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À La Une - Conflit

Washington et Moscou se renvoient la responsabilité de l'échec de la trêve en Syrie

Kerry et Lavrov promettent quand même de poursuivre leur dialogue pour chercher une issue à une guerre.

 

Les États-Unis et la Russie se sont montrés incapables cette semaine de sauver le cessez-feu en Syrie en se renvoyant à la figure la responsabilité de ce naufrage diplomatique. AFP / KARAM AL-MASRI

Les États-Unis et la Russie se sont montrés incapables cette semaine de sauver le cessez-feu en Syrie en se renvoyant à la figure la responsabilité de ce naufrage diplomatique.

Toutefois, les ministres des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, dont l'escalade verbale acrimonieuse a rythmé l'Assemblée générale de l'Onu, ont promis de poursuivre leur dialogue pour chercher une issue à une guerre qui a tué plus de 300.000 personnes en cinq ans et provoqué la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

La trêve des combats, qui a volé en éclats lundi après avoir été péniblement imposée début septembre par MM. Kerry et Lavrov, "n'a pas de raison d'être" si l'opposition armée syrienne ne se démarque pas de groupes jihadistes "terroristes", a attaqué vendredi le ministre russe, lors d'une conférence de presse.

C'est l'argument massue de Moscou qui exige de Washington que les rebelles modérés coupent les ponts sur le terrain avec le groupe al-Nosra, anciennement affilié à el-Qaëda et qui s'est rebaptisé Fateh al-Cham.
Car sur le théâtre de guerre, ce groupe extrémiste particulièrement affûté contre l'armée de Damas, est imbriqué avec des organisations moins radicales, que l'aviation syrienne, épaulée par les forces russes, bombarde sans relâche.

"Fermer les yeux sur le fait qu'al-Nosra dissimule ses positions en se mêlant aux groupes modérés, et par conséquent ne pas les frapper, n'est pas ce sur quoi nous étions tombés d'accord", a accusé M. Lavrov, en référence à l'accord de Genève qu'il avait signé le 9 septembre avec M. Kerry.

Le chef de la diplomatie russe, réputé être un redoutable négociateur, a mis en demeure "la coalition" militaire conduite par Washington d'apporter la preuve qu'elle "a de l'influence sur ceux qui sont sur le terrain", c'est à dire les groupes d'opposition.

"Je ne crois pas que ce soit trop demander", a plastronné M. Lavrov en promettant alors "un cessez-le-feu pour toujours".

 

(Lire aussi : Alep, le principal champ de bataille de la guerre en Syrie)

 

Cessez-le-feu pour toujours

John Kerry porte à bout de bras depuis des mois ce qu'il reste d'espoirs diplomatiques sur la Syrie et veut coûte que coûte maintenir le dialogue avec M. Lavrov. Vendredi, il était comme sonné. Il a revu pour une énième fois M. Lavrov et s'est borné à faire état de "petites avancées". "Nous examinons certaines idées communes de manière constructive, point", a dit du bout des lèvres le ministre américain, qui affiche d'habitude sa complicité avec son homologue russe mais avec qui le ton est monté toute la semaine à l'Onu.

Jeudi soir, après un échec diplomatique patent du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS, 23 pays et organisations internationales) réuni à New York, M. Kerry avait exhorté Moscou à faire preuve de "sérieux" pour relancer la trêve, forcer Damas à clouer au sol son aviation qui bombarde l'opposition et les populations civiles.
Car vendredi à Alep (nord), un déluge de feu s'est abattu sur les quartiers rebelles, des raids syriens et russes d'une violence inouïe, prélude à une opération terrestre contre cette partie de la ville stratégique en vue d'une victoire militaire du régime.

 

(Lire aussi : « J'en veux à tous ceux qui laissent les Alépins face à une mort certaine »)

 

Devant le Conseil de sécurité mercredi, John Kerry s'était montré plus offensif, laissant éclater une colère froide contre Moscou, "responsable" d'un raid meurtrier lundi contre un convoi humanitaire de l'Onu.
Dans une ambiance de plomb, il s'était moqué de M. Lavrov vivant dans "un univers parallèle" et il avait fustigé l'armée du président Bachar el-Assad "qui bombarde des hôpitaux et largue du chlore encore et encore et encore et encore, en toute impunité".

A la tribune de l'Onu vendredi, le chef de la diplomatie russe, représentant le président Vladimir Poutine, s'est payé le luxe d'assurer qu'il n'y avait "pas d'alternative" au processus diplomatique parrainé par Moscou et Washington. Il est "essentiel" de préserver ce dialogue car il n'y a "pas de solution militaire" en Syrie, a même affirmé Sergueï Lavrov, reprenant un mantra de John Kerry.
Mais pour leur homologue français Jean-Marc Ayrault, dont le gouvernement soutient avec force l'opposition syrienne, "la coopération américano-russe a atteint ses limites". A ses yeux, "il est temps de passer à une approche plus collective".

 

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