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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le tandem Trump-Bannon rend Breitbart incontournable

Le site d'extrême droite, devenu l'un des plus visités aux USA, devrait bientôt ouvrir des antennes en France et en Allemagne.

Le directeur de Breitbart, Stephen Bannon, quittant la Trump Tower à New York, le 11 novembre. Carlo Allegri/Reuters

La première interview du président élu, Donald Trump, à la chaîne CBS, dimanche dernier, a hypnotisé des millions d'Américains. Une nouvelle facette de sa personnalité a été révélée, le montrant pondéré, précis, concis, direct, spontané et politiquement correct. C'était l'image d'un leader de ce monde en changement.

Néanmoins, une semaine après son élection, les rues des grandes villes américaines restent envahies par des dizaines de milliers de manifestants anti-Trump, rassemblements parfois ponctués d'actes violents. À leur désavantage : le manque d'intérêt des médias.

Les Américains ont fini par laisser derrière eux les élections. L'ère Trump a commencé et les manifestations ont perdu de leur pertinence. Le temps est à l'ajustement. Le géant Apple a même envoyé à ses centaines de milliers d'employés une circulaire les priant de ne plus aborder la question des élections, entre eux ou avec les clients. La célèbre chaîne de café Starbucks a fait de même. Le New York Times, qui a ouvertement soutenu Hillary Clinton durant la campagne, a publié une lettre, cosignée par son propriétaire et son rédacteur en chef, et envoyée à ses journalistes et autres employés, annonçant que sa politique et sa couverture seront, dorénavant, « réorientées » et « honnêtes ».

Il n'en reste pas moins que Donald Trump, clair quant à ce qu'il entend représenter, a suscité des divisions persistantes. En début de semaine, le milliardaire George Soros a ainsi formé un front d'opposition à M. Trump, composé de richissimes donateurs. Le président élu, lui, devrait l'affronter avec un bouclier de taille qui n'est autre que le site d'information ultraconservateur Breitbart, dont il vient de faire de son directeur, Stephen Bannon, son haut conseiller et le chef de stratégie à la Maison-Blanche. Selon un observateur de la présidentielle américaine, Bannon, très actif durant la campagne du candidat républicain, « est à l'origine de sa politique d'attaque, tous azimuts, car la colère qu'elle provoque est toujours gagnante ».

 

(Lire aussi : La victoire de Trump a-t-elle libéré les démons en Amérique?)

 

Droites européennes
Par ailleurs, selon la presse mondiale, la victoire de Trump a dynamisé les forces d'extrême droite et les « alt-right » (les droites alternatives), en Europe notamment, et qui, à l'instar de Donald Trump, se veulent une représentation du nationalisme contre le globalisme. Le premier politicien européen à rencontrer le président élu américain était d'ailleurs le Britannique Nigel Farage, l'un des architectes majeurs du Brexit.

Pour le président élu et Stephen Bannon, considérés par des proches comme « des jumeaux idéologiques », l'actuel timing est parfait pour traverser l'Atlantique. Une version française et une allemande de Breitbart ont même été annoncées il y a deux jours. Cela tombe à point nommé pour le Front national et Marine le Pen, en pleines primaires françaises, et qui pourraient, d'après un observateur anonyme à Washington, « refaire ce qu'il a fait ici, c'est-à-dire déboussoler la presse conventionnelle ». Cette même prédiction vaut pour le NPD allemand, opposé à la chancelière Angela Merkel et pro-nazi, et ses alliés, pour les élections législatives, prévues en 2017.

Arrêt sur Stephen Bannon, personnage controversé et qui va occuper une position-clé dans l'administration Trump. Âgé de 63 ans, il est titulaire d'une maîtrise en études de sécurité nationale obtenue à l'université de Georgetown et d'un MBA avec distinction de la Harvard Business School. À son actif, une carrière à multiples facettes (officier de marine, banquier, producteur à Hollywood) qui sera couronnée par sa prise en charge, en 2012, du site ultraconservateur, Breibart ; à l'époque, il avait promis d'en faire le « Huffington Post de la droite ». Ce qu'il a réussi à faire, en étendant son réseau à plusieurs États, faisant augmenter le nombre des visiteurs du site de 3 millions à 17 millions minimum, en en faisant le site Web le plus lu aux États-Unis. Sa montée en flèche est surtout due à plusieurs interviews menées avec Donald Trump, qui était souvent l'invité du talkshow de Stephen Bannon, signe révélateur de la popularité de Trump et de son message anti-establishment et isolationniste.

Ce point a d'ailleurs été relevé hier par le président sortant Barack Obama en visite en Grèce, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre Alexis Tsipras. « Nous devons nous prémunir, a-t-il dit, contre la montée d'une sorte de brutal nationalisme, ou d'une identité ethnique et tribale qui se bâtit autour de nous », avant de souligner que le président élu avait réussi à capitaliser sur « la méfiance vis-à-vis de la mondialisation, la méfiance vis-à-vis des élites et des institutions ».

 

 

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