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Liban - Sécurité

Saad Richa libéré grâce à une médiation Berry, mais tellement de questions demeurent...

Depuis des années, des bandes armées font la loi dans la Békaa. Elles enlèvent des gens contre des rançons ou dans le cadre de règlements de comptes.

Saad Richa entouré de son épouse et de sa sœur à sa libération.

La maison de Saad Richa, le septuagénaire enlevé mercredi en fin d'après-midi et libéré samedi à l'aube, ne désemplissait pas hier, sur la route principale de Chtaura, non loin de la bifurcation de Kab Élias. Son épouse, son fils, ses quatre filles, ses gendres, ses petits-enfants, ses frères et sœurs étaient là par intermittence à recevoir les visiteurs. Parmi eux, des ministres, des députés et d'autres officiels.

Saad Richa, lui, répétait la même histoire aux proches et aux journalistes. « Je n'ai pas eu peur, parce que j'ai senti tout le temps la présence de la Sainte Vierge. Je n'ai pas vu mes ravisseurs, ils portaient une cagoule quand ils entraient dans la chambre où j'étais emprisonné. Et, quand ils m'ont enlevé, ils m'ont tout de suite bandé les yeux. À deux reprises, ils m'ont dit que je serais libéré. La première fois, je me suis préparé en vain. La seconde était la bonne », dit-il. Le septuagénaire, qui assure prendre neuf médicaments différents par jour, est visiblement fatigué. C'est sa famille qui rapporte d'autres détails.
Son gendre, Rachid Kahi, raconte : « Il a été emprisonné dans une chambre avec salle de bains. Sa fenêtre était condamnée. Il n'a pas vu la lumière du jour. Les lieux étaient éclairés par une lampe. Ses ravisseurs lui servaient régulièrement de la nourriture et du jus. Ils lui ont même proposé des médicaments qu'il a refusé de prendre. »

Madonna, l'épouse de Saad Richa, renchérit : « Ils ont pris sa montre, son alliance, tout l'argent qu'il portait sur lui et son téléphone portable. Ils lui ont rendu uniquement son téléphone portable, sans la batterie. » Elle dément les rumeurs selon lesquelles une rançon a été payée ou qu'elle ait pu entrer en contact avec son mari alors qu'il était en captivité.

Sa fille Nathalie, elle, veut remercier toutes les personnes qui les ont soutenus et met l'accent sur la convivialité dans la région, l'enlèvement de son père ayant provoqué un tollé aussi bien dans les rangs chrétiens que musulmans.

À sa libération, samedi matin, Saad Richa a remercié tous les responsables qui ont œuvré pour sa libération. Il a aussi remercié ses ravisseurs. « Ils ne m'ont pas humilié et ne m'ont pas fait de mal. Ils m'ont bien traité », avait-il assuré.
À son retour à son domicile à Kab Élias, il était accompagné de Bassam Tleiss, représentant du président de la Chambre, Nabih Berry, responsable du mouvement Amal dans la Békaa et président de la Fédération des syndicats des transporteurs terrestres. Il a indiqué que « M. Berry l'a chargé d'accélérer la libération et qu'aucune rançon n'a été payée ». « Nous sommes intransigeants sur la question. Ni la dignité de Nabih Berry, ni la dignité des services de sécurité, ni la dignité des habitants de la Békaa ne permettent que l'on parle d'une somme d'argent en contrepartie de la libération de Saad Richa », a-t-il poursuivi.

Bassam Tleiss s'était rendu jeudi à Brital pour négocier avec les ravisseurs. L'armée et la police avaient également encerclé le village et avaient perquisitionné les maisons des trois ravisseurs, sans parvenir à des résultats concrets.

Mettre un terme à l'impunité
Hier, chez Saad Richa, le village de Brital n'a pas été mentionné. Le discours général se contentait de dénoncer l'impunité et d'appeler l'État à agir pour mettre un terme aux enlèvements et empêcher une fois pour toutes les gangs de malfaiteurs de sévir. Mais c'est surtout un voile d'obscurité qui règne concernant les raisons de la libération de Saad Richa. Plusieurs questions viennent spontanément à l'esprit : sur quelles bases les négociations avec les ravisseurs se sont-elles tenues ? Pourquoi ont-ils accepté de le relâcher si aucune rançon n'a été payée ? Est-ce uniquement sous la pression des habitants de Zahlé et des villages environnants, qui avaient bloqué des routes en guise de protestations ? Ou bien y aurait-il d'autres raisons à la libération, qui n'ont pas été rendues publiques, pour que le septuagénaire soit libéré ?

