Le gouvernement de Saad Hariri, réuni mercredi en Conseil des ministres au palais de Baabda sous la présidence du chef de l'Etat, Michel Aoun, a validé mercredi un train de nominations militaires, sécuritaires et judiciaires.
Nominations
Parmi les nominations validées par le gouvernement, fruit d'un accord global entre l'ensemble des formations politiques, celle du général Joseph Aoun qui succède au général Jean Kahwagi au poste de commandant en chef de l'armée. Originaire du village de Aïchiyé, dans le caza de Jezzine, il était le chef de la neuvième brigade qui est en charge de la sécurité de la frontière libano-syrienne. Selon plusieurs sources concordantes, M. Kahwagi pourrait être nommé ambassadeur dans une grande capitale. Par ailleurs, Saadlallah Hamad a été nommé secrétaire général du Conseil supérieur de Défense.
Le général Joseph Aoun. Photo AFP
En cours d'après-midi, le président Aoun a signé les décrets des nominations des généraux Joseph Aoun et Saadallah Hamad. Le Premier ministre, le ministre de la Défense, et celui des Finances, ont également apposé leurs signatures à ces nominations. Le nouveau commandant en chef de l'armée a ensuite été reçu à Baabda par le chef de l'Etat qui l'a félicité pour son nouveau poste, lui souhaitant de réussir dans sa nouvelle mission. Le général Aoun a de son côté remercié le président pour sa confiance.
Autre nomination, celle du général Imad Osman qui succède au général Ibrahim Basbous à la direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI). Le général Osman, qui était à la tête des services de renseignements des FSI, sera remplacé à son poste par le général Khaled Hammoud. M. Basbous pourrait être nommé ambassadeur du Liban à Riyad ou au Caire.
De son côté, le général Abbas Ibrahim est maintenu à son poste de directeur général de la Sûreté générale.
Pour sa part, le général Tony Saliba, 52 ans et originaire de Bteghrine, dans le Metn, a été nommé à la direction générale de la Sécurité de l'Etat, succédant ainsi au général Georges Qaraa, dont le mandat expirait en juin. Le général Samir Sanan, 53 ans, sera son directeur adjoint. Le général Saliba a lui aussi été reçu à Baabda par le chef de l'Etat qui l'a félicité pour son nouveau poste, lui souhaitant de réussir dans sa nouvelle mission.
Le général Tony Saliba reçu par le président Aoun. Photo Dalati et Nohra
Le général Badri Daher a été nommé à la tête de la direction des Douanes. Avant le Conseil des ministres, le poste de président du Conseil supérieur des Douanes, non prévu à l'ordre du jour du Conseil des ministres, a fait l'objet d'un entretien entre le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, l'un des représentants d'Amal au gouvernement, et le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, l'un des représentants du Hezbollah. Les deux hommes se sont entendus sur le nom du général Assaad Toufaïly, qui succède ainsi au général Nizar Khalil à ce poste.
A noter que Gracia Azzi et Hani el-Hajj Chehadé ont été nommés membres du Conseil supérieur des Douanes.
Le général Badri Daher. Photo Dalati et Nohra
Sur le plan judiciaire, Ferial Dalloul a été nommée commissaire du gouvernement près le Conseil d'Etat. Le juge Georges Attieh, 40 ans, a été nommé à la tête de l'Inspection centrale. Hiléné Iskandar a été désignée à la tête du service des Affaires juridiques, rattaché au ministère de la Justice.
Le juge Georges Attieh. Photo Dalati et Nohra
Par ailleurs, Fouad Fleifel va occuper pendant encore deux semaines la fonction de mohafez du Mont-Liban par intérim jusqu'à ce qu'un successeur soit nommé.
M. Hariri a décrit ces nominations comme "l'une des réussites importantes du gouvernement". A l'issue de la réunion du gouvernement, le ministre de l'Education, Marwan Hamadé s'est dit "satisfait des noms, mais pas du mécanisme" de nomination. Le ministre d'Etat aux Affaires du Parlement, Ali Kanso, a émis les mêmes réserves, à savoir que les nominations ont été décidées en dehors du Conseil des ministres et que les CV des personnes nommées n'ont pas été distribués aux ministres 48h avant la réunion.
(Lire aussi : Le gouvernement se débarrasse du fardeau : au Parlement de prendre les décisions impopulaires)
Pétrole
Sur le plan économique, le Conseil des ministres a adopté des dispositions fiscales auxquelles seront assujettis les revenus issus de l'exploitation des réserves d'hydrocarbures potentielles présentes dans la Zone économique exclusive (ZEE) libanaise. La veille, Saad Hariri s'était montré optimiste quant à l'adoption de ces mesures
Préparé par l'Autorité de l'énergie, rattachée au ministère de l'Energie et de l'Eau, et le ministère des Finances, le projet de loi prévoit notamment de soumettre les revenus des sociétés pétrolières à une TVA de 20 %. Cette disposition avait été révélée pour la première fois par M. Khalil le 17 février dernier.
En suspens depuis 2013 à cause des dissensions politiques, le dossier des hydrocarbures offshore a été débloqué le 4 janvier avec l'adoption par le gouvernement de deux décrets, l'un délimitant les blocs de concession, l'autre fixant les modalités du contrat devant lier l'Etat aux concessionnaires. Le 10 janvier, le ministre de l'Energie et de l'Eau César Abi Khalil a dévoilé les cinq blocs de concessions maritimes – sur un total de 10 – ouverts pour le premier round d'attribution des licences d'exploration, une phase à laquelle le gouvernement a finalement donné son feu vert le 26 janvier.
Par ailleurs, le gouvernement a approuvé la loi relative à la criminalisation des agressions sexuelles qui sera transmise au Parlement. Cette loi a été proposée par le ministre d'Etat aux droits des femmes, Jean Oghassabian, qui s'est félicité de cette "avancée significative", la dédiant à toutes les femmes pour la Journée internationale de la femme.
1701 et relations avec le Golfe
En ouverture du Conseil des ministres, le président Aoun et le Premier ministre Hariri ont félicité les femmes libanaises à l'occasion de la Journée internationale de la femme, déclarant que les Libanaises ont des droits qui doivent être respectés. Plus tôt dans la journée, le chef de l'Etat avait reçu une délégation du Conseil national de la femme libanaise. Ce gouvernement compte un ministère d'Etat pour les Droits de la femme, dirigé par Jean Oghassabian.
Les deux hommes ont également affirmé l'attachement du Liban à l'application des résolutions internationales, notamment la 1701. "Toutes les parties concernées doivent l'appliquer à part égale", a ajouté M. Aoun. De son côté, M. Hariri a réaffirmé l'attachement du Liban aux bonnes relations avec les pays du Golfe.
Lundi, au Caire, lors de la réunion préparatoire du Conseil de la Ligue arabe, l'Arabie saoudite, le Bahreïn et les Émirats ont exprimé des réserves au sujet de la clause relative à la solidarité de la Ligue avec la "résistance du Liban contre Israël", un terme qui pourrait être interprété comme une allusion à peine voilée au Hezbollah.
Après avoir évoqué ses récents entretiens avec des responsables étrangers et ses derniers déplacements en Égypte et en Jordanie, le chef de l'Etat a insisté sur l'importance de l'unité nationale "qui se renforce de jour en jour" et du dialogue entre les Libanais sur l'ensemble des dossiers importants.
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commentaires (5)
Disons un sang nouveau pour une nouvelle page du Liban . Mabrouk .
Antoine Sabbagha
19 h 33, le 08 mars 2017