Le vice-président américain Mike Pence a tenté samedi à Munich de rassurer des Européens échaudés par les déclarations virulentes de Donald Trump, tandis que Moscou prônait de son côté un nouvel ordre mondial "post occidental".
Les Etats-Unis seront toujours "le plus grand allié" des Européens, a assuré M. Pence dans son premier discours face au gratin diplomatico-militaire mondial rassemblé à Munich pour la Conférence sur la sécurité.
Répétant à plusieurs reprises qu'il s'exprimait au nom du président Trump, M. Pence a insisté sur l'engagement "inébranlable" des Etats-Unis dans l'Otan, et insisté sur les valeurs communes de "démocratie, justice, Etat de droit" partagées des deux côtés de l'Atlantique.
Ce discours vient parachever une semaine d'efforts diplomatiques menés par des ministres de Donald Trump en Europe, après plusieurs déclarations de leur chef menaçant de se désengager de l'Otan ou encore se félicitant du Brexit.
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Mais M. Pence a aussi fermement réitéré les exigences américaines d'un engagement financier plus important de ses partenaires, censés consacrer 2% de leur PIB aux dépenses militaires. "Le président Trump attend de ses alliés qu'ils tiennent leur parole. Le temps est venu de faire plus", a-t-il martelé.
Poliment, des ministres européens ont rétorqué que l'Europe contribuait aussi à la stabilité du monde par l'aide au développement, et ont défendu l'Union européenne. "Je ne connais aucune autre région au monde où l'on peut vivre ainsi dans la paix, la prospérité et la sécurité sociale", a ainsi lancé le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel. "M. Pence réaffirme son attachement à l'Otan, c'est positif mais il faut voir concrètement comment ça se décline", a prudemment réagi de son côté le Français Jean-Marc Ayrault, regrettant aussi que le responsable américain n'ait "à aucun moment mentionné l'UE" en tant que telle.
Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, elle a lancé un plaidoyer contre le repli sur soi, à l'heure où le discours nationaliste, aux Etats-Unis comme en Europe, gagne du terrain. "Dans une année où nous pressentons d'incroyables défis (...) allons-nous continuer à agir ensemble ou allons-nous retomber dans nos rôles individuels? Je vous appelle (...) à faire en sorte qu'ensemble nous rendions le monde meilleur", a-t-elle dit.
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L'ombre de Trump
L'ombre du président américain planait sur la conférence, des participants se demandant à haute voix si le discours posé de M. Pence correspondait vraiment aux vues du locataire de la Maison Blanche. "On dirait que nous avons deux gouvernements", a ainsi tweeté le sénateur démocrate américain Chris Murphy, présent à Munich.
"Les questions restent nombreuses sur les intentions américaines, tout reste à préciser, et il y a encore une grande illisibilité", a estimé une source diplomatique européenne. Sur la relation russo-américaine notamment, que M. Pence n'a que brièvement évoquée, en affirmant que Washington continuerait à "demander des comptes à la Russie" tout en cherchant des "terrains d'entente".
Intervenant quelques heures après M. Pence, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a de son côté annoncé la fin de "l'ordre mondial libéral", conçu selon lui par "une élite d'Etats" occidentaux à visées dominatrices. "Les dirigeants responsables doivent faire un choix. J'espère que ce choix sera celui d'un ordre mondial démocratique et juste. Si vous voulez, appelez le 'post-west'", a ajouté l'homme de confiance de Vladimir Poutine, qualifiant au passage l'Otan de "vestige de la Guerre Froide".
Le dossier ukrainien, qui a entraîné la glaciation des relations entre Moscou et l'Occident, a aussi été évoqué à Munich. Les chefs de la diplomatie allemand, français, russe et ukrainien ont évoqué pendant une heure les accords de paix de Minsk, dont l'application n'a guère avancé depuis deux ans.
M. Lavrov a certes annoncé à la presse russe, à l'issue de la réunion, une énième trêve entre les rebelles prorusses et l'armée ukrainienne débuterait lundi, mais il a aussi constaté l'absence "de grands progrès".
L'Ukraine est en proie depuis presque trois ans à un conflit ayant fait près de 10.000 morts, opposant les forces gouvernementales à des séparatistes prorusses.
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16 h 56, le 18 février 2017