Si le gouvernement Hariri accorde actuellement la priorité à l'élaboration du budget de l'État, la loi électorale n'est aucunement tombée dans l'oubli, assurait-on hier dans les milieux politiques.
À l'heure où le président de la République, Michel Aoun, affiche une détermination sans égale pour qu'un nouveau code électoral soit voté, une source proche des membres de la commission quadripartite chargée de ce dossier (Amal-Hezbollah, Futur et CPL) a indiqué hier que le chef de l'État pourrait user de ses prérogatives pour adresser une lettre au Parlement pour l'inciter à « s'acquitter de ses responsabilités » en matière de loi électorale.
Citée par l'agence al-Markaziya, cette source souligne que les négociations politiques autour de la nouvelle loi sont revenues à la case départ. Et pour cause: le Hezbollah est revenu à la proportionnelle intégrale, en dépit de sa participation à de longs débats autour de la formule composite. Le seul nœud qui reste à défaire est donc celui représenté par le parti de Hassan Nasrallah. Celui-ci se comporte comme s'il ne voulait pas que les législatives se tiennent conformément à un nouveau code, estime-t-on dans certains milieux politiques.
En dépit de ce tableau, le tandem CPL-FL reste optimiste quant à la possibilité de voter une loi axée sur la formule mixte prochainement. « Une nouvelle loi verra le jour », a ainsi assuré le vice-président du CPL pour les affaires politiques, Nicolas Sehnaoui. Interrogé par L'Orient-Le Jour, M. Sehnaoui souligne que sa formation soutient une formule axée sur des critères unifiés. Commentant l'attitude de Michel Aoun qui refuse de signer le décret de convocation du collège électoral sur ce dossier, l'ancien ministre des Télécoms affirme que le chef de l'État est « très conscient de ses prérogatives et sait comment les utiliser ».
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Les exigences du Hezbollah
Du côté de Meerab, on est tout aussi optimiste, d'autant qu'on y estime que Walid Joumblatt est désormais en faveur de la loi mixte. « Si les réunions portant sur le code électoral se tiennent à huis clos, cela ne signifie aucunement que le dossier stagne », assure un proche de Samir Geagea à L'OLJ avant de poursuivre : « La formule mixte devient de plus en plus probable. Preuve en est, une écrasante majorité des formations politiques, dont le Parti socialiste progressiste, est désormais en faveur de cette formule. »
Selon le cadre FL, les dernières modifications à la proposition de loi présentée conjointement par les partis de MM. Geagrea et Joumblatt, ainsi que par le courant du Futur et les indépendants, sont actuellement à l'étude pour permettre à tous les protagonistes de se sentir « protégés ». Le cadre ne manque pas toutefois de renvoyer la balle dans le camp du Hezbollah. Celui-ci « est le seul à s'opposer à la formule mixte. Ainsi, nous attendons sa réaction au nouveau paysage électoral ».
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Un observateur politique explique, quant à lui, la position du parti chiite par des calculs régionaux à long terme. Pour lui, le Hezbollah ne facilitera pas l'élaboration de la loi électorale sans obtenir des « récompenses », notamment sur le plan régional, conformément à un agenda iranien préétabli. Dans le même ordre d'idée, on fait valoir que le parti de Hassan Nasrallah pourrait réclamer ces « récompenses » dans le cadre des nominations diplomatiques ou dans d'autres dossiers. Et dans une optique strictement parlementaire, cet observateur estime que le parti chiite craint que l'alliance CPL-FL-Futur ne réduise son rôle à l'hémicycle. Il ne facilitera donc pas le vote d'une loi qui accorderait aux trois partis un grand nombre de sièges, explique-t-il à L'OLJ.
À l'heure où les milieux FL assurent que les amendements apportés à la proposition qu'ils soutiennent ont permis à Walid Joumblatt de se prononcer en faveur de la formule composite, Ramy Rayès, responsable de l'information au PSP, souligne à L'OLJ que la nouvelle position joumblattiste est une preuve que « ce n'est pas Moukhtara qui empêchait un nouveau code électoral de voir le jour, mais les demandes contradictoires des protagonistes ». « Nous avions des craintes quant au pluralisme de la Montagne et du Liban, et Walid Joumblatt a présenté des idées à même del es sauver. Et c'est pour cette raison que nous avons opté pour la formule mixte », note M. Rayès.
Enfin, le vice-président des Kataëb, Salim Sayegh, exhorte le président Michel Aoun à s'acquitter de ses responsabilités. Interrogé par L'OLJ, M. Sayegh met l'accent sur l'importance de donner aux électeurs les moyens du changement. Selon lui, le Hezbollah « n'est pas le seul à retarder le vote du texte électoral. Il y a aussi tous ceux qui poussent pour des formules taillées sur mesure ».
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VIDES... ILS CHERCHENT TOUJOURS LE VIDE...
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 53, le 24 février 2017