« Dans la Békaa, la vague d'enlèvements a commencé en 2011 et s'est poursuivie jusqu'en 2013. C'étaient des enlèvements contre rançon. Elle a pris fin avec l'intervention de Marwan Charbel, qui était ministre de l'Intérieur à l'époque. Les kidnappings ont repris ensuite. Mais jamais contre des rançons. Depuis plus de deux ans, les enlèvements dans la Békaa se font généralement dans le cadre de règlements de comptes », souligne notre consœur d'an-Nahar, Danielle Khayat. Soit la victime doit de l'argent à ses ravisseurs, soit les membres du gang veulent l'intimider pour certaines raisons... Les crimes demeurent impunis et encouragent ceux qui sont politiquement couverts à sévir.

Danielle Khayat rappelle un crime dont a été la victime, en décembre dernier, un militaire appartenant aux services de renseignements de l'armée, Ali el-Kaak. Il avait tué lors d'une perquisition dans la Békaa un membre de gang nommé Hady Jaafar. Le gang a réussi à liquider en Syrie le militaire, et ses membres avaient même diffusé un enregistrement revendiquant l'assassinat, le plaçant dans le cadre de la vendetta.
Les assassins courent toujours.


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commentaires (7)

Encore un histoire mal ficelée et à dormir debout...et dont le principal bénéficiaire "moral" semble être Tonton Berry ! Au fait, nous remarquons que ce dernier occupe de plus en plus le paysage politique et médiatique, on ne parle que de lui du matin au soir...il est mêlé à toutes les affaires, les "bonnes" et les "mauvaises"... Irène Saïd

Irene Said

13 h 40, le 23 janvier 2017

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Encore un histoire mal ficelée et à dormir debout...et dont le principal bénéficiaire "moral" semble être Tonton Berry ! Au fait, nous remarquons que ce dernier occupe de plus en plus le paysage politique et médiatique, on ne parle que de lui du matin au soir...il est mêlé à toutes les affaires, les "bonnes" et les "mauvaises"... Irène Saïd

    Irene Said

    13 h 40, le 23 janvier 2017

  • "Danielle Khayat, une véritable journaliste, rappelle un crime dont avait été la victime un militaire des services de renseignements de l'armée, Ali el-Kaak. Il avait tué lors d'une perquisition un membre de gang nommé Hâdî Jääfâr. Le gang connu des Jääfâr a réussi à liquider en Syrie le militaire, et ses membres avaient même diffusé un enregistrement revendiquant l'assassinat ; le plaçant dans le cadre de la vendetta. Les assassins courent toujours...." ! Lââmâh ! Pire qu'en Calabre, qu'à Naples, et qu'en Sicile toutes trois réunies !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 04, le 23 janvier 2017

  • "L'armée et la police avaient encerclé le village et avaient perquisitionné les maisons des trois ravisseurs (Connus et Reconnus donc !), sans parvenir, yîhhh, à des résultats concrets." ! Yâ hârâââm ! Laklak quelle histoire.... à dormir debout !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 54, le 23 janvier 2017

  • (À son retour à Äâbbélïéééss, Sääd était accompagné de Bassâm Ttlâïsss, représentant 1- du Don Béret, 2- responsable du mouvement Ämîl dans la Békää et 3- président de la Fédération des syndicats des transporteurs terrestres.(!) Ttlâïsss a indiqué que « Don Béret l'a chargé d'accélérer, yâââï, la libération et qu'aucune rançon n'a été payée.(!) Et comme quoi, « Nous sommes intransigeants sur la question.... Ni la dignité(?) du Don, mahééék, ni la dignité des services de sécurité, ni la dignité des habitants de la Békää ne permettent que l'on parle d'une somme d'argent en contrepartie de la libération de ce Saad. »" ! "Sacré" Ttlâïsss, va ! Il est irrésistible....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 50, le 23 janvier 2017

  • "Sääd Rîchâh répétait : « Je n'ai pas eu peur, parce que j'ai senti tout le temps la présence de la Sainte Vierge. »." ! Madonna(!), elle ; l'épouse de ce Sääd Rîchâh ; renchérit : « Ils ont pris ; yîîîh ; sa montre, son alliance, tout l'argent qu'il portait sur lui et son téléphone portable. Ils lui ont rendu uniquement son téléphone portable ; yâââï ; sans la batterie. »" ! A part la "sainte vierge" par Sääd, ci-haut évoquée ; en sus de sa bonne femme dénommée, elle, Madonna, y aurait-il encore d'autres prénoms de "saintes" au sein de cette famille dans le style de, e.g., Marie-Madeleine ou Anne-Marie ; yéënéhhh ? Ainsi Soit-Ïîîîl !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 40, le 23 janvier 2017

  • "Hier, chez Sääd Rîchâh, le village de Brîtééél n'a pas été mentionné." ! Léééh ? Parce-que "ménénéhhh" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 27, le 23 janvier 2017

  • Don Vito Corleone, ou Don Beuh.... Béret ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 23, le 23 janvier 2017

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