La Russie et la Turquie ont signé un accord spécifiant les mécanismes pour « coordonner » leurs frappes aériennes en Syrie lorsque les deux pays visent des « cibles terroristes », a annoncé hier le ministère russe de la Défense. Des délégations des deux pays, qui ont négocié le mois dernier un cessez-le-feu en Syrie, se sont rencontrées à Moscou hier pour des consultations sur la coopération dans la lutte contre le groupe État islamique (EI), a déclaré le ministère. « Le document définit les mécanismes de coordination et de coopération entre les aviations russe et turque lors des frappes contre des cibles terroristes de même que les actions entreprises par les parties pour empêcher des incidents lorsque des avions et des drones se trouvent dans l'espace aérien syrien », a-t-il indiqué.
Parallèlement, d'autres réunions devaient avoir lieu à Ankara et Moscou avec l'espoir de régler la crise de l'approvisionnement en eau de Damas, a indiqué hier l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui craint une « escalade militaire ». « Des réunions se tiennent à Ankara et probablement maintenant à Moscou aussi pour discuter cet aspect pour deux raisons : d'abord l'approvisionnement en eau à Damas est vital, et ensuite parce que s'il y a une escalade cela peut avoir un impact sur les discussions à Astana (prévues le 23 janvier) », a déclaré M. de Mistura, lors d'un point de presse à Genève. « L'information dont nous disposons est que cinq villages dans la région de Wadi ont trouvé un accord avec le gouvernement. C'est une bonne nouvelle », a annoncé M. de Mistura.
La localité de Wadi Barada fournit la majorité de l'eau potable de la capitale syrienne, mais en raison des combats, beaucoup de canalisations ont été détruites, entraînant des coupures d'eau pour des millions de personnes.
« Deux villages, en particulier celui où se trouve la source, n'ont pas trouvé d'accord pour le moment. Aussi, il y a un danger, un possible danger, un danger imminent que cela donne lieu à une escalade militaire », a ajouté l'envoyé spécial de l'ONU. Si Staffan de Mistura a estimé que le cessez-le-feu entré en vigueur dans le pays le 30 décembre « tenait largement », il a déploré un incident dans les villages de Foua et Kfarya (deux villages chiites, assiégés par les rebelles dans la province d'Idleb), expliquant que 23 bus et leurs chauffeurs syriens qui avaient été envoyés fin 2016 pour évacuer des civils « sont retenus (...) par les groupes armés ».
Attentat à Damas
Cependant, l'armée de l'air syrienne a mené hier des raids dans la province d'Alep tuant au moins six civils, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les six civils, dont quatre enfants, ont péri dans un raid du régime qui a touché tôt hier une maison du village de Babka situé dans l'ouest de la province septentrionale d'Alep. Le bilan pourrait s'alourdir, certains blessés étant grièvement touchés, selon l'OSDH.
Dans la province d'Idleb, au moins 22 jihadistes ont par ailleurs été tués au cours des dernières 24 heures par des frappes aériennes lancées par le régime ou par la coalition internationale antijihadistes, a annoncé cette ONG basée au Royaume-Uni. D'après l'Observatoire, la plupart des jihadistes tués à Idleb sont des combattants du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, exclu de la trêve).
Par ailleurs, une puissante explosion vraisemblablement provoquée par un kamikaze a fait au moins huit morts hier soir à Damas, selon la télévision publique syrienne. Dans une alerte, la télévision a déclaré que l'explosion pourrait avoir touché le quartier central de Kfar Sousa où sont installées certaines agences de sécurité du régime syrien.
Sanctions US
Sur un autre plan, les États-Unis ont pris hier pour la première fois des sanctions contre 18 hauts responsables du régime syrien à la lumière de l'usage d'armes chimiques par les forces de Bachar el-Assad, selon un communiqué de la Maison-Blanche. « L'usage d'armes chimiques par le régime syrien contre son propre peuple est un acte odieux qui viole la pratique établie de longue date dans le monde entier de ne pas fabriquer ou utiliser d'armes chimiques », a déclaré Adam J. Szubin, chargé de la lutte contre le financement du terrorisme au Trésor américain. La liste, compilée par le Trésor, comporte des officiers de haut rang ainsi que des responsables d'un centre de recherche.
(Sources : agences)