Le président de la République, Michel Aoun, a estimé hier que « les grandes puissances devaient travailler avec le gouvernement de Damas » pour « créer des zones sécurisées en Syrie » afin de permettre aux réfugiés de rentrer dans leur pays.
« C'est à la communauté internationale de faciliter le retour des réfugiés en Syrie en toute sécurité », a déclaré le président Aoun lors d'une réunion à Baabda avec le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Il est « important de parvenir à une solution politique », a-t-il ajouté.
Michel Aoun a toutefois précisé que « le Liban ne peut obliger les réfugiés à rentrer en Syrie » si les circonstances sécuritaires ne le permettent pas. Mais que la communauté internationale doit envisager « le climat adéquat » pour faciliter le retour des déplacés, « ces derniers ne pouvant rester indéfiniment au Liban, d'autant que leurs conditions de vie sur le territoire libanais ne sont pas particulièrement agréables ». Et d'estimer le nombre de réfugiés syriens présents au Liban à plus d'un million et demi de personnes.
« C'est la première fois que le gouvernement de Beyrouth apporte son soutien à un tel projet qui a été réclamé par le nouveau président américain, Donald Trump, et approuvé par les pays qui soutiennent l'insurrection en Syrie, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar », constate Reuters. La Turquie, de son côté, a dit qu'elle attendrait de voir ce que ferait Donald Trump de ses promesses.
L'agence de presse affirme avoir « pris connaissance d'un document sur le projet du nouveau président américain de confier la mise en œuvre des zones sécurisées en Syrie au Pentagone et au département d'État ». « Ce qui accroîtra encore l'intervention des États-Unis, qui sont déjà à la tête de la coalition internationale en lutte contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak », écrit encore Reuters. Le gouvernement syrien a prévenu que toute initiative en ce sens prise sans son aval serait « dangereuse » et violerait la souveraineté syrienne.
(Pour mémoire : Terrorisme et relance du processus de paix au menu du sommet Aoun-Sissi le 13 février)
« Rien de plus normal »
« Ce n'est pas la première fois que le président Aoun prend position sur ce sujet », assure une source proche de Baabda interrogée par L'Orient-Le Jour, « mais une occasion en or s'est présentée de le dire à haute voix devant le principal concerné qui, en outre, vient directement de Syrie ». « Le Liban ne pense pas du tout que le retour des réfugiés syriens doit s'opérer sur-le-champ, ou d'un seul coup. Il pense que le processus se fera graduellement, à mesure que les occasions se présenteront », ajoute cette source, déplorant, une fois de plus, les accusations de « racisme » qu'on adresse aux Libanais, chaque fois qu'ils expriment le souhait d'être « chez eux ».
« Nous ne cherchons pas à chasser les réfugiés syriens, ni ne faisons preuve de xénophobie. C'est juste une sage planification du retour des réfugiés. Quoi de plus normal ? Il n'y a aucun mal à formuler nos souhaits, afin que la communauté internationale soit éclairée sur nos intentions. C'est beaucoup mieux que de laisser cet abcès s'infecter et de faire traîner les choses, au point que les réfugiés n'aient plus envie de rentrer dans leurs foyers. »
(Lire aussi : Le Liban, pays pivot d'une stabilité régionale nouvelle ?)
Grandi : Une situation difficile
À l'issue de sa rencontre avec le chef de l'État, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés a affirmé que la situation sécuritaire en Syrie demeure difficile, plus particulièrement dans les grandes villes du Nord comme Homs et Alep où les conditions de vie sont dramatiques. Filippo Grandi qui rentre tout juste de Syrie a ajouté : « L'État islamique est toujours présent dans une partie du pays, de même que le Front al-Nosra et d'autres forces terroristes qui ne participent pas au processus d'Astana. » Reconnaissant que la présence des réfugiés syriens se répercute négativement sur l'économie libanaise, il a souhaité que la solution politique soit privilégiée en Syrie et qu'elle marque le début du retour des réfugiés chez eux. « Le président Aoun m'a demandé comment faire pour accélérer leur retour en Syrie. J'ai répondu qu'il est indispensable d'assurer les conditions sécuritaires et de lancer la première étape de reconstruction, afin que la vie revienne progressivement dans ces villes fantômes », a ajouté M. Grandi.
Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés a également été reçu par le président du Parlement, Nabih Berry, et par le Premier ministre, Saad Hariri, à la Maison du Centre. Les deux rencontres ont porté sur le dossier des réfugiés syriens et sur l'aide accordée par le HCR au Liban pour leur porter secours.
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Si, comme ce Äâoûn le prétend, "Il est important de parvenir à une solution politique en Syrie", pourquoi alors dire que "les grandes puissances ne devraient travailler qu'avec le gouvernement(?) de Damas pour créer des zones sécurisées en Syrie afin de permettre aux réfugiés de rentrer dans leur pays." ?! Pourquoi pas alors avec l'Opposition aussi, puisqu'elle contrôle la moitié ; si pas plus ; du territoire de cette Syrie ?!
15 h 47, le 04 février 2017