Un réseau international de blanchiment d'argent qui aurait traité en quatre ans plus de 400 millions d'euros issus principalement du trafic de drogue a été démantelé et une cinquantaine de personnes identifiées en France en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne, au Maroc et aux Émirats arabes unis.
"C'est une affaire hors normes. On touche aux strates les plus élevées de la traduction économique du trafic de stupéfiants", a dit mardi à la presse le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux.
Après un an d'enquête, plusieurs centaines de policiers et de gendarmes sont intervenus la semaine dernière en France, en Belgique, aux Pays-Bas et au Maroc. Les gendarmes ont notamment saisi 943.000 euros en liquide à Besançon (Doubs), une somme présentée par Xavier Tarabeux comme les "bénéfices d'une quinzaine de jours de trafic de stupéfiants dans la ville".
Les gendarmes ont surtout interpellé celui qui est considéré comme le "principal collecteur" du réseau, qu'ils soupçonnent d'avoir réalisé une centaine de transferts de fonds pour une somme totale estimée à 61 millions d'euros. "C'est l'argent qui vient de la drogue, avec la mise en place d'un dispositif de collecteurs et de mouvements financiers qui permettent de faire transiter l'argent liquide entre les pays sans laisser de trace", a résumé le procureur de Marseille.
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Une affaire d'une énorme ampleur
Les sommes collectées dans un pays étaient, à travers un "mécanisme compensatoire", versées dans un autre pays, un "dispositif axé sur le numéraire et la confiance entre interlocuteurs" selon le général de gendarmerie David Galtier.
Les enquêteurs belges ont trouvé 2,5 millions d'euros en liquide sous le plancher d'une cave près de Bruxelles. A Paris, les remises de fonds se faisaient dans une épicerie par laquelle aurait transité plus de 10 millions d'euros.
"On est sur de multiples remises d'argent. A ce stade de l'enquête, on a pu tracer 7,5 millions d'euros en France entre les mois d'avril et de novembre 2016", a dit Xavier Tarabeux.
Le magistrat a précisé que les investigations portaient, au niveau international, sur 400 millions d'euros de blanchiment au cours des quatre dernières années.
En France, 18 personnes ont été écroués et trois mandats d'arrêts internationaux ont été délivrés, notamment à l'encontre de la tête pensante présumée du réseau localisée au Maroc.
"En 16 ans d'activités, je n'en ai jamais rencontré une autre affaire d'une telle ampleur", a affirmé Pedro Felicio, chef de l'unité anti-blanchiment d'Europol, organisme européen chargé de faciliter l'échange de renseignements entre polices. Il estime que c'est un "coup dur" porté aux organisations criminelles sur le territoire de l'Union européenne. "La seule façon de faire mal à ces groupes est de saisir leurs avoirs. Les enquêtes financières sont une priorité pour l'UE", a-t-il dit, précisant que seulement 2,2% des liquidités criminelles sont réellement saisies chaque année.
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