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Lifestyle - La mode

La Semaine de la mode de Londres marquée par le « co-ed »

La « London Fashion Week Men's » qui s'est tenue du 6 au 9 janvier était supposée s'adresser à l'homme. Sans surprise, dans une industrie en pleine mutation, la plupart des créateurs ont opté pour
la formule « co-ed », présentant en même temps pour l'automne-hiver 2017-2018 leurs collections masculines et féminines, et des vestiaires volontiers poreux.

J.W. Anderson automne-hiver 2017-2018.

Londres, Milan, Paris, New York, telles sont les Big Four, les quatre capitales où se succèdent les fameuses Fashion Weeks au cours desquelles les grandes marques de mode ouvrent leurs cartes et jouent leur réputation. Or la mode a connu une telle surchauffe ces dernières années qu'elle se voit en 2017 obligée de se réorganiser de manière à ménager ses créateurs, réduire ses frais de défilés et optimiser sa stratégie médiatique.

Après le see now buy now lancé par certaines marques comme Burberry, qui permet aux clients et acheteurs de se faire livrer directement les pièces vues sur les podiums, la Semaine de la mode londonienne qui ouvrait le marathon annuel a définitivement consacré une autre tendance, celle du co-ed, en faisant défiler les collections hommes et femmes sur une même plateforme. Le terme « co-ed » est une abréviation de coeducational, adjectif qui définit en Angleterre les écoles mixtes. Grâce à cette formule deux en un, les marques gagnent en visibilité, attirant davantage de médias, et font l'économie d'un show supplémentaire. Les emprunts se faisant de plus en plus fréquents entre hommes et femmes, c'est aussi pour les créateurs l'occasion de proposer un vestiaire mixte qui en fait davantage pour la théorie du genre que tous les psychologues réunis.

Les années 80-90
Chaque génération hérite des nostalgies de celle qui l'a précédée. Ainsi, les trentenaires d'aujourd'hui rêvent des années 80 qui ont effleuré leur enfance sans avoir le temps de l'enchanter. C'est pour ces Millenials que la poignée de stylistes pointus, défilant à Londres le week-end dernier, ont ressuscité les volumes et les paillettes des eighties. En hommage à la décennie qui a inventé les raves parties, la marque Topman Design du géant Topshop a déployé couleurs fluo et imprimés psychédéliques qui flashaient entre les murs de béton brut d'un entrepôt du Selfridges décoré de sculptures en forme de tuyaux. Les mannequins, volontiers crasseux, cheveu gras et boucle d'oreille en évidence, rejouaient au son de la house et de la techno diffusée par Trevor Jackson une époque où les jeunes enchaînaient les petits boulots pour aller directement, en soirée, du travail à la fête. Un mode de vie qui exige un certain confort, celui-ci étant traduit par des pantalons baggy démesurés ou l'incontournable jogging gris rehaussé de détails brillants.

Barbour revoit ses classiques
Fondée en 1894 par John Barbour, J. Barbour and Sons, qui en est à sa cinquième génération, s'est spécialisée depuis le départ dans le vêtement d'extérieur, notamment les vestes en toile cirée, ou Wax Jackets. Il s'agit d'une invention inspirée de l'habitude des marins et des dockers d'enduire leurs vestes de graisse de poisson pour se protéger des intempéries. Pour faire court, la cire était nettement moins odorante que la morue. Adoubé fournisseur officiel de la famille royale, Barbour développe et diversifie son offre, devenant tour à tour icône des motards, des rockers, ou symbole du preppy, le chic universitaire britannique. Lors de la Fashion Week de Londres, Barbour a notamment présenté des looks lumbersexuels (inspirés du bûcheron ou d'un retour de l'urbain à la nature), mais surtout une série limitée de vestes calligraphiées de poèmes de Robert Mongomery, vendues directement sur le défilé.

Les broderies « apps » de J. W. Anderson
Broderies colorées et motifs au crochet, un savant usage du fait-main au service d'un rendu digital. « Ça ressemble à un iPhone, avec ses pages d'applications », précise J. W. Anderson, le nouvel enfant terrible de la mode, surdoué de 31 ans qui s'est vu confier la direction artistique de Loewe (groupe LVMH) mais qui défilait à Londres sous son label éponyme. Le styliste, fils de l'ancien international de rugby Willie Anderson, proposait des manteaux de laine longueur mi-cuisses, aux manches XXL. Pas fonctionnels, mais parfaitement en phase avec une nouvelle ère où les mains n'auront plus grand-chose à faire avec l'avènement du tout-digital. Ici aussi, les volumes sont généreux, les pantalons taillés en sarouels et les couleurs particulièrement éclatantes pour une collection hivernale.

Vivienne Westwood toujours engagée
La pionnière du mouvement punk n'a jamais baissé les armes. À 75 ans, Vivienne Westwood continue à mettre son excentricité au service d'une humanité plus respectueuse de ses différences et de son environnement. Chantre du upcycling (recyclage sublimé) et de l'effacement des frontières, elle pousse le « co-ed » jusqu'à habiller ses hommes en robes. Après avoir fusionné ses lignes masculines et féminines sous l'unique label Vivienne Westwood, la créatrice souligne que ses premiers défilés « comptaient toujours des hommes et des femmes ».

Tinie Tempah et « l'homme de tous les jours »
À chaque Fashion Week, on retrouve désormais une vedette qui fait ses débuts dans la mode. À Londres, c'est le rappeur de 28 ans Tinie Tempah (Written in the stars, Not letting go) qui a présenté sa collection avec la marque What We Wear, inspirée par l'architecture européenne et scandinave, et la vie de tous les jours. Informel et minimaliste, le vestiaire de Tinie Tempah raconte une génération en pleine évolution, totalement nomade, adepte de voyages et de confort. S'il a choisi de créer une collection masculine plutôt que féminine, c'est parce qu'il « en avait marre d'entendre les gens dire qu'il avait du style alors qu'il portait des vêtements créés par d'autres ».
Le mois de janvier est ordinairement consacré à la mode masculine. Hier s'ouvrait à Florence le Salon Pitti Uomo. Cette manifestation sera suivie le 14 janvier par la Semaine de la mode masculine de Milan, le 18 par celle de Paris avec un intermède le 22, toujours à Paris, pour la haute couture. C'est à New York, le 30 janvier, que seront clôturées les collections homme de l'hiver prochain.

 

 

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