de chasse matelassée et le foulard noué sous le menton : deux indices qui renvoient au portrait le plus célèbre du monde, celui de la reine Elizabeth II en son domaine pluvieux de Sandringham, dans le Norfolk. Stella McCartney associe cette allure, à la fois low key et évocatrice de prestige, au motif d'une peinture du XVIIIe siècle, réalisée par George Stubbs, montrant un cheval effrayé par un lion. Ce motif court dans toute la collection, rendant hommage au règne animal tout en évitant le moindre usage du cuir et de la fourrure. Car la fille du Beatles Paul McCartney est végétarienne et activiste de la protection de la nature. L'ensemble de sa collection s'inspire du monde équestre tout en mettant en valeur la féminité au moyen de corsages baleinés très Madonna version 80's.

 

(Lire aussi : Chanel célèbre les 30’s dans une nuée d’argent)

 

Niki de Saint Phalle dans l'univers de Sonia Rykiel
C'est une idée de génie qu'a eue Julie de Libran, la directrice de la création chez Sonia Rykiel, d'associer les univers de deux grandes créatrices de la même génération. Nées la même année, en 1930, Sonia Rykiel et l'artiste Niki de Saint Phalle donnaient de la femme, l'une avec ses tricots rayés et l'autre avec ses Nana colorées, une image d'indépendance et de désinvolture. La collection est dans la même note, débauche de patchworks, d'imprimés colorés, de pyjamas à fleurs et pantalons de sans-culotte, plumes et grosses vestes, mais, surtout, pièce emblématique du défilé, un ample manteau blanc à franges qui semble avancer dans un bouillonnement de cascade.

Balenciaga tout en volumes
Dire que le grand Cristobal Balenciaga, celui en qui Christian Dior lui-même reconnaissait un maître, a abandonné la couture en 1968 parce que l'époque ne lui correspondait plus ! Aujourd'hui Demna Gvasalia, son dernier successeur en date, puise dans ses archives pour créer, près de cinquante ans plus tard, les collections les plus désirables et les plus courues par la nouvelle génération. Si le maître mot y est « volume », le Balenciaga nouveau est aussi manteau à carreau, cape de velours imprimée fauve et veste de costume boutonnée de traviole. Le logo Balenciaga court partout et les accessoires sont directement inspirés de la rue, notamment les pochettes en rétroviseurs de voiture parce que « qui, à Paris, n'a pas perdu le sien au moins une fois ? »

 

(Lire aussi : La Semaine de la mode de Londres marquée par le « co-ed »)

 

Céline dans le vestiaire des hommes
Ce serait presque le complet rose qui grandit tout seul dans le célèbre clip de Christine and The Queens. Le costume masculin revisité par Phoebe Philo par Céline se féminise curieusement en s'amplifiant. Épaules ultralarges mais taille cintrée, coupe croisée, chemise à col pelle-à-tarte et bottes pointues, le nouveau vocabulaire de la créatrice britannique est tout en emphases mais il raconte paradoxalement une féminité sobre et élégante, puissante sans ostentation.

Louis Vuitton au Louvre
C'était une grande première, et c'est Louis Vuitton qui en a eu l'honneur : défiler au Louvre, carrément ! Sous la pyramide de Pei et entre les différents niveaux de la cour Marly, Nicolas Ghesquière a imaginé une mode « monde » réunissant toutes les cultures et ethnies. Casser les frontières, inviter le brassage et l'immigration dans le processus créatif qui sans eux s'appauvrit, telle est l'intention première de cette collection hivernale qui récupère les codes folkloriques et champêtres pour leur conférer une attitude éminemment urbaine. Les 5 000 fans rassemblés à l'extérieur pour apercevoir l'arrivée de la pléiade de stars et vedettes de cinéma présentes au défilé résumaient finalement l'intention de la maison : créer au Louvre un défilé qui ressemble à ces visiteurs du Louvre, venus de tous pays et de tous horizons.

Chanel à la conquête des étoiles
Doyen des créateurs de mode en activité, Karl Lagerfeld n'en est pas moins l'un des plus sensibles aux faits contemporains. Chez Chanel, maison vénérable s'il en est, il ne cache pas sa fascination pour les nouvelles technologies et a déjà une mode d'avance sur la conquête des nouvelles planètes habitables. Grâce à lui, on sera présentable pour visiter l'univers, et il ne sera pas dit que les Terriennes sont mal fagotées. Sous la verrière du Grand Palais, son lieu fétiche, il a fait installer une immense rampe de lancement pour une fusée de 30m (qui décollera pour de « vrai »), autour de laquelle ont défilé des modèles pour superhéroïnes. Détails argentés, fourreaux et capes, les accessoires sont de la même veine futuriste, avec même de petits sacs imitant de minivaisseaux spatiaux.

 

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