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Liban - Coopération

À Nabatiyé, un « rêve » devenu réalité ne fait pas l’unanimité

Un important marché de fruits et de légumes en gros a été inauguré hier. Le projet a été cofinancé par le Pnud, la municipalité et le ministère de l'Agriculture.

M. Lazzarini inspectant des caisses de tomates.

Le premier marché de légumes et de fruits en gros de Nabatiyé a été inauguré hier, en présence notamment du ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, de Philippe Lazzarini et Luca Renda, respectivement représentant permanent et directeur du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Liban.
Ce projet est le fruit d'une coopération entre la municipalité de Nabatiyé, le ministère de l'Agriculture et le Pnud à travers le Fonds libanais pour la reconstruction, créé après la guerre de juillet 2006.

« Avoir un marché de gros pour les produits agricoles a toujours été un rêve pour nous, depuis plus de 25 ans », souligne dans un entretien avec L'Orient-Le Jour Abbas Wehbé, membre du conseil municipal de Nabatiyé. « Cela nous a pris bien du temps pour réaliser ce rêve. Il restait de l'argent dans le Fonds libanais pour la reconstruction. Une somme nous a été allouée il y a trois ans », dit-il.

C'est grâce au Fonds libanais pour la reconstruction, alimenté par la communauté internationale et géré par le Pnud, que de nombreux projets ont vu le jour après la guerre de 2006. Cette caisse dispose encore de fonds qui sont utilisés actuellement dans la mise en place de projets de développement durable.
« La municipalité de Nabatiyé a versé la somme de 600 000 dollars, le ministère de l'Agriculture a contribué avec 230 000 dollars et le Pnud, à travers le Fonds de la reconstruction, a assuré 850 000 dollars», explique de son côté Hussein Nasrallah, responsable des projets du Pnud pour le Liban-Sud.

Construit sur une superficie de 1 300 mètres carrés, ce marché devrait bénéficier à plus de 400 000 personnes. Inauguré hier, il devrait abriter une soixantaine de grossistes qui vendent pour toute la région fruits et légumes. Il devrait accueillir également des coopératives agricoles et agroalimentaires de tout le caza. Plus tard, un système de réfrigération qui bénéficiera à tous les agriculteurs sera aménagé. L'espace compte également des bureaux qui abriteront un délégué du ministère de l'Agriculture et qui pourra, selon la municipalité de Nabatiyé, être à l'écoute des agriculteurs de la région.

« Les agriculteurs et les marchands de légumes et de fruits en gros de Nabatiyé n'ont jamais bénéficié d'un marché qui leur soit propre. Ils étaient obligés d'aller à Tyr, Saïda ou Beyrouth pour écouler leurs marchandises », souligne, de son côté, le président du conseil municipal de Nabatiyé et président de la fédération des municipalités de Beaufort, Mohammad Jaber.
Hier, ce grand marché de Nabatiyé n'était pas encore complètement opérationnel. La plupart des rideaux des magasins étaient encore baissés et seule une poignée de grossistes étaient là. Tous n'étaient pourtant pas satisfaits.

Ali Dakdouk a emménagé il y a juste une semaine. Il vendait auparavant sa marchandise dans un magasin de la rue principale de Nabatiyé. « C'est mieux d'avoir un marché qui nous est propre. Ici, les clients disposent de parkings, c'est plus propre, bien aménagé. C'est un peu excentré pourtant, et il faut du temps pour que la clientèle s'habitue aux lieux. De plus, auparavant, sur la route principale, il y avait tous ceux qui passaient par Nabatiyé pour se rendre à d'autres endroits du Liban-Sud, s'arrêtaient chez nous et achetaient de la marchandise. Je ne sais pas si à l'avenir ils feront le détour », dit-il.

Mohammad Bitar, qui parle français avec un accent africain, raconte : « Cela fait deux mois que je suis au Liban. J'ai vécu 45 ans au Gabon. D'ailleurs, je détiens la nationalité gabonaise. Je suis rentré parce que mon frère, Nawaf, qui était l'un des plus importants grossistes de Nabatiyé, est décédé et je ne veux pas que les gens oublient son nom. J'ai donc décidé de prendre la relève. » Mais Mohammad Bitar, qui n'est pas content du contrat qu'il a signé pour l'exploitation de l'espace à l'intérieur du marché, ne mâche pas ses mots : « Le marché est vide actuellement et nous payons les locaux à plein prix. C'est un contrat qui permet à la municipalité de nous mettre à la porte quand elle le désire. C'est-à-dire que si nous ne prêtons pas allégeance au Hezbollah ou au mouvement Amal, nous pouvons être cavalièrement congédiés. Je ne sais pas si les choses se passeront bien pour moi. En cas de problème, je rentrerai au Gabon. »

Lors de l'inauguration, le ministre de l'Industrie a mis l'accent sur le rôle joué par le Hezbollah au Liban et au Moyen-Orient. Quant au représentant du Pnud, il a insisté sur le soutien qui devrait être accordé aux communautés les plus pauvres du pays, notamment les agriculteurs. « La priorité est donnée aux communautés hôtes qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés syriens. Dans ce cadre, 250 villages libanais reçoivent 80 % des réfugiés et ils sont situés dans le Akkar et dans la Békaa. Cela n'empêche pas le Pnud d'exécuter et de parrainer d'autres projets dans diverses régions du pays. Au Liban-Sud, des projets avec les municipalités sont mis en place et un important projet d'irrigation a vu le jour », a poursuivi M. Lazzarini. Ce dernier projet établi à Kfar Remmane profite à plusieurs villages du caza.

 

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