Un haut responsable turc a affirmé vendredi qu'il n'était "pas réaliste" pour Ankara d'insister sur un règlement du conflit en Syrie excluant le président Bachar el-Assad, à quelques jours de discussions à Astana visant à consolider le cessez-le-feu.
Ces déclarations surprenantes semblent traduire une inflexion de la position de la Turquie au sujet de M. Assad, dans un contexte de rapprochement entre Ankara et Moscou, qui soutient le régime de Damas.
"La situation sur le terrain a changé de façon spectaculaire et la Turquie ne peut plus insister sur un règlement sans Assad. Ce n'est pas réaliste", a déclaré Mehmet Simsek, parlant en anglais, lors d'une réunion consacrée à la Syrie et l'Irak au Forum économique mondial de Davos en Suisse.
Les services du Premier ministre et du président turcs n'ont pas réagi dans l'immédiat à ces déclarations, qui tranchent avec la position habituelle d'Ankara.
La Turquie a longtemps activement soutenu l'opposition qui cherche à renverser M. Assad, autrefois régulièrement qualifié de "monstre aux mains couvertes de sang" par le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Les autorités turques ont jusqu'ici toujours affirmé que M. Assad n'avait aucun rôle à jouer dans l'avenir de la Syrie, où plus de 310.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en 2011. Mais Ankara a depuis plusieurs semaines mis en sourdine ses critiques visant Damas, notamment lors de la reprise totale de la ville d'Alep (nord-ouest) par les forces du régime le mois dernier.
Et la Turquie et la Russie ont ainsi parrainé ensemble une trêve - régulièrement violée - sur l'ensemble de la Syrie, en prélude à des discussions à Astana (capitale du Kazakhstan) pour consolider le cessez-le-feu, qui doivent débuter lundi.
"Nous pensons que les souffrances du peuple syrien, les tragédies... Assad est clairement responsable. Mais nous devons être pragmatiques et réalistes", a insisté M. Simsek.
(Lire aussi : A Astana, Téhéran veut peser face au nouvel axe russo-turc)
Assad intransigeant
Sur le terrain, cinq soldats turcs ont été tués et neuf blessés dans une attaque à la voiture piégée du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, où Ankara a lancé une opération fin août pour repousser les jihadistes et les milices kurdes vers le sud.
A quelques jours de l'ouverture des négociations entre régime et rebelles à Astana, M. Assad a adopté une position intransigeante, dans une interview à la télévision japonaise TBS. Il a appelé les rebelles à accepter le principe de rendre leurs armes en échange d'une amnistie, et rejeté l'idée d'un gouvernement de transition ainsi que toute discussion sur son départ. "Il n'y a rien dans notre Constitution qui s'appelle le gouvernement de transition".
Le vice-Premier ministre turc Simsek a déclaré que la priorité était de "trouver un règlement plus durable et contenir les organisations et activités terroristes. "Astana peut amorcer le début de ce processus de façon significative", a-t-il ajouté.
Lire aussi
Syrie : avec ou sans les Américains à Astana ?
Les factions de l’opposition syrienne, entre optimisme et pessimisme face à une solution politique
Les assiégés de Deir ez-Zor terrifiés par l’assaut de l’EI
Dans la Syrie en guerre, la solitude grandissante des personnes âgées
Après la mort d’un négociateur, Wadi Barada s’embrase à nouveau
Moscou et Ankara d’accord pour « coordonner » leurs frappes en Syrie
« Une guerre totale entre les Kurdes et Assad est peu probable »
Ces déclarations surprenantes semblent traduire une inflexion de la position de la Turquie au sujet de M. Assad, dans un contexte de...
commentaires (2)
HIER ENCORE ILS DISAIENT LE CONTRAIRE... LA POLITIQUE ARCHAIQUE SULTANIENNE...
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 52, le 20 janvier 2017