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Lifestyle - La mode

La haute couture complice du rêve, à Paris

La Semaine parisienne de la haute couture, ouverte le 22 janvier avec Rabih Kayrouz et à laquelle sont attendus une douzaine de couturiers libanais, s'achèvera le 26 en laissant, entre surréalisme et contes fantastiques, le souvenir d'une pure féerie.

Rabih Kayrouz, automne-hiver 2017-18. Photos Persona

En décembre dernier, Maison Rabih Kayrouz annonçait déjà ses nouvelles couleurs dans un « Memento » qui marquait en lui-même un tournant dans le parcours du couturier libanais. Non par esprit de rébellion, mais pour retrouver un rythme plus sain dans une industrie qui fait subir aux créateurs une pression inhumaine, Kayrouz déclarait ainsi : « L'heure est venue pour la Maison de vivre son propre rythme, celui qui laisse un temps plus long aux collections, celui qui permet plus d'intemporalité et moins de frénésie. » Rabih Kayrouz annonçait par la même occasion : « Le 22 janvier, à 20h30, Maison Rabih Kayrouz ouvrira les festivités du calendrier de la haute couture en présentant sa collection hiver 2017. »

Paradoxalement, c'est donc par la collection prêt-à-porter du couturier libanais que s'est ouverte la prestigieuse Semaine de la haute couture parisienne. Dans son décor fétiche, la grande salle de l'ancien petit théâtre de Babylone où se nichent atelier, showroom et cuisine (!) de l'enseigne, la présentation de cette nouvelle ligne obéissait à un manifeste : « Au premier temps, les couleurs et les matières : primaires. Au deuxième temps, les formes et les volumes : primaires. Rabih Kayrouz construit, déconstruit, superpose des vêtements premiers, évidents. »

Et de fait, c'est presque en forme d'ozalid, alternant jaune, magenta et cyan, avec parfois des croisements qui donnaient un velours vert, ou des mélanges qui précipitaient un noir profond, ou un retrait subit qui révélait un blanc saturé, que se sont déployés, au rythme obsédant du Philicorda de Jérémie Regnier, à la manière d'une danse mi-foraine, mi-sacrée, des vestes, manteaux et pantalons coupés de main de maître, des robes fluides qui semblaient ne tenir que par le nœud gracieux du col ou de la ceinture, des chemises de la même veine qui réinventaient un romantisme contemporain. À la virtuosité de l'organiste répondait celle du couturier. Fidèle à sa propre exigence, Rabih Kayrouz a encore osé avec brio ce minimalisme qui révèle la moindre faute de goût, de rythme, de construction ou de vocabulaire, mais qui seul fait naître la poésie.

 

(Lire aussi : Danse et densité chez Rabih Kayrouz)

 

Christian Dior en féerie
Des masques, un labyrinthe, des licornes, des fées. C'est une fois de plus dans les jardins du musée Rodin, à Paris, que Christian Dior a présenté sa collection haute couture printemps-été 2017, réalisée cette année par sa nouvelle directrice artistique Maria Grazzia Chiuri. Lundi, déjà, les comptes Instagram des rédactrices de mode étaient saturés de photos de cette parenthèse magique qui s'est achevée par un bal masqué hors du temps.

Dans les dédales d'un labyrinthe qui sentait l'herbe fraîchement coupée, rendu encore plus déroutant par un jeu de miroirs, se sont d'abord annoncées des robes de soirée noires, parfois accompagnées de capuches dont la présence de masques, en forme d'insecte, de papillon ou d'oiseau, accentuait le côté bal vénitien. Des signes astrologiques sont brodés sur des robes bustier et, non loin de là, sur un arbre magique, fleurissent les cartes d'un tarot : Christian Dior était un grand superstitieux et ce défilé, qui tombe à l'occasion des 70 ans de la maison, lui devait bien ce tendre clin d'œil.

Des fleurs se profilent sous le tulle d'une pèlerine, évoquant les pages d'un herbier. La veste bar est revisitée dans des matières précieuses et fluides. La jupe-culotte fait une apparition insolite dans cet exercice précieux. Tellement précieux qu'à titre d'exemple, une robe de cocktail écrue à franges, sur laquelle ont été brodées des fleurs en raphia, a nécessité 1 900 heures de travail. Une robe de 1949 à la jupe de pétales brodés de paillettes est réinterprétée façon 2017 avec du tulle plissé, dans des nuances de rose pastel. Principaux accessoires de cette féerie, masques, coiffes à plumes et couronnes de fleurs et de branches ont été réalisés par le modiste anglais Stephen Jones. Les souliers sont, eux, à talons plats et confortables : « Si vous allez à un bal, vous voulez danser », a souligné Maria Grazzia Chiuri. L'ancienne codirectrice artistique de Valentino a par ailleurs dédié cette collection haute couture à Franca Sozzani, rédactrice en chef de Vogue Italie et figure-clé du monde de la mode, décédée en décembre.

 

(Pour mémoire : Les folles saisons de Rabih Kayrouz)

 

Schiaparelli, Iris Van Herpen et Georges Hobeika
Toujours onirique, mais cette fois avec un petit côté pop, Schiaparelli célébrait de son côté, sous la direction artistique de Bertrand Guyon, un nouveau surréalisme où l'on retrouvait les symboles chers à la maison : homards, cœurs et cadenas.

Entre smokings, tuniques imitant des kimonos, minirobes portées avec des cuissardes de couleur vive (jaune, orange, rouge et rose) et capes légères de superwoman associés à des coiffures tout en rubans et des accessoires de la même veine, comme ses pendentifs cages, le graphisme est omniprésent, à la croisée de l'univers de Jean Cocteau et de celui du photographe pop Guy Bourdin.

La créatrice néerlandaise Iris Van Herpen a pour sa part fait défiler une collection qualifiée d'organique et minérale, mais surtout très optique. Travaillées en relief et en origamis, les robes noires, grises ou écrues évoquaient des plaques de givre, des écailles de sirène ou des créatures marines. La collection était baptisée Between the lines.

Le Libanais Georges Hobeika, qui défilait également lundi 23 janvier, à l'université Paris Descartes, a présenté pour sa part une collection florale, sublimement printanière, d'un romantisme échevelé, inspirée du mythique dragon chinois, symbole du retour de la nature à elle-même, avec des effets de relief et de feuillage, des broderies multicolores et une nouvelle collection très remarquée de bijoux couture et de sacs brodés.

 

 

Pour mémoire

La haute couture printemps-été 2016 à Paris

En décembre dernier, Maison Rabih Kayrouz annonçait déjà ses nouvelles couleurs dans un « Memento » qui marquait en lui-même un tournant dans le parcours du couturier libanais. Non par esprit de rébellion, mais pour retrouver un rythme plus sain dans une industrie qui fait subir aux créateurs une pression inhumaine, Kayrouz déclarait ainsi : « L'heure est venue pour la Maison de...

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