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Lifestyle - La mode

Semaine de la mode masculine, Milan, un symptôme ?

Ouverte vendredi 13 janvier, la Semaine de la mode masculine de Milan passe aujourd'hui le relais à Paris. Organisé au lendemain du Pitti Uomo de Florence, cet événement qui généralement donne le « la » des tendances masculines de l'hiver suivant s'est trouvé réduit d'une douzaine de participants habituels. Voilà qui soulève des questions sur une industrie en pleine mutation.

Zegna automne-hiver 2017-2018. Photo DR

Corneliani, Brioni ? Absents. Canali, Pal Zileri, Roberto Cavalli ? Idem. Bottega Veneta ? Calvin Klein ?
Vivienne Westwood ?
Jil Sander ? Tous absents. Tant pis, on a fait avec ceux qui restent, mais la plupart de ceux qui restent ont choisi de présenter leurs collections féminines au sein de leur show masculin. Encore le fameux co-ed, abréviation de coeducational, en référence aux établissements d'enseignement mixte anglo-saxons, véritable cri de ralliement des créateurs face à la pléthore de défilés qu'il leur faut préparer chaque saison depuis quelques années. La mode souffre de surmenage et Milan en est le symptôme. Mais ces défilés mixtes sont aussi la réponse des créateurs à la question du genre, l'un des principaux débats sociétaux de cette décennie. L'androgynie, enrobée dans la formule « fluidité sexuelle », va désormais de soi.

Coup de jeune chez Zegna
À tout seigneur tout honneur, c'est à Zegna, marque phare de l'élégance masculine italienne, que fut échu le privilège d'ouvrir les festivités à Milan. Ce qu'elle fit avec le panache qui sied à son exigence. Avec le retour aux commandes de son ancien directeur Alessandro Sartori qui avait momentanément quitté ses rangs pour un détour chez Berluti, Zegna marquait un grand coup à la Fashion Week milanaise avec, notamment, sa ligne couture.

Dans le gigantesque Hangar Bicocca, espace normalement dédié à l'art contemporain, parmi les sept tours de béton d'Anselm Kiefer et aux rythmes diffusés par le DJ Matthias Mimoun, le défilé était strictement masculin, mais avec quelle diversité ! Des mannequins de plusieurs générations et appartenances ethniques ont envahi le podium, donnant le ton d'une certaine conception de la modernité, ouverte sur le monde à grands battants. D'emblée, avec un bannissement total de la chemise masculine traditionnelle, remplacée par des polos, des tee-shirts et des cols roulés, à porter sur des ensembles jogging, le label annonçait un révolutionnaire coup de jeune.

Passionné par les textures précieuses, Sartori est chez Zegna comme un enfant dans une boutique de confiseries. L'enseigne piémontaise possède en effet ses propres filatures au cœur d'un village tout entier dédié à son industrie. À la fin du show, les mannequins sont restés dans la salle de manière à permettre au public de découvrir la beauté des matières... et de commander sur pied – et sur-mesure – les modèles de leur choix.

Dolce & Gabbana et les enfants stars
Autre temps fort de cette Semaine milanaise, le défilé, samedi 15 janvier, de Dolce & Gabbana qui avait joué la carte planétaire en invitant sur son podium les nouvelles stars des réseaux sociaux. Voilà plusieurs défilés que le binôme de la marque iconique mise sur les bloggeurs, à contre-courant d'une tendance qui s'essouffle. Toujours est-il que les premiers rangs de ce défilé ont été occupés par 49 Millenials (enfants du millénaire, nés avec un écran tactile au bout des doigts). Si leurs noms ne disent rien au public de la vie réelle, ils n'en ont pas moins des millions de fans sur Instagram, la palme revenant au bloggeur chinois Chen Cheney (25 ans) qui compte 24,5 millions de followers sur Weibo.

C'est sous leur influence que Dolce & Gabbana ont créé un vestiaire street-glam, associant les clins d'œil à l'enfance (blousons et sacs à dos en peluche, couronne à fixer sur un chapeau), les jeans brodés et déchirés, le pyjama de soie en guise de smoking et des vestes de prince charmant dans un décor qui semblait emprunté à un parc Disney. Animé par le jeune chanteur américain Austin Mahone (20 ans et 9,9 millions de followers), le show a bénéficié de l'apparition en combinaisons noires, aussi neutres que sexy, de filles de stars tout aussi célèbres sur la toile, telles que Sofia Richie, 18 ans, fille de Lionel Richie ;
les sœurs Sistine ou Sophia et Scarlet Stallone, filles de Sylvester Stallone. La question s'est posée de savoir si cette politique était productive, le buzz autour des participants ayant couvert les commentaires sur la collection.

Prada revendique la mixité
Quel avenir pour la mode masculine ? La très intellectuelle Miuccia Prada joue la carte de l'anticonformisme classique et fait exploser les références qu'elles soient identitaires ou liées au temps. Les années 70 s'invitent dans sa collection par le filtre d'une palette de couleurs chaudes et de bruns. Les pulls affichent des natures mortes. Les chaussures sont attaquées par la fourrure, ou alors se portent ouvertes avec de grosses chaussettes. Le cuir domine cette garde-robe. Ici, la femme défile avec l'homme en alter ego assumée. Elle bénéficie de costumes en velours Corduroy, mais elle a aussi de hauts talons et des accessoires qui minaudent. Les couleurs de son vestiaire exaltent celles de son double masculin, entre turquoise et fuchsia. Le décor, signé Rem Koolhaas, est meublé de grands lits. On songe à un hôtel borgne ou à un hôpital psychiatrique, des lieux au milieu de nulle part, à la fois neutres et connotés, où le rêve peut d'un instant à l'autre tourner au cauchemar. Mais telle est notre époque.

Corneliani, Brioni ? Absents. Canali, Pal Zileri, Roberto Cavalli ? Idem. Bottega Veneta ? Calvin Klein ?Vivienne Westwood ?Jil Sander ? Tous absents. Tant pis, on a fait avec ceux qui restent, mais la plupart de ceux qui restent ont choisi de présenter leurs collections féminines au sein de leur show masculin. Encore le fameux co-ed, abréviation de coeducational, en référence aux...

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