Saad Richa rentre chez lui sain et sauf : aucune rançon n'a été payée

Quatre jours après son enlèvement dans la région de Qabb Élias, au sud de Zahlé, Saad Richa, un Libanais de 74 ans, est rentré chez lui sain et sauf. M. Richa a été kidnappé mercredi par trois hommes armés circulant à bord d'une jeep noire. 

A son retour à son domicile à Qabb Elias, M. Richa était accompagné de Bassam Tleiss, représentant du président de la Chambre, Nabih Berry, et responsable du Mouvement Amal dans la Békaa, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Des membres de sa famille et des amis étaient présents pour l'accueillir. 

M. Richa a remercié tous les responsables qui ont œuvré pour sa libération. Il a aussi remercié ses ravisseurs. "Ils ne m'ont pas humilié et ne m'ont pas fait de mal, a-t-il assuré. Ils m'ont bien traité. Je remercie également la Vierge Marie qui m'a ramené sain et sauf chez moi", a ajouté M. Richa.

Il a indiqué que dès le premier instant de son enlèvement il "n'a rien vu", jusqu'à ce qu'il retourne chez lui.

M. Tleiss, qui est également le président de la Fédération des syndicats des transporteurs terrestres, a pour sa part indiqué que M. Berry l'a chargé d'accélérer la libération de M. Richa. "Aucune rançon n'a été payée, a assuré M. Tleiss. Nous sommes intransigeants sur la question. Ni la dignité de Nabih Berry, ni la dignité des services de sécurité, ni la dignité des habitants de la Békaa ne permettent que l'on parle d'une somme d'argent en contrepartie de la libération de Saad Richa".  M. Tleiss s'était rendu jeudi à Brital, une localité chiite située entre Zahlé et Baalbeck, pour négocier avec les ravisseurs.

"Tolérence zéro" 
A la suite de la libération de M. Richa, de nombreuses personnalités politiques ont réagi.

Le Premier ministre, Saad Hariri, et le président des Kataëb, Samy Gemayel, ont tous deux contacté la famille Richa. M. Gemayel a salué les efforts qui ont été entrepris afin que M. Richa soit libéré. Il a appelé à la "tolérence zéro" de la part des forces de sécurité face "aux bandes criminelles". M. Gemayel a également affirmé qu'il était nécessaire de mettre en oeuvre au plus vite un plan sécuritaire dans la Békaa pour protéger les citoyens et favoriser la stabilité dans le pays.

Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a publié un communiqué dans lequel il a salué la libération de M. Richa. "Maintenant que M. Richa est rentré chez lui sain et sauf, les forces sécuritaires et les autorités judiciaires concernées doivent déployer les efforts nécessaires pour arrêter les ravisseurs", affirme M. Geagea.

Le ministre de l'Information, Melhem Riachi, s'est lui rendu au domicile de Saad Richa. "Il y aura un plan sécuritaire global, a déclaré à la presse M. Riachi. Ce plan sera étudié par le Conseil des ministres et vise à mettre la main sur les gangs de la région. Ces gangs ne sont protégés par aucune communauté, a-t-il assuré, affirmant que la situation économique est l'une des raisons de l'existence de ces gangs. "Nous allons oeuvrer pour traiter le dossier de manière globale", a ajouté le ministre.

Vendredi, le président de la République, Michel Aoun, a reçu quatre députés de Zahlé, Tony Abou Khater, Joseph Maalouf, Assem Araji et Chant Chinchinian. La réunion a porté sur la situation sécuritaire dans la Békaa, notamment l'enlèvement de Saad Richa.

M. Aoun a alors indiqué aux députés que les forces de l'ordre étaient mobilisées à la recherche des ravisseurs de Saad Richa. "L'État ne permettra à personne de porter atteinte à la stabilité sécuritaire, a déclaré M. Aoun. La stabilité et la sécurité sont un bienfait pour les habitants de la Békaa et tous les Libanais". Le chef de l'État libanais a assuré que "de tels incidents n'ont aucune influence sur les relations fraternelles entre les habitants de la région, quelle que soit leur confession". Les députés de Zahlé ont fait part au président de la République de l'inquiétude des habitants de la Békaa, notamment des habitants de Zahlé, en raison de "la répétition des enlèvements à mobile crapuleux". 

Plusieurs routes ont été bloquées vendredi par des manifestants en signe de solidarité avec Saad Richa. Les routes reliant les localités de Mreijat, Chtaura, Dahr el-Beidar, celle reliant Zahlé à Saadnayel, dans la même région, ainsi que d'autres routes dans les villages avoisinants, ont été coupées. Les pères de deux suspects soupçonnés d'être impliqués dans l'enlèvement avaient été arrêtés par les forces de sécurité.

Pour mémoire 

« Si l'État n'a pas encore libéré Saad Richa, c'est que les voyous sont plus forts que lui »