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Lifestyle - Un peu plus

Dis-moi ce qu’il y a chez toi, je te dirai si tu es libanais

On se demande régulièrement s'il existe toujours une identité libanaise. Si à cause de nos dissensions de plus en plus exacerbées, il subsiste encore quelque chose qui nous unit, hormis notre nourriture. Quels sont les derniers points communs que nous préservons? Qu'est-ce qui fait qu'au-delà des frontières, des confessions, des convictions politiques, des milieux sociaux, de l'âge... nous sommes et serons indéniablement libanais ?

Eh bien, c'est chez nous. Dans notre maison, notre cuisine, notre salon, notre chambre, il y a des objets, des produits, des aliments qui nous sont propres. Et à travers eux, s'inscrit notre libanitude. Et même si aujourd'hui les mœurs ont évolué, les habitudes et traditions ont changé, il y aura ce petit quelque chose qui témoigne de notre identité.

Si ce n'est pas une abaya, ce sera un savon baladé ou une kharzé zar2a. Parce que les superstitions, c'est sport national. Un 3ayn ou un fer à cheval au-dessus de la porte et cette fameuse kharzé zar2a pendue sur une épingle à nourrice et accrochée sur le berceau du nouveau-né. Du bakhour aussi. Quelle que soit notre confession, on en sentira dans les escaliers les vendredis ou un quelconque matin en allant au bureau. Idem pour le bri2 qui est revenu à la mode depuis qu'exhiber sa libanité est devenu branché. Un bri2 avec même un petit capuchon en crochet. Crochet qu'on adore utiliser à foison, en centre de table, sur le haut de la télé ou en protège-saniyyé. Quel couple n'en a pas reçu un de sa tante quand il s'est marié ?

La saniyyé d'ailleurs, parlons-en. Même si aujourd'hui on a troqué l'argenterie (l'foddiyé) contre du plexi ou du cuivre blanc über moderne, il y en a toujours dans les maisons. Sinon comment offrirait-on une tisane ou un café ? Café turc, bien évidemment. Parce que si la machine à espresso trône dans toutes les maisons, il y a toujours un paquet de bann au frigo. Avec ou sans cardamome (hél pour les intimes).

En matière d'aliments et d'ingrédients, les sempiternels mazaher et mawared sont à la cuisine (pour le café blanc ou pour apaiser des rougeurs oculaires), du succar nabet – c'est mieux que le sucre raffiné et c'est bon pour la gorge, mais pas pour les fesses – et les biscuits Marie 555 Ghandour. En parlant de biscuits d'ailleurs, qui n'a pas non plus cette boîte bleue en tanak de Butter Biscuits, recyclée en boîte à couture. Recyclée tout court. Comme cette bouteille de Johnny Walker qu'on remplit d'eau (ou d'arak) une fois le whisky avalé. On aime le recyclage au Liban puisque souvent les pots de confiture, de Nutella (grosse déception) sont remplis de summak ou de zaatar (compagnon du pot de labné, le roi du frigo).

Ingrédients cultes conseillés par n'importe quelle mère venue aider son gamin quand il s'installe seul.

Et les habitudes, ça reste. On refile le service Roussé en matière de coutellerie, une nappe aghabani ou une carafe (pleine du Johnny Walker dont on a vidé la bouteille) qui loge dans une vitrine. La vitrine a peut-être été remplacée par un bar, mais il y a toujours une carafe (en cristal ou moderne) planquée quelque part. À l'instar de ces petites serviettes sises dans les toilettes d'invités. Il y a toujours des petites serviettes (généralement brodées du style Artisanat du Liban), un gel pour les mains transvasé dans un récipient à part parce que le Pousse-Mousse de Palmolive, c'est pas joli. Et puis ledit récipient est assorti au porte-savon. Tous deux placés sur l'étagère à côté des bouteilles de parfum qu'on a reçues en cadeau. Comme si les gens qui viennent chez nous et passent aux toilettes allaient s'y parfumer. C'est pour le décor. Mais on aime ghannij nos invités au Liban. C'est pour ça qu'on doit avoir de la diaffé. Nougats (de chez Attieh) par exemple. Et si les dragées ne sont plus à la mode, on trouvera des Carambars, des chocolats et autres bonbons. C'est le mythe de la bonbonnière. Du fameux chilé tante taybin, qu'on ne dit plus mais on n'en pense pas moins.

Alors oui, nous sommes et resterons libanais dans l'âme. Avec un narguilé rangé quelque part ou une télé encastrée dans une bibliothèque et qui siège dans la TV room. Nous serons éternellement libanais tant qu'on aura chez nous de la labné.

On se demande régulièrement s'il existe toujours une identité libanaise. Si à cause de nos dissensions de plus en plus exacerbées, il subsiste encore quelque chose qui nous unit, hormis notre nourriture. Quels sont les derniers points communs que nous préservons? Qu'est-ce qui fait qu'au-delà des frontières, des confessions, des convictions politiques, des milieux sociaux, de l'âge......

commentaires (3)

Comme c'est sympa de.nous rappeler les signes (obsolètes) de notre libanite... Et ne pas oublier le "taoule" encore fonctionnel, en bois précieux si possible

Chammas frederico

12 h 10, le 18 février 2017

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Commentaires (3)

  • Comme c'est sympa de.nous rappeler les signes (obsolètes) de notre libanite... Et ne pas oublier le "taoule" encore fonctionnel, en bois précieux si possible

    Chammas frederico

    12 h 10, le 18 février 2017

  • TOUT CA MADAME NE FAIT PAS L,APPARTENANCE NATIONALE ... ET ON EN A L,EXEMPLE DEVANT NOS YEUX ET DANS NOTRE PEAU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 28, le 18 février 2017

  • Je suis né à l'étranger, mais tout petit mon père nous envoyait au Liban dans les années avant 1960 . En 58 après le choc Chamoun/Nasser , il décida de ne plus le faire de peur qu'une guerre civile nous surprenne au Liban. Le voyage suivant s'est fait après la fin de la guerre civile dans les années 90, si je vous dit que les souvenirs des objets que j'avais étaient plus olfactifs que matériels. Le café, le zaatar, le kibbé nay, le mazaher et le savon à l'huile d'olive dans toutes les maisons , les coins de rue , les villages , les quartiers en sont imprégnés. J'ai respiré votre article Medea, il a un concentré de ces odeurs. Le seul objet dont j'ai encore le souvenir et qui tend à disparaître c'est le bri2 et cette façon qu'ont les libanais de boire en le tenant loin des lèvres.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 42, le 18 février 2017

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