Le ministre qatari des Affaires étrangères, cheik Mohammad Ben Abderrahmane al-Thani à Doha, au Qatar, le 26 novembre 2016. REUTERS/Naseem Zeitoon
Le Qatar continuera à armer la rébellion syrienne même si Donald Trump met fin à la participation des Etats-Unis aux efforts internationaux en faveur des insurgés, a déclaré samedi soir le ministre qatari des Affaires étrangères dans une interview à Reuters.
Cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani a toutefois souligné que le riche Etat du Golfe ne comptait pas prendre seul l'initiative de fournir aux rebelles des missiles anti-aériens tirés à l'épaule ("Manpad") afin de se défendre contre les aviations syrienne et russe. Une telle décision, a-t-il souligné, devra être prise collectivement.
La perspective de fournir de telles armes aux insurgés inquiète les Etats-Unis, qui redoutent que ces missiles ne tombent entre les mains de groupes djihadistes et ne soient utilisés contre des avions de ligne occidentaux.
Le Qatar est l'un des premiers soutiens de la rébellion anti-Assad. Il collabore avec les pays occidentaux, l'Arabie saoudite et la Turquie à un programme supervisé par la CIA pour fournir aux groupes rebelles dits "modérés" des armes et un entraînement. "Cette aide va se poursuivre, nous n'allons pas l'interrompre. Même si Alep tombe, nous ne renoncerons pas aux exigences du peuple syrien", a déclaré le chef de la diplomatie qatarie.
L'armée syrienne a annoncé samedi la prise d'un quartier d'Alep-Est, la partie d'Alep contrôlée par les rebelles. "Même si le régime capture (Alep), je suis sûr que (les rebelles) auront la capacité de la reprendre au régime (...). Nous avons besoin de plus de soutien militaire, oui, mais ce qui est encore plus important, c'est d'arrêter les bombardements et de créer des zones sûres pour les civils."
(Lire aussi : Le régime syrien dit avoir repris aux rebelles un quartier clé d'Alep)
Assad "carburant de Daech"
Cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani a déclaré que Bachar el-Assad était "le carburant de Daech", employant l'acronyme arabe de l'Etat islamique, et estimé que le président syrien n'avait rien fait pour combattre le groupe djihadiste.
Lors de sa campagne, Donald Trump a laissé entendre que les Etats-Unis pourraient cesser de soutenir les rebelles anti-Assad, préférant concentrer leurs efforts sur la lutte contre l'EI, suggérant même qu'il pourrait coopérer avec Moscou dans cette optique. Dans une interview publiée récemment, Bachar el-Assad a déclaré que le président élu américain serait un "allié naturel" s'il décidait de "combattre les terroristes".
"Nous souhaitons avoir les Etats-Unis à nos côtés, ils sont notre allié historique", a déclaré le ministre qatari. "Mais s'ils veulent changer d'avis, allons-nous changer de position ? Pour nous, au Qatar en tout cas, nous n'allons pas changer de position. Notre position est basée sur nos principes, nos valeurs et notre évaluation de la situation là-bas."
Cheikh Mohammad a estimé que Donald Trump pourrait changer d'opinion une fois au pouvoir en se rendant compte, grâce aux services de renseignement, de la "réalité" sur le terrain.
La réalité, a-t-il dit, est que la violence des forces pro-Assad ne fait qu'alimenter les groupes extrémistes. "Si nous ne nous attaquons pas à la cause de tout ceci (..), nous aurons un autre groupe extrémiste, encore plus extrême et plus brutal (que l'EI)", a-t-il dit.
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Le Qatar continuera à armer la rébellion syrienne même si Donald Trump met fin à la participation des Etats-Unis aux efforts internationaux en faveur des insurgés, a déclaré samedi soir le ministre qatari des Affaires étrangères dans une interview à Reuters.
Cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani a toutefois souligné que le riche Etat du Golfe ne comptait pas prendre seul...
commentaires (6)
LES REBELLES... OUI ! MAIS... QUI FINANCE LES TARES ?
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 10, le 28 novembre 2016