Yes, yes and yes. Parce qu'elle a dit oui à toutes les interventions américaines depuis celle, en 1999, contre Slobodan Milosevic en Serbie, puis contre Saddam Hussein (2003) et Mouammar Kadhafi (2011), la candidate démocrate à l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton, s'est forgé au fil des ans une réputation de « va-t-en-guerre ». En novembre 2008, une semaine après que les premières rumeurs ont circulé sur sa nomination à la tête du département d'État des États-Unis par Barack Obama, l'hebdomadaire américain proche des conservateurs, The Weekly Standard, la décrivait déjà comme une « reine guerrière », « plus proche de Margaret Thatcher que de (la féministe) Gloria Steinem ».
Investie la semaine dernière par le Parti démocrate dans la course à la Maison-Blanche, Hillary Clinton aurait mis en tête de liste de ses priorités, si jamais elle venait à l'emporter, un changement de stratégie politique complet en Syrie. La semaine dernière, l'un de ses conseillers en politique étrangère, Jeremy Bash, a déclaré au Telegraph qu'elle allait chercher à mettre fin au « régime meurtrier de Bachar el-Assad ». Fervente partisane d'une intervention musclée contre celui qu'elle a toujours qualifié d'« assassin », Hillary Clinton n'a jamais digéré le fait de « n'avoir pas réussi à convaincre Obama », confie un haut diplomate arabe contacté par L'Orient-Le Jour. « Elle aurait souhaité que les États-Unis contribuent à détrôner Assad le plus tôt possible », poursuit-il.
(Lire aussi : Alep : pourquoi les Américains ont décidé de ne pas bouger)
Même combat
En août 2013, M. Obama avait refusé de frapper la Syrie, alors que la ligne rouge qu'il avait lui-même fixée avait été franchie, après que le régime eut utilisé des armes chimiques, ce qui avait profondément irrité Mme Clinton qui « met sur un pied d'égalité le combat contre le groupe État islamique et celui contre Assad », soulève le diplomate.
Durant la course à l'élection présidentielle, Hillary Clinton a préféré ne pas désavouer ouvertement le président. « Sur la plupart des sujets, elle essaie de coller au plus près à l'héritage d'Obama pour profiter de sa popularité qui demeure très forte aux USA, à plus de 52 % en fin de mandat. La seule question sur laquelle elle a marqué à plusieurs fois ouvertement sa différence est précisément la question syrienne », précise Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
En cas de victoire, ce qui selon les derniers sondages semble plutôt bien amorcé, Hillary Clinton semble décidée à infléchir la politique américaine sur la Syrie. Mais à mesure que le temps passe, sa marge de manœuvre se rétrécit. Pour le diplomate arabe, si un changement de politique est très probable, cela ne pourra se faire de manière rapide, suite à son intronisation. Si une fermeté certaine viendrait à émaner de la probable future présidente des États-Unis, « cette posture de "faucon" ne se traduira pas forcément par des prises de risque inconsidérées », estime pour sa part Karim Bitar. Après les interventions désastreuses en Irak, puis en Libye, auxquelles Hillary Clinton était favorable, cette dernière a notamment « pris conscience du fait que l'opinion publique américaine est devenue réticente aux expéditions militaires hasardeuses au Moyen-Orient », estime le chercheur. Mme Clinton tentera d'établir une no-fly zone, ainsi que la possibilité de lancer des attaques ciblées sur le terrain syrien, comme elle l'a notamment exprimé le 15 avril 2016 lors du débat démocrate télévisé à New York, face à Bernie Sanders : « Je soutiens toujours une zone d'exclusion aérienne, car je pense que nous devons mettre en lieux sûrs ces pauvre Syriens qui fuient Assad et l'EI (...). » Ce plan a notamment été critiqué par les proches d'Obama, comme ne permettant absolument pas de « régler le problème ».
(Lire aussi : La présidentielle US gèle les perspectives en Syrie, estime Naïm Kassem)
Alliance circonstancielle
Si elle tente de rectifier le tir sur le dossier syrien, Hillary Clinton devra se confronter à deux acteurs incontournables, principaux alliées de Damas, la Russie, d'une part, et l'Iran, de l'autre, qui sont pour l'instant en position de force sur ce dossier. Si Washington et Moscou ont pour l'heure quelque peu accordé leurs violons, après un accord de coopération militaire en Syrie contre les groupes jihadistes, conclu en juillet, cette alliance circonstancielle pourrait faire long feu. « Je crois que les Russes sont en train de prendre les devants. Les Américains suivent bon gré mal gré, expriment parfois une réserve ou une critique, mais ne se donnent pas les moyens de proposer aux Russes une alternative et n'exercent pas de pression sur eux », explique le diplomate arabe. Avant d'ajouter : « Cela risque de changer » si Hillary Clinton investit la Maison-Blanche car « celle-ci est favorable à une politique de confrontation, si ce n'est de pression sur les uns et les autres ».
Une victoire de Hillary Clinton est l'un des derniers espoirs de l'opposition pour obtenir le départ de Bachar el-Assad. Mais, même si celle-ci est élue, elle devra gérer un Moyen-Orient en pleine décomposition et rassurer ses alliés historiques. Si les États-Unis se sont quelque peu désinvestis du Moyen-Orient, « l'une des priorités » de la possible présidente américaine « sera de reconsolider les liens historiques des États-Unis avec leurs alliés saoudiens et israéliens, alors que Barack Obama est le premier président à avoir pris un minimum de distance avec ces deux pays. La position définitive d'Hillary Clinton sur la question syrienne tiendra également compte des intérêts et des positions de ces deux pays », conclut Karim Bitar.
Pour mémoire
Washington bat le rappel de sa coalition anti-EI sous pression des attentats
« Même en cas d’accord russo-US, il faudra encore pas mal de négociations pour son application »
LA DONNE CHANGE DEJA ! APRES SIX MOIS CE SERA POUR LES PRETENDUS MOUMANA3ISTES FANATIQUES ET RACISTES : HOUNALIKA AL BOUKAOU WA SARIROU AL ASNANI... HAHAHA
12 h 57, le 08 août 2016