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Lifestyle - La mode

Semaine de la mode masculine de New York : ponts contre murs

Avec soixante-neuf shows contre soixante-quatre en juillet dernier, la Semaine de la mode masculine de New York qui a eu lieu du 30 janvier au 2 février fut, à ce jour, la plus importante édition de cet événement. Une édition marquée par la politique avec des défilés manifestes, voire «manifestations ».

John Varvatos automne-hiver 2017.

Dans une industrie de plus en plus surpeuplée, surchauffée et surpressurisée, comment sortir de la masse, se distinguer, continuer à surprendre et à créer du désir? Le secteur de la mode, en 2017, continue à remettre en question des traditions dysfonctionnelles, entre défilés unisexes, vente directe (seenow, buynow) et présentations sobres, le plus souvent privées. Les quatre jours de défilés masculins de l'hiver prochain donnés à New York n'étaient pas en reste, privilégiant des marques locales qui n'ont pas encore franchi l'Atlantique et se laissent parasiter par les rappeurs et DJ qui élargissent leur offre musicale à la création de tout un art de vivre.

Kanye West en marge du calendrier officiel
Le rappeur Kanye West, sans doute le plus bling-bling de sa génération, a fait son chien dans le jeu de quilles, présentant la troisième collection de son label Yeezy sans tenir compte des chevauchements possibles avec d'autres défilés. Et c'est au Madison Square Garden qu'il a accaparé le public plusieurs heures, empêchant médias et acheteurs de se déplacer vers les autres présentations qui, elles, respectent les 15 minutes réglementaires, ce qui fut totalement contre-productif et lui valut des critiques sévères, la qualité n'étant pas à la hauteur du rapt. Autre événement parallèle, celui-là réalisé dans les normes et positivement accueilli, le défilé du label Dinmark, collection de streetwear californien du DJ Steve Aoki.

 

(Lire aussi : Gaëlle Khoury et les petites bêtes qui montent)

 

Raf Simons, une ode à New York et à la tolérance
C'est la première fois en vingt-deux ans, depuis la création de son label éponyme, que Raf Simons défile à New York où il s'est récemment installé. Et ce n'est pas un hasard s'il a choisi de présenter sa collection chez un « immigré », en l'occurrence la prestigieuse galerie de Larry Gagosian. Double défilé d'ailleurs, puisque Raf Simons est aussi le nouveau directeur artistique de Ralph Lauren dont il présentera le prêt-à-porter féminin lors du prochain événement new-yorkais qui démarre le 9 février. Véritable manifeste, la collection Raf Simons multiplie les matières raffinées et les coupes généreuses en barrant sa maille de messages, I love NY, mais aussi Anyway out of this, Walk with me, Youth project, ou un I love you adressé à l'humanité entière. Le dernier tableau s'est achevé avec la projection, sur le mur du fond, du message Welcome to New York, Raf, qui exprime la position de la mégalopole et se passe de commentaire.

Dans les coulisses et les fêtes des différentes manifestations, les conversations allaient d'ailleurs bon train sur la situation politique, les créateurs étant tous sous le choc des nouvelles dispositions prises par le président Trump à l'égard des étrangers. Le milieu artistique new-yorkais étant des plus cosmopolites, inquiétude et désarroi étaient de mise et s'exprimaient dans presque tous les défilés.
Le créateur John Varvatos, issu de la deuxième génération d'émigrés grecs installés à Detroit, tout comme Ralph Lauren, juif ashkénaze venu de Biélorussie, ou Joseph Abboud, maronite libanais, partageaient le même sombre sentiment et appelaient à « construire des ponts et non des murs ».

En pourpre et contre tout
Grande tendance de ces défilés masculins, la couleur pourpre, avec ses déclinaisons du violet au prune, en passant par le lilas, annoncée l'été dernier, se renforce. Est-ce un hommage au chanteur Prince, disparu il y a un an et dont c'était la couleur fétiche? Ou encore une expression de la fluidité sexuelle qui fait son chemin dans la mode, le violet ayant longtemps été la couleur des suffragettes et de l'homosexualité féminine? Du reste, et en dehors de toute intention de provocation, c'est un usage somptueux qu'en font les créateurs, introduisant ainsi un nouveau classique dans la lassante palette du vestiaire masculin, et rappelant au passage l'aspect royal de cette teinte, apanage, depuis l'Antiquité et son invention par les Phéniciens, de l'aristocratie.

 

 

